Ysilthan, le Fou de l’Ymsur
Carte(s) Supplémentaire(s) Rackham :
Rooted Profile
Rooted Profile
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FOR/TIR
Portée
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1 Figurine par Carte
Concept : Edouard Guiton
Sculpture : Benoît Cosse
Profil : Rackham
Socle : Infanterie 3 Cm
Taille Unité : Petite
Classe :
Rang : Championne Dévot 1 Régulier
Affiliation : Colonie Ephorath
Date de Sortie : Octobre 2003
(Boîte – La Colonie d’Ephorath)
Équipement(s) :
–
Compétence(s) :
Possédé, Thaumaturge, Moine-Guerrier, Dévot de Mid-Nor/ 10
(Artefact/ 1, Coup de Maître/ 0, Enchainement/ 1, Contre-Attaque/ 2)
Compétence(s) Spéciale(s) :
Le Diacre Maudit.
Les miracles réservé a Ysilthan ne compte pas dans sa limite de miracles.
Avant chaque jet de Tactique, le Diacre maudit peut sacrifier un à trois point(s) de F.T. pour raffermir le lien qui l’unit a Ephorath. Il bénéficie alors de la compétence Commandement/ X jusqu’à la fin du tour. La portée de celle-ci en centimètres est égale à la F.T. sacrifiée multipliée par 5.
La Colonie Ephorath.
Lorsque la Colonie Ephorath est au complet , l’esprit d’Ephorath lui-même se manifeste chez ses dévoués serviteurs. Au début de la partie, avant le jet de Tactique, désignez n’importe quel membre du clan comme hôte de l’esprit. Par la suite, avant chaque nouveau Jet de Tactique, l’esprit pourra soit demeurer avec son hôte actuel, soit prendre possession d’un autre combattant du clan situé à 10 cm ou moins de celui-ci. Tant que l’hôte se trouve sous l’emprise de l’esprit d’Ephorath, ses valeurs d’INI, d’ATT, de FOR, de DEF et de RES sont augmentées de 1 point. Si l’hôte est tué, l’esprit rejoint immédiatement une autre figurine de la Colonie Ephorath ( au choix du joueur Mid-Nor ) située à 10 cm ou moins de son porteur actuel. Si aucun hôte potentiel ne se trouve à portée, l’esprit désincarné quitte définitivement le champ de bataille pour rejoindre les Royaumes Ténébreux.
Pour que la Colonie Ephorath soit au complet l’armée doit inclure les figurines suivantes dans ses rangs : Yh-Karas, Ezalyth, Ysilthan, un Cavalier de la Ruine, une Tour de la Désolation et quatre Ecorcheurs.
Artefact(s) :
Miracle(s) :
Diagonale du Fou
Gambit des Poupées
Grand Roque
Background :
Le Diacre Maudit.
Il fut un temps où celui que l’on surnomme le Diacre Maudit était un Fidèle aimé de son peuple. Il fut un temps où ce Nain était l’un des principaux messager des dieux de Tir-Nâ-Bor sur Aarklash. Il fut un temps où sa route croisa celle d’un Nain de Mid-Nor nommé Yh-Karas et où ils devinrent ennemis mortels. La foi du Fidèle fut soufflée par la puissance surnaturelle d’Ephorath.
Le Despote en personne insuffla sa volonté dans le corps meurtri de ce Nain autrefois paré de vertu. Il fit de lui son Diacre, son missionnaire auprès de tous les peuples d’Aarklash.
Gambit des Poupées.
Impassible face au Troll Noir qui se frayait un chemin jusqu’à lui, Ysilthan fit signe aux Sentinelles qui l’accompagnaient de ne pas bouger, l’un de ses gardiens chancela soudain, comme frappé par la foudre venue des Gouffres, et le Diacre fit un pas en direction de la créature.
Grand Roque.
Ysilthan, messager occulte des Gouffres est capable de focaliser la volonté diffuse de l’Ymsur à travers sa propre conscience : l’œil du Despote s’ouvre alors sur sa malheureuse victime…
Alliance Démoniaque.
Une silhoute émergea soudain de la fumée âcre et opaque : celle d’Ysilthan, déterminé à prendre une revanche sanglante.
Les Pions du Despote.
“Béni soit celui qui égorge son frère…”
-Ysilthan, le Fou de l’Ymsur.
La Trinité des Gouffres.
Acte I : Le Secret du Temple.
À l’origine du monde un guerre divine a précipité de nombreux immortels des Empires d’Eternité jusque dans les recoins les plus inaccessibles d’Aarklash. La légende prétend que la majorité de ces être a disparu, victimes de leur déchéance, de la malédiction du Temps ou des héros des ages anciens. Mais une poignée des Immortels bannis a survécu aux ravages des siècles. Les plus puissants ont marque l’histoire du continent et les autre dorment en attendant le jour de leur revanche…
Le Despote cherche depuis fort longtemps à éveiller ces puissances primordiales. Parmi elle se trouvent trois démons à la puissance légendaire: Ephorath, Elzavid et Eszorid. La Trinité des Gouffres! Ephorath fut l’un des premiers démons majeurs à être éveillé par le Despote. Il règne sur la colonie qui porte son nom mais ne peut pas se manifester tant que la trinité n’aura pas été réunie. Yh-Karas est son émissaire au sein des hordes de Mid-Nor. Elzavid, sa soeur, est à l’origine du mystère qui enoure le fort des Dévoyés, dans le Puy Oriental des Vallons d’Acier. Affaiblie elle a rejoint Ephorath en prenant possession d’Ezalyth. Le dernier, Eszorid a presque succombé aux affres de sa déchéance. Seuls les deux autres membres de la Trinité ont encore une chance de l’éveiller, mais le lieu de sa réclusion n’est mentionné que dans un antique ouvrage, le Livre de Vedath, dont la trace a été perdue depuis des siècles… et retrouvée depuis peu. Même les secrets les mieux gardés n’ont qu’un temps!
Acte II : Le Refuge du Mal.
Le Livre de Vedath raconte comment, il y a plus d’un siècle, une expédition militaire menée par l’Akkylannie en direction du Syharhalna fut prise au sein d’une tempête et s’échoua sur une île des Crocs de Feu. Là, les croisés découvrirent une étrange population, vraisemblablement des pirates, entièrement vouée à l’adoration d’une divinité machiavélique. Toutes les tentatives de conversion à la Vérité de Mérin ayant échoué, les serviteurs du dieu unique prirent le parti d’exterminer les païens lorsqu’ils furent confrontés aux premiers manifestations de leur divinité. Par la suite, les Griffons érigèrent un monastère sur le principal autel de la divinité sanguinaire et l’affaire fut oubliée.. Mais pas par le Temple.
Les recherches occultes des Maîtres les menèrent à la conclusion que le dieu des Crocs du Feu était un Immortel trés puissant, si puissant que la ferveur des Enfants de Merin ne pouvait que l’affaiblir mais jamais le tuer… Eszorid
Jamais Ephorath et Elzavid n’ont été aussi proches du but qu’ils poursuivent depuis plusieurs vies d’hommes. Mais malgré leur impatience, ils savent que la partie n’est pas gagnée pour autant, car le Livre de Vedath fait mention d’un mystérieux gardien laissé par le Temple pour veiller sur le reliquiare maudit d’Eszorid.
Acte III : La Prison du Démon.
La Colonie d’Ephorath explore les souterrains du monastère Griffon et découvre les fondations de l’ancien temple. là, entouré de sa garde personnelle, les attend un homme dont l’antique armure porte les stigmates de décennies au service du Temple d’Akkylannie. Le mysterieux gardien n’est autre que le Chevalier Templier Vedath lui-même, dont Merin a préservé la vitalité pour qu’ils puisse poursuivre sans faillir la tâche dont il a été investi, l’homme est vieux, trés vieux, mais ni son bras ni sa foi n’accusent le poids du temps passé!
…
Yh-Karas et Ezalyth s’approchèrent de l’autel alors que leurs geurriers achevaient les blessés. Le Marionnettiste leur ordonna de pas trop abîmer les corps, ils auraient besoin de quelques organes… L’atmosphère devint soudain insoutenable, comme si une fureur trop longtemps contenue s’apprêtait à exploser. Les Possédés échangèrent un regard surpris. Que se passait-il? Le corps d’un Nain de Mid-Nor s’écrasa violemment sur le mur. Yh-karas vit Vedath se relever, nimbé d’un halo noir… Le Templier s’adressa aux Possédés dans leur propre langue dévoilant un peu plus l’étendue de son savoir. “Je ne vous laisserais pas libérer votre frère, créatures maudites. Puisque la pierre ne peut retenir plus longtemps la voloté endormie d’Eszorid, je lui offre une prison de chair. Puisse Merin me donner la force de retenir le démon!” Ysilthan allait se ruer sur le Templier couvert de blessures mais Ezalyth le retint d’un gest brusque. S’il le tuait, il avait de fortes chances de détruire Eszorid! Le visage de Vedath trahissait la terrible bataille qu’il menait pour garder le contrôle de ses actes. Même affaibli et enchainé, Eszorid demeurait un adversaire redoutable. Rendu plus fort et plus vigoureux par ce pouvoir qui n’était pas le sien, Vedath s’élença dans les profondeurs du temple… Un hurlement venu des limbes résonna dans les galeries souterraines.
Cry Havoc Nr. 14 Page 58-61.
La Quête d’Ysilthan.
L’épouse de Karas Poingdefer ne savait pas à qui se confier et ignorait comment retrouver les notes de son époux. Elle s’était rendue plusieurs fois à la bibliothèque, mais nulle part elle n’avait senti une odeur de violette… Six mois après le réveil d’Éphorath, sa route croisa celle d’un fidèle qui allait devenir son ami et son confident. Bien avant de devenir le fou de l’Ymsur, Ysilthan était un fidèle de Gheim. Un des dévots les plus intègres et les plus nobles que Tir-Nâ-Bor avait connu.
Sa foi sans faille lui avait apporté le respect de ses pairs. C’est donc assez naturellement que l’épouse de Karas se confia à lui. L’histoire des violettes faillit le faire mourir de rire. Elle faisait référence à une ancienne blague naine sur les Barhans et le parfum de leurs sous-vêtements.
Après quelques heures, le fidèle mit la main sur les notes de Poingdefer. Ysilthan commença immédiatement ses recherches, traquant la moindre information sur les mines et l’époque de leur abandon. Il recoupa ensuite ce qu’il avait apprit avec toutes les références aux démons. Sa vie venait de basculer, et ne serait plus jamais la même. Très vite, la bibliothèque de Fom-Nur montra ses limites et Ysilthan quitta la forteresse en promettant à l’épouse de Karas de la tenir informée
de ses découvertes. Durant les quinze années qui suivirent, Ysilthan visita les plus grandes bibliothèques d’Aarklash. Régulièrement, il écrivait des lettres à l’épouse de Poingdefer. Malheureusement, elle n’en reçut aucune. La pauvre n’avait pas survécu à l’accouchement. En revanche, le bébé était bien portant et fut baptisé Ézalyth, ce qui signifiait « espoir » dans l’ancien
dialecte de Gheim. Les courriers d’Ysilthan ne restèrent pas lettres mortes. Ils échouèrent entre les mains du conseil, et plus précisément des Chaudronniers. Plutôt que de s’inquiéter des révélations du dévot sur la trinité des Gouffres, les conspirateurs craignirent d’être découverts
et décidèrent d’agir à l’encontre de ce fidèle décidément gênant. Ysilthan était tellement absorbé par ses recherches qu’il abandonnait petit à petit sa charge et ses devoirs, si bien que les Chaudronniers n’eurent aucun mal à le déchoir de ses fonctions et de ses titres. Abandonné, mis au ban de sa société et de sa culture, Ysilthan devint sans le savoir un hôte parfait pour l’un des membres de la trinité des Gouffres : Eszorid, le Messie des égarés. Les efforts d’Ysilthan finirent par payer. À l’université de Kallienne, il découvrit les dernières pièces du puzzle dans un ouvrage intitulé Les Versets de la trinité, le livre saint d’une religion antérieure à l’ Hiver des batailles. Il racontait comment trois immortels démoniaques s’étaient alliés pour devenir la trinité des Gouffres, comment ils avaient soumis de nombreux peuples et comment ils en avaient décimé d’autres. Le texte donnait aussi les deux principaux lieux de culte de la trinité : la mine où tout
avait commencé (dédiée au Souverain des six aspects de la domination) et un piton rocheux au nord du Syharhalna, dans les vallons d’acier, lieu sacré des fidèles d’Elzavid, la Reine aux deux visages. Sans remords, Ysilthan détruisit l’ouvrage, mais le mal était fait. Détenteur de connaissances interdites, son esprit avait franchi une étape de plus vers la folie…
Le dévot déchu se rendit ensuite en Akkylannie pour y chercher d’autres informations sur le tombeau d’Elzavid. Totalement par hasard, il fit une autre découverte tout aussi capitale dans un journal de voyage, Le Livre de Vedath. Cet ouvrage racontait comment, un siècle plus tôt, une expédition akkylannienne à destination du Syharhalna avait été prise dans une tempête et s’était échouée sur une île des Crocs de feu. Le journal rapportait également que les croisés avaient rencontré une population « vouée à l’adoration d’une déité machiavélique » et qu’après une
brève tentative de conversion à la foi de Merin, les Akkylanniens avaient préféré éliminer les infidèles. Enfin, l’ouvrage racontait qu’un monastère avait été érigé sur le principal autel de la divinité sanguinaire et qu’un gardien avait été chargé par le Temple de veiller sur le reliquaire maudit d’Eszorid… Le combat d’Ysilthan n’était peut-être pas si désespéré, après tout, et ce fut avec un espoir renouvelé qu’il détruisit Le Livre de Vedath. Plutôt que de se rendre directement au tombeau d’Elzavid, Ysilthan retourna dans celui d’Éphorath. Il s’y était déjà rendu par deux fois, mais fort des nouvelles connaissances qu’il avait acquises, il espérait comprendre comment les immortels avaient été piégés et comment réitérer le processus. Malheureusement pour lui, ses premières visites n’avaient pas échappé à la vigilance du Despote et un détachement de Possédés
l’attendait de pied ferme. Le fidèle combattit de son mieux, mais comme souvent avec les nains de
Mid-Nor, le nombre fit la différence. Durant un mois, Ysilthan demeura entravé et bâillonné. Aucune nourriture ne lui fut donnée et aucune question ne lui fut posée. La raison de ce traitement était simple : le Despote avait conscience que seul Yh-Karas, ou plutôt Éphorath, pouvait poser les bonnes questions au fidèle. En outre, il craignait que lui faire rejoindre les rangs de son armée n’altère sa mémoire, comme cela se produisait régulièrement. Le Despote n’avait donc pas eu le choix ; il avait dû prévenir Éphorath. Un mois après l’emprisonnement d’Ysilthan,
Yh-Karas arriva enfin. La rencontre ne dura que six heures, mais ce furent les pires de la vie du fidèle. Yh-Karas l’interrogea, le tortura, le drogua, et le tortura à nouveau. Rien n’y fit, Ysilthan ne dit rien. Même la manifestation d’Éphorath ne brisa pas sa volonté. Excédés, les Possédés se retirèrent, laissant le dévot seul. Sans doute par excès de confiance, Yh-Karas avait commis une erreur durant l’interrogatoire : il avait détaché sa victime. Libre de ses mouvements, Ysilthan
pouvait à nouveau faire appel à ses litanies et n’eut aucun mal à s’enfuir. Sa joie de recouvrer la liberté fut de courte durée. Il se sentait épié et suivi par ses anciens geôliers. Il tenta de les semer, mais rien n’y fit. Leurs méthodes n’étaient pas naturelles. Le fidèle comprit que Yh-Karas l’avait laissé s’enfuir, espérant sans doute qu’il le conduirait aux tombeaux des autres immortels…
Bien entendu, Ysilthan aurait pu se contenter de rester sur place et d’attendre. Mais il n’était pas comme les Chaudronniers ; il savait qu’avec ou sans son aide, un jour ou l’autre, Éphorath retrouverait ses alliés. Les Versets de la trinité et Le Livre de Vedath qu’il avait trouvés et pris soin de détruire n’étaient que des copies… il en existait d’autres. Au cours des trois années qui suivirent, Ysilthan pria Gheim comme jamais il ne l’avait fait. Son dernier espoir était de trouver un moyen de chasser Éphorath du corps de Karas. En 998, il comprit comment faire. Désormais, il avait une chance de chasser le démon, voire de le détruire, mais il avait besoin d’aide. Il lui
fallait quelqu’un qui puisse faire réagir le vrai Karas, qui puisse l’aider à combattre. Une seule personne lui vint à l’esprit : l’enfant que Poingdefer n’avait jamais connu, Ézalyth.
Arrivé à Fom-Nur, Ysilthan ne mit pas longtemps à trouver la jeune femme. Après tout, elle était une Poingdefer et beaucoup connaissaient son nom. Il lui épargna le douloureux épisode de sa rencontre avec Karas, mais rien du reste : son premier affrontement avec les nains de Mid-Nor, sa fuite et son retour à Fom-Nur, sa traduction des symboles de la mine et la trahison du conseil. Il lui raconta tout ce qu’il avait découvert depuis, et le miracle qu’il espérait accomplir avec l’aide de Gheim. La jeune femme n’avait que quinze ans, mais elle avait déjà le tempérament des Poingdefer. Elle écouta attentivement le récit d’Ysilthan. Au fond des yeux du fidèle, là où tous auraient vu la folie, elle vit la lumière de la vérité. Son instinct l’incitait à faire confiance au vieux nain et à croire son récit. Ce dernier correspondait d’ailleurs aux visions qu’elle avait parfois. Son père était toujours vivant, elle le sentait. Son âme avait été malmenée, torturée, mais sa volonté était toujours intacte, ses efforts tendus vers un seul but : abattre une entité informe et plus noire que la nuit, un démon qui se faisait appeler Éphorath. Ysilthan et Ézalyth se mirent en route vers le tombeau d’Elzavid.
Les miracles du vieux fidèle leur permirent d’atteindre sans encombre le Syharhalna, puis les vallons d’acier. Ysilthan savait que les sbires d’ Éphorath arriveraient, au plus tard, le lendemain. Il ne fallait donc pas perdre de temps. Heureusement, le temple d’Elzavid avait été abandonné depuis des éons et les Syhars semblaient l’avoir évité comme la peste. En outre, le dévot avait mûrement réfléchi à son plan. Il avait apporté des explosifs pour piéger les lieux et tuer le plus possible de Possédés. Ensuite seulement, il s’occuperait d’Éphorath. Si son plan échouait, il
espérait que la destruction du tombeau ralentirait, voire empêcherait la libération d’Elzavid…
Sitôt parvenue au sommet du piton rocheux, la suite d’Éphorath pénétra dans les souterrains sous les ruines du Temple. Sur le coup, Ysilthan se dit que cela serait plus facile que prévu et il prépara ses explosifs, mais c’était sans compter sur le lien qui unissait Ézalyth à son père. Ce lien était un vestige d’un des nombreux pouvoirs de l’immortel et il avait la propriété de s’intensifier avec la proximité géographique. Si Éphorath chassa sans difficulté les images parasites que générait le lien, Elzavid, elle, les reçut de plein fouet. Lorsqu’elle vit Ysilthan armer les explosifs, son sang ne fit qu’un tour. Elle ressentait l’âme de son père au plus profond d’elle-même et
ne pouvait le laisser périr sous les décombres. Elle se leva et se précipita à la suite de la colonie.
La présence d’Elzavid était palpable. Une fois le sceau de protection brisé, il ne lui restait qu’à trouver un hôte… ce fut chose faite avec l’entrée d’Ézalyth dans les catacombes. La jeune femme sentit une ombre froide envahir son esprit. Elle tenta de résister, mais la puissance de son adversaire était trop grande. Sa volonté vacilla et Elzavid ouvrit les yeux. Éphorath sourit :
« Bienvenue, ma soeur ! Ou devrais-je dire ma fi … »
La Reine aux deux visages l’interrompit. Elle venait d’absorber la mémoire de son hôte et avait découvert quelque chose de très… agaçant.
« Le vieux renard ! Il a piégé les ruines. Sortons d’ici… »
Une première explosion couvrit la fin de sa phrase. Les quinze autres emportèrent les ruines. Les souterrains s’effondrèrent, écrasant les Possédés qui s’y trouvaient. Seuls Yh-Karas, Ézalyth et une poignée de moissonneurs privés de leurs ailes (Ecorcheur) parvinrent à sortir des souterrains. Éphorath était en rage :
« Je sais que tu es là. Allez, vieux fou, montre-toi ! »
Comme seul le silence lui répondit, il brandit son glaive et trancha les têtes des écorcheurs qui avaient survécu.
« Voilà, Ysilthan, il n’y a plus que nous maintenant. Avance tes dernières pièces, qu’on en finisse ! »
La réaction du dévot ne se fit pas attendre. Sortant à découvert, il entonna une litanie. Pour une fois, il partageait l’avis du démon : il était temps d’en finir. Il en appela à Gheim et à sa force. Le regard fixé sur la jeune Ézalyth, il sentit la présence d’Elzavid qui tentait de faire barrage. Usant de sa volonté comme on brandit une lance, il transperça l’immortelle et, brusquement, le regard de la jeune femme changea. Elle semblait sortir d’un long sommeil. Voyant les cadavres des écorcheurs autour d’elle, la jeune naine prit peur. Puis, elle entendit Ysilthan et une lueur
d’espoir apparut dans son regard. Le vieux fidèle comprit que son miracle avait fonctionné.
Le regard d’Yh-Karas allait d’Ysilthan à Ézalyth, ne saisissant pas ce qui se passait. Le dévot ne perdit pas un instant et se remit à psalmodier. Il lui fallait encore ramener Karas vers la lumière et cela promettait d’être plus difficile, car le guerrier était soumis au démon depuis de trop nombreuses années. Entre ses paupières mi-closes, Ysilthan vit Ézalyth se précipiter vers lui. Il était concentré, mais ne put s’empêcher de lui sourire. La joie l’envahissait, mais il savait qu’il ne fallait pas céder à l’euphorie, pas encore. Ézalyth lui rendit son sourire, mais ce sourire était un rictus carnassier, empli de haine et de folie. Le vieillard eut à peine le temps d’apercevoir l’éclat
métallique de la dague. Il était trop tard. La jeune femme plongea la lame entre les côtes du fidèle et perfora son poumon. D’un geste sec, elle la retira, puis l’enfonça à nouveau. L’ancien messager des dieux tomba à genoux, du sang jaillit de sa bouche tordue par la douleur et le désespoir… Il avait échoué. Il leva la tête vers le ciel et maudit Gheim de toutes ses forces avant de s’effondrer dans une mare de sang. Ézalyth pencha la tête sur le côté.
« Pauvre Ysilthan. Il était si confiant, si… naïf. Un simple sourire et le voilà aux anges. »
Les deux immortels éclatèrent d’un rire froid qui résonna jusque dans la vallée en contrebas.
La Reine aux deux visages reprit :
« S’il avait insisté une seconde de plus, il m’aurait vaincue… Le destin ne tient vraiment qu’à un fil,
parfois.
— Ce que tu dis est inquiétant, gronda Éphorath, cela indique que d’autres pourraient nous vaincre !
— Non. Il était le seul à connaître cette litanie. C’est sa foi et son espoir qui lui ont permis de l’acquérir. Et il y a peu de mortels de sa trempe.
— Espérons-le, ma soeur, espérons-le…
— Que fait-on de lui ?
— Il vient avec nous. Il sait où se trouve Eszorid.
— Et alors ? Nous aussi.
— Où est-il, en ce cas ?
— Je… je ne sais plus.
— Ceux qui nous ont enfermés n’ont pas seulement altéré nos noms, ils ont aussi détérioré la connaissance que nous avions de nous-mêmes… J’ignore comment, mais j’ai oublié de nombreuses choses, des savoirs et des pouvoirs… Mais ils paieront pour ça !
— Ainsi, il vient avec nous. Il fera un compagnon distrayant. Le Despote ne risque-t-il pas d’écraser sa volonté ?
— Aucune chance ! Alors qu’il agonisait, ce vieux fou a maudit le dieu auquel il avait voué sa vie. Il
aurait pu nous insulter, nous… enfin, surtout toi. Mais il a choisi de maudire son dieu, pensant que celui-ci l’avait abandonné. Il fera un hôte parfait pour Eszorid et il n’y a aucun risque que sa mémoire soit altérée par sa résurrection. Tout est donc pour le mieux. »
Ainsi, le fou rejoignit la colonie Éphorath. Pour ne pas éveiller la méfiance du Despote, le corps du
dévot et celui d’Ézalyth subirent eux aussi le rituel de Mid-Nor. Les pièces seraient bientôt au complet. La partie était presque terminée.
Grâce à Ysilthan (plus exactement à sa connaissance des Versets de la trinité et du Livre de Vedath), la colonie Éphorath n’eut aucun mal à trouver l’emplacement du tombeau d’Eszorid, sur l’une des îles des Crocs de feu. Mais il y avait deux problèmes. Le premier était que le Messie des égarés avait été le premier des trois à être vaincu, son nom avait été oublié plus tôt que celui des autres et, malgré la survivance de quelques-uns de ses cultes, son réveil s’annonçait plus difficile. Ainsi, durant les cinq années qui suivirent, la colonie Éphorath se lança-t-elle dans une grande
entreprise : elle créa plusieurs foyers religieux à la gloire d’Eszorid. En 1003, Éphorath jugea qu’il était temps de le réveiller et la colonie se mit en route pour les Crocs de feu, tout en sachant qu’il faudrait s’occuper du second problème… le fameux gardien évoqué dans Le Livre de Vedath.
Lorsqu’ils atteignirent les sous-sols du monastère, les membres de la colonie furent accueillis par le gardien, qui n’était autre que Vedath, chevalier du Temple. Merin avait préservé sa vitalité et, bien que l’homme fût des plus âgés, ni son bras ni sa foi ne pouvaient faillir ! Le templier s’adressa aux Possédés dans leur propre langue, dévoilant ainsi l’étendue de son savoir.
« Je ne vous laisserai pas libérer votre frère, créatures damnées. Puisque la pierre ne peut retenir plus longtemps la volonté endormie d’Eszorid, je lui offre une prison de chair. Puisse Merin me donner la force de retenir le démon ! »
Ysilthan allait se ruer sur le templier, mais Ezalyth le retint d’un geste brusque. S’il le tuait, il avait de fortes chances de détruire Eszorid ! Le visage de Vedath trahissait la terrible bataille qu’il menait pour garder le contrôle de ses actes. Même affaibli et enchaîné, Eszorid demeurait un adversaire redoutable. Rendu plus fort et plus vigoureux par ce pouvoir qui n’était pas le sien, Vedath s’élança dans les profondeurs du temple et échappa à la colonie. À ce jour, le templier demeure introuvable, mais Éphorath n’est pas inquiet. Quelle que soit sa puissance, la volonté de Vedath ne peut contenir indéfiniment la puissance d’Eszorid. Tôt ou tard, le templier abandonnera la lutte et la trinité des Gouffres sera de nouveau complète. Alors, les immortels retrouveront leur puissance originelle et rien ne pourra les arrêter !