Sulfur

Carte(s) Supplémentaire(s) Rackham :

Rooted Profile

Rooted Profile

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1 Figurine par Carte

Concept : Edouard Guiton

Sculpture : Yannick Fusier

Profil : Rackham

Socle : Infanterie 3 Cm

Taille Unité : Petite

Classe :

Rang : Incarné Maître 3

Affiliation :

Date de Sortie : Février 2006
(Boîte – Maître Sulfur le Mangeur de Gniards)

Équipement(s) :

Compétence(s) :

Instinct de Survie/ 6, Récupération/ 3, Bravoure, Maître de l’Air du Feu et d’un Élément au choix/ Sorcellerie, Shamanisme, Théurgie
(Artefact/ 3, Maîtrise des Arcanes)

Compétence(s) Spéciale(s) :

Maître Suflur.
Sulfur et Sulfur le Mangeur de Gniards sont deux profils pour un même Incarné. Les règles qui suivent ne s’appliquent que s’il est libre de toute association (Les clans gobelins). Les règles ne s’appliquent qu’au profil du Mangeur de Gniards. Sulfur et sa monture (le troll rouge) ne forment qu’un seul Personnage et sont indissociables pour la durée de la bataille. Le Mangeur de Gniards est de Grande Taille mais est considéré comme étant de Très Grande taille pour déterminer les lignes de vue. Il peut courir (mais pas charger) et lancer des sortilèges au cours du même tour. Le Mangeur de gniards ne subit pas de pénalité sur ses jets d’incantation et de récupération de mana lorsqu’il est au contact d’un combattant ennemi.

Artefact(s) :

Chez Sulfur
L’Alliance d’Asphixia

La Gemme du Mata-Kata

Sortilège(s) :

L’Effet Troll
Glyphe des Multitudes

Background :

“Négocier ? Vous plaisantez ?”
“Je suis le plus grand magicien d’Aarklash !”

L’Effet Troll.
Les gobelins étaient si nombreux qu’ils formaient l’une de ces vagues qui ont fait la réputation de leur armée. Face à eux, les Wolfen n’en étaient pas moins furieux et remontaient le courant, comme les saumons une rivière. Sulfur, juché sur son troll rouge, se pencha à l’oreille de sa monture et murmura :
– Mon vieux Crocus, je crois que je vais avoir besoin d’un rab de jus. Ca picote un peu, mais c’est vite fait.


Glyphe des Multitudes
Le gniard de maison s’arrêta net dans sa course et se posta devant Sulfur. Ce dernier était affairé sur une illustration d’une rare compléxité.
– Hé, c’est quoi que tu dessines ? C’est chouette, c’est quoi dis ? Hein ?
Agacé, Sulfur releva le menton.
– Un glyphe des multitudes. Je représente un rat, enfin, le dieu Rat. Sauf qu’au lieu de tracer de simples traits, j’écris des phrases minuscules. Des mots de pouvoirs. Mais je ne marques pas le dernier mot : je l’inscrirai quand j’en aurai besoin. Le glyphe disparaîtra et tous les gobelins du coin sentiront que j’ai absolument besoin d’eux.
– Il a un gros pif, ton rat ! On dirait Miké, le rat de l’empereur Isso… Izo… Ûzo… je sais plus son nom. Vas-y, tu me dessines un Miké ?


Cry Havoc Nr. 7 Page 68-73.
La Mystériuse aventure de Maître Sulfur.
Bien loin des universités d’Alahan, les sorciers gobelins vivent souvent reclus, parfois même affligés d’une réputation douteurs. Ainsi on pourrait les croire plus faibles que les autres pratiquants de l’incantation, mais il n’en est rien. La Babayagob n’est-elle pas l’une des magiciennes les plus puissantes d’Aarklash? Chez les gobelines, l’apprentissage del am agiest est le moment le plus difficile de la vie d’un sorcier.

Le gniard retient sa respiration ; il ne fait pas un bruit, pas un mouvement. Ou presque. Il colle son oeil contre le petit trou dans le tonneau et regarde ce qui se passe à l’extérieur. Rien. Aucun de ses huit compagnons de jeu à proximité. Il se félicite de sa cachette. Qui irait fouiller un tonneau sur le port de Zuog ? Cette fois-ci, c’est sûr, il va gagner cette partie de cache-gniard ! S’imaginant la mine déconfite de ses camarades, il se met à rire, bruyamment. Un juron retentit, loin au-dessus de sa tête.
— C’est pas un peu fini, ce boucan ?
Le gniard s’arrête de rire, il sort la tête de son tonneau et fait face au danger : un vieux gobelin, penché à la fenêtre de sa bicoque.
— T’as vu l’heure qu’il est, crétin de gniard ? Il fait nuit, alors silence !
— La ferme, vieux gobelin !
— Non, mais dis don’… C’est pas un endroit pour jouer, ici ! C’est interdit aux gniards !
— Ah ouais ?
— Regarde !
De sa canne, le vieux gobelin désigne une tour penchée, au bout du port.
— Là, réside un puissant sorcier… qui mange les gniards !
À ces mots, huit têtes de gniards surgissent de huittonneaux alentour, s’écriant en coeur :
— Quoi ?
— Oui, un puissant sorcier vit dans cette tour !
— C’est que des histoires à effrayer les gniards !
— Vous ne me croyez pas ? Alors, approchez.
Laissez-moi vous raconter l’histoire de maître Sulfur.


Il était une fois…
…un jeune cuistot nommé Sulfur qui travaillait dur pour gagner sa croûte à Klûne. Il passait ses journées, et parfois ses nuits, dans les cuisines d’une gargote des quartiers mal famés. Fatigué, exploité, mal payé, il était quotidiennement importuné par une nuée de gniards, au demeurant tout aussi exploités que lui, sinon plus.
— Eh, Sulfur ! T’es bien grand pour un gniard !
— Je suis pas un gniard, je suis un gobelin !
— Ah ouais ? Pourquoi tu fais le même boulot que nous, alors ? T’es nul !
Les gniards se riaient de Sulfur. Ils lui jetaient des fruits trop mûrs et des légumes avariés. Le cuistot tentait de se protéger du mieux qu’il pouvait avec les ustensiles de la cuisine, mais rien n’y faisait. Les gniards étaient trop nombreux. Sulfur finissait invariablement le tablier maculé et la mine triste.
— Vous verrez, un jour, je me vengerai. Un jour, je serai le sorcier le plus puissant d’Aarklash !
— Mais, bien sûr ! Et qui c’est ton professeur de magie, hein ?
— Je n’en ai pas… pour l’instant. Mais j’ai un ancêtre sorcier. Je suis sûr que le mana coule dans mes veines. Par les neuf cloches de Rat, je deviendrai un sorcier respecté de tous !
— Tu dis n’importe quoi ! Tu peux avoir tous les ancêtres que tu veux, sans maître ou livre pour apprendre la magie, t’arriveras jamais à rien ! Et les gniards se riaient de Sulfur, qui n’était rien qu’un cuistot.


L’Appel de l’Aventure.
Pourtant, un jour, la vie de Sulfur bascula.
— Un kraken bouilli pour la table neuf !
Sulfur s’empara prestement de la gamelle. Au moment d’ouvrir la porte, un gniard cracha dans la sauce qu’elle contenait. Sulfur voulut le molester, mais il savait qu’il ne fallait pas faire attendre les clients. Le patron, un vieil ogre borgne, n’aimait pas que la clientèle se plaigne du service. Sulfur se dirigea donc vers la table neuf et y aperçut deux pirates. Ils discutaient vivement et ignorèrent le jeune cuistot.
— Mais si, je t’assure, elle vit à Zoukoï !
— Non, son balai vient de Zoukoï, mais personne ne sait où elle habite.
— Gros malin, personne ne sait d’où elle vient, mais il faut bien qu’elle habite quelque part.
— Gros malin toi-même ! Tu y es allé, à Zoukoï ?
Sulfur écoutait la conversation avec l’avidité d’un gniard écoutant un conte de fées, sans bouger.
— Sulfur ! Gniard hypertrophié, retourne en cuisine.
Derrière son comptoir, le patron avait repéré le cuistot qui ne pouvait se résoudre à ne pas entendre la suite. Il fit mine de retourner vers la cuisine, et se laissa tomber sous une table. Rampant, tel un milicien au combat, il se rapprocha des deux pirates.
— Je te jure, il a entendu de ses propres oreilles ce que l’autre a vu de ses propres yeux. Elle s’est installée près d’un volcan, pour en extirper des gemmes de Feu.
— Mmf… Et il est où, ce volcan ?
— Sur l’île Nonga-Nonga !
À ces mots, Sulfur ne put retenir sa joie. Il se releva brusquement en poussant un cri de victoire et aspergea les clients de son bouillon de razorback. Tandis que les gniards riaient et piaffaient dans l’attente du massacre, le patron s’extirpa de derrière son comptoir…


Le Grand Départ.
De retour chez lui, Sulfur était en piteux état. Le nez esquinté, le visage violacé et son tablier déchiré. Heureusement, il avait tant supplié le patron de ne pas le renvoyer qu’il avait toujours un travail… à défaut de sa dignité. Sulfur n’avait pas faim. Debout sur son lit, qui occupait presque toute sa chambre, il était accoudé à la fenêtre et regardait Yllia. Il s’imaginait une sorcière passant dans le ciel sur son balai magique. Il devait retrouver la Babayagob ! Seule la sorcière la plus puissante de tout l’Empire, peut-être même d’Aarklash, pouvait faire de lui un magicien digne de ce nom. Ragaillardi, Sulfur rassembla les deux haillons et les trois klûs qui constituaient son patrimoine. Il mit le tout dans un baluchon et s’apprêta à partir pour Zoukoï. Zoukoï… C’était une île. C’était loin. C’était peuplé de drôles de gobelins à la réputation de fous furieux. Sur le pas de la porte, et donc au pied du lit, Sulfur s’arrêta et reposa son baluchon. Comment ferait-il pour accomplir un tel voyage ? Il lui faudrait dormir à la belle étoile, chasser pour se nourrir et vivre sans un klû.
— Sans un klû !
Sans travail, il serait pauvre, plus pauvre encore qu’il ne l’était déjà, méprisé par les gobelins et les gniards. Sulfur se mit à pleurer. Les larmes coulèrent sur ses joues tuméfiées. Il avait mal partout. La douleur éveilla sa colère. Il était déjà méprisé par les gobelins et les gniards. Par les ogres aussi. Il devait se venger. Sulfur hurla « Vengeance ! » sous la lune. Galvanisé, il reprit son baluchon, abandonna sa bicoque et prit la route de Zoukoï.


Rencontre au Sommet.
Sulfur voyagea plusieurs semaines avant d’atteindre l’île de Nonga-Nonga, échappant miraculeusement aux pirates, aux ashigarûs et aux shigobis du clan Yakûsa. Sur place, il se familiarisa avec les coutumes locales et magouilla ferme pour obtenir des habitants qu’ils lui indiquent l’antre de la sorcière. Ainsi, par une nuit sans lune, l’intrépide gobelin pénétra dans une forêt aux arbres noueux où flottait une odeur nauséabonde. À chaque pas, ses jambes menaçaient de sauter à son cou et de l’entraîner vers Klûne, mais Sulfur n’avait pas fait tout ce chemin pour rien. Il se rendit vite compte qu’il s’était perdu… Alors qu’il errait sans but dans la forêt, il aperçut un parchemin cloué sur un arbre. Espérant y trouver quelque indication, il se précipita vers cet indice inespéré. Avant même que le Sulfur ne soit assez proche pour lire un éventuel message, le parchemin s’enflamma, provoquant une terrible explosion. Hébété, le jeune gobelin constata avec soulagement qu’il n’était que légèrement blessé et tout éclaboussé de suie. Tandis qu’il se relevait en maugréant, il remarqua des lueurs étranges en mouvement dans le sous-bois. Elles venaient vers lui. Instinctivement, il se cacha derrière un arbre. Il vit alors trois êtres, pas plus grands que des gniards, courir vers l’arbre piégé. Ces créatures semblaient faites de feu : soit leurs cheveux étaient des flammes, soit leur culotte brûlait ou tout autre sorte d’absurdité magique. Sulfur crut sa dernière heure venue et se terra de plus belle. Ne trouvant pas leur proie, les créatures enflammées s’énervèrent. Elles soufflèrent du feu et jetèrent des pierres enflammées tout autour d’elles. L’un de ces projectiles brûlants atterrit à proximité de Sulfur qui, ne tenant plus, se mit à courir en hurlant. Comme un seul gobelin, les créatures enflammées le suivirent, hurlant elles aussi, mais de joie. Soudain, quelque chose fendit le ciel, si vite que Sulfur ne put voir de quoi il s’agissait. Il s’arrêta un instant pour s’assurer que ce n’était pas un nouveau monstre. La chose repassa dans le ciel. On aurait dit quelqu’un. Stupéfait, inquiet, Sulfur ne savait plus quoi faire. Soudain, l’objet volant fila à nouveau dans le ciel, et se posa près du gobelin. Elle était devant lui, à califourchon sur son balai magique, horrible et terrible… la Babayagob. Les créatures enflammées se prosternèrent devant elle et Sulfur décida d’en faire autant.
— Qui es-tu, horrible gniard ?
— Je ne suis pas un gniard, je suis Sulfur le gobelin, dame Babayagob !
— Et que viens-tu faire sur mes terres, Sulfur le gniard ?
— Je… Je veux apprendre la sorcellerie !
— Je ne prends pas d’apprenti. Brûlez-le !
Les créatures enflammées se relevèrent, prêtes à l’assaut.
— Non, pitié ! Je ferai n’importe quoi pour que vous acceptiez de m’enseigner la magie !
— Et que sais-tu faire ?
— Euh… avant, j’étais cuistot.
La Babayagob se lécha les babines à l’idée des bons petits plats qui remplaceraient bientôt les siens, souvent trop cuits.
— Très bien, tu seras mon apprenti, jeune gniard.


L’Apprenti Sorcier.
Après sa rencontre avec la Babayagob, Sulfur était devenu son apprenti, son cuistot, son récureur de latrines et son porteur. Il passait son temps dans les cuisines de la vieille gobeline et se croyait presque de retour dans la gargote de Klûne. Au moins, cette
fois-ci, il n’y avait pas de gniards. Mais Sulfur ne se décourageait pas. Chaque soir, ayant fini ses corvées, il allait voir la sorcière et lui demandait de lui enseigner la magie. Et chaque soir, la Babayagob trouvait une excuse pour ne pas tenir sa promesse. Pourtant, un soir, plus fatiguée que d’habitude, elle céda à l’ardeur de Sulfur.
— Par toutes les cloches, pourquoi me harcèles-tu de la sorte ?
— Je veux devenir un grand sorcier !
— Tu es trop bête pour ça. Les cuistots n’apprennent pas la sorcellerie.
— Je ferai des efforts. Je travaillerai dur.
— Ah oui ?
— Je ne connais pas la fatigue.
— Hmm. Tiens, prends ça !
La sorcière remit à Sulfur un grimoire plus lourd que neuf gniards réunis. Le pauvre retourna dans sa chambre avec l’épais volume, et entreprit de le lire sur-le-champ. Par la suite, chaque soir, au lieu d’aller embêter la Babayagob, il retournait dans sa chambre et lisait le grimoire, son premier livre de magie. Au bout d’un mois, Sulfur retourna voir la sorcière.
— Vous m’avez arnaqué !
— Hein ?
— J’ai lu tout le livre, et…
— Très bien, en voici un autre…
La Babayagob tendit la main vers sa bibliothèque.
— Non !
— Plaît-il ?
— J’ai lu le premier et j’ai bien compris qu’il me fallait une gemme. Vous ne me l’aviez pas dit, vieille rate ! D’ordinaire, la Babayagob aurait incinéré un apprenti aussi irrévérencieux. Mais l’opiniâtreté de Sulfur ne cessait de l’étonner.
— Tu veux une gemme ?
— Oui !
— Très bien, mais tu dois la trouver toi-même. C’est la règle des apprentis.
— D’accord.
— Demain, tu iras en haut du volcan Mata-Kata. Là-bas, tu trouveras une gemme de Feu. Elle sera tienne… si tu reviens en vie.


La Montagne de Feu.
Le lendemain, Sulfur partit pour le volcan. S’abîmant les pieds sur la roche tranchante, il marcha jusqu’à ce que le volcan devienne aussi abrupt qu’une montagne. Il se mit alors à en escalader le flanc, se coupant les mains sur les aspérités du basalte. Sulfur avait chaud. Il était fatigué et apeuré. Il pouvait presque sentir la lave qui grondait à l’intérieur du volcan. L’apprenti sorcier crut mourir de nombreuses fois, mais aperçut finalement une vive lumière rouge au sommet du volcan. À la promesse de cette gemme, les forces lui revinrent. Il grimpa avec frénésie et trouva rapidement ce qu’il cherchait. La gemme était profondément enchâssée dans la roche. Sulfur se mordit les lèvres et assura ses prises. De sa main droite, il tenta de saisir la gemme et manqua de tomber. Rien à faire, la pierre de mana ne bougeait pas. Sulfur respira un grand coup et tendit un pied vers sa droite. À deux doigts de la mort, il se décala le long de la paroi pour faire face à la gemme qui touchait maintenant son nez. Il l’empoigna des deux mains et tira. Toujours rien. Il remonta alors ses deux pieds jusqu’à être perpendiculaire à la gemme, puis tira de toutes ses forces. La gemme céda et Sulfur tomba avec elle dans le vide. Dans sa chute, le gobelin fit la seule chose sensée : il serra la gemme fort contre lui, pour être sûr de ne pas la perdre. Tout là-haut, le trou laissé par la gemme vomissait un torrent de lave. Le magma toucha le sol avant Sulfur et déchaussa de nombreuses pierres. Alors que l’apprenti sorcier priait Rat en hurlant, il sentit que son corps rebondissait sur la paroi. Une deuxième fois. Une troisième fois. Puis, il atterrit sur un des rochers entraînés par la lave et, la gemme dans la bouche, s’y agrippa de toutes ses forces. Il dérivait désormais sur le rocher, au milieu du flot brûlant. Il sentait la roche fondre sous lui, et ses vêtements prendre feu. Toujours hurlant, il mordait la gemme, plus importante que sa misérable existence. Alors, la pierre se mit à briller et la lave s’anima. Une violente explosion retentit. Sulfur, son rocher et la gemme furent propulsés dans les airs et retombèrent quelques instants plus tard, à bonne distance du torrent. Reconnaissant, Sulfur caressa sa gemme de Feu.

L’Arrière Trisaïeul Magnézium.
Le torrent de lave déclencha une véritable panique à travers toute l’île de Nonga-Nonga. Un peu à contrecoeur, les habitants demandèrent l’aide de la Babayagob. Grâce à sa puissante sorcellerie, et à l’aide de Sulfur, elle parvint à réparer les bêtises de son jeune apprenti. Elle ne révéla rien de la responsabilité de l’ancien cuistot aux habitants de Nonga-Nonga. La Babayagob salua la témérité de Sulfur qui fut autorisé à aller et venir librement dans le repaire de la sorcière. Après ses corvées, il apprenait de nouveaux sortilèges et découvrit bientôt les possibilités de l’Air. Désireux de puiser dans le savoir de ses ancêtres, il « emprunta » une gemme d’Air à la sorcière et entreprit, en secret, d’invoquer l’esprit de Magnézium, son arrière trisaïeul magicien. Après avoir invoqué par mégarde un Élémentaire d’Air, il fit apparaître devant lui le fantôme du sorcier.
— Magnézium ?
— Lui-même !
— Je suis ton descendant, Sulfur.
— Et où sommes-nous ?
— Chez la Babayagob.
— Qui ça ?
— La plus grande sorcière de No-Dan-Kar.
— Et toi, que fais-tu là ?
— Je suis son apprenti.
— Quoi ? Il ne sera pas dit que ma descendance se contentera de récurer les latrines d’une sorcière. Tu dois prendre ton destin en main et devenir un sorcier par toi-même !
— Ah ?
— Ta sorcière, là, elle a des colifichets magiques ?
— Oui.
— Très bien, rafle tout, part en courant et retourne à Klûne pour faire fortune.
— Hein ? Je peux pas faire ça, s’indigna Sulfur.
— Tiens donc, ricana le défunt sorcier. Et pourquoi ?
— La Babayagob me tuerait ! Et puis, c’est pas bien de lui voler ses trésors.
— Ah ouais ? Et cette gemme d’Air, c’est la tienne ?
Sulfur regarda la gemme. Il repensa à toutes les corvées et regarda le fantôme de Magnézium.
— Et on fait quoi avec tout ça ?
— On ouvre une boutique !
Sulfur repensa à tous les klûs gagnés par la Babayagob. Lui n’avait eu que la gemme pour laquelle il avait failli mourir.
— Marché conclu !
Il cracha dans sa main et serra celle, ectoplasmique, de Magnézium. Plus tard dans la nuit, alors que l’horrible sorcière ronflait, il lui vola tout ce qu’il put et partit sans demander son reste.


Chez Sulfur: Artefacts et Colifichets Magiques.
Quelques mois plus tard, Sulfur tenait une boutique respectée dans la cité de Klûne. Grâce aux colifichets volés à la Babayagob, il engrangeait d’astronomiques bénéfices. En outre, il n’avait besoin d’aucun employé puisque Magnézium travaillait gratis. Mais un beau matin, tout bascula lorsqu’une gobeline à la mine teigneuse entra dans son échoppe, un gniard dans les bras.
— C’est vous le patron ?
— Oui, m’dame. Que vous arrive-t-il ?
Les autres clients tendirent l’oreille. La gobeline se contenta de montrer son gniard à Sulfur. Il avait un troisième oeil au milieu du front et une lèvre inférieure surdimensionnée.
— Quel joli gniard !
— Vous foutez pas de moi, il était pas comme ça avant que mon mari achète un crapaud portebonheur chez vous.
À présent, les clients discutaient entre eux en jetant des regards inquiets vers le gniard.
— Et il est où, votre mari ?
— À la maison. Il a tellement muté qu’il ne peut plus bouger.
— Et que voulez-vous que j’y fasse ?
— C’est vous qui nous avez vendu cette cochonnerie, c’est à vous de réparer les dégâts !
Des clients quittaient l’échoppe à la hâte.
— Chut ! Horrible mégère, tu fais fuir mes clients !
— Je m’en fiche, je veux que vous fassiez disparaître toutes les mutations de ma famille.
Sulfur réfléchit. Le crapaud porte-bonheur venait de chez la Babayagob. En fait, il n’était pas sûr que le crapaud soit vraiment porte-bonheur. Et puis, il ne pouvait pas laisser courir la rumeur. Il confi a l’échoppe à Magnézium et raccompagna la gobeline chez elle, bien décidé à expédier ce sortilège après-vente.


Sortilèges Après-Vente.
Contrairement à Magnézium, Sulfur n’aimait pas travailler gratis. Toutefois, confronté au scandale de la gobeline, il n’avait pas le choix. Arrivé chez la mégère, il inspecta les gniards et le mari. Il fallait bien avouer que toute la famille était en piteux état. Sulfur examina également le crapaud porte-bonheur et trouva que, décidément, celui-ci n’avait pas une tête de porte-bonheur. Mettant à profit ses connaissances mystiques, Sulfur comprit de quoi il retournait. Les émanations de mana originaires du crapaud étaient responsables des mutations du mari. Concernant les gniards, Sulfur n’était pas convaincu que leur laideur fut imputable à d’éventuelles mutations. Un peu à contrecoeur, il inscrivit des mots de pouvoir sur plusieurs parchemins, en donna un à chaque gniard et au mari, et puisa dans sa gemme d’Air pour réparer les dégâts. Ensuite, il s’assura que toute la famille se portait mieux et repartit avec le crapaud, dont il se débarrassa prestement dans les égouts de la ville. De retour à sa boutique, Sulfur aperçut un attroupement devant celle-ci. Il y reconnut de bons clients, ainsi que les objets que ces derniers brandissaient. Dans le brouhaha de la foule, il perçut en outre la raison de cet attroupement : les clients étaient mécontents. À la longue, tous les colifichets volés à la sorcière avaient eu de terribles effets secondaires. La seule chose qui empêchait les clients mécontents de saccager la boutique, c’était la présence du fantôme de Magnézium.
Confiant dans ses pouvoirs, Sulfur monta sur un tonneau abandonné là et saisit sa précieuse gemme de Feu.
— Que se passe-t-il, manants ?
— Tu nous as arnaqués, vil sorcier !
— Ouais, tu vas nous rembourser, charlatan !
Rembourser ? À ce mot maudit entre tous, le sang de Sulfur ne fit qu’un tour.
— Vous allez payer cet affront, bande de cloches !
Sulfur se mordit un doigt et saisit de l’autre main un parchemin dans sa besace. Avec un peu de son sang, il y inscrivit un mot de pouvoir. Des flammes surgirent du parchemin, frappant les maisons et les clients. La plupart prirent la fuite, mais cet assaut attisa la haine des autres.
— Sus au sorcier !
Sulfur prit la fuite, serrant contre lui ses deux précieuses gemmes, désormais vides de tout mana.


La Belle et la Bête.
Sulfur courut en tout sens dans les bas-fonds de Klûne pendant le reste de la journée. Au fur et à mesure que les heures passaient, la foule de mécontents grossissait. La plupart n’étaient nullement importunés par les colifichets du sorcier, mais simplement contents de participer à la traque. Le pauvre Sulfur, lui, s’était finalement réfugié dans une bicoque abandonnée, dans le quartier le plus insalubre de la capitale. Là, dans l’obscurité, il fut enfin rejoint par son ancêtre.
— C’est pas trop tôt ! s’écria Sulfur.
— Désolé, mais tu cours tellement vite… je n’arrivais pas à te suivre.
— C’est la ruine ! Qu’est ce qu’on va faire, maintenant ?
— Se tirer vite fait et monter une arnaque ailleurs.
— Ah non, moi les…
Soudain, des miliciens firent leur apparition dans le taudis. L’obscurité dissimulait Sulfur à leurs yeux, mais ils ne tarderaient pas à le découvrir.
— Vite pépé, va chercher de l’aide !
— De l’aide ? Mais où ça ? Et qui ? Je suis le seul pour qui tu comptes.
— Débrouille-toi, je vais les retenir.
Le fantôme s’exécuta, et Sulfur se releva de tout son mètre. Ses gemmes luisaient faiblement.
— Fuyez, bande de larves, devant la puissance de maître Sulfur !
— À l’assaut !
Sulfur se saisit d’un parchemin, y griffonna un mot de pouvoir et le brandit devant ses adversaires. Instantanément, un mur de feu bloqua la charge des miliciens… et enflamma le taudis. Sulfur et ses poursuivants s’extirpèrent tant bien que mal du brasier qui ravageait désormais tout le quartier. Alertée par l’incendie, la foule des mécontents arriva sur les lieux et une terrible bataille s’engagea. Au bout de presque une heure, les gemmes de Sulfur étaient à nouveau vides. La plupart des gobelins avaient fui, mais il en restait encore quelques-uns. À bout de forces, le sorcier s’effondra. Un milicien se prépara à l’achever, faisant tournoyer son épée audessus de sa tête. C’est alors qu’elle surgit de nulle part. Belle, gracieuse, terrible. Sulfur n’avait jamais vu une gobeline aussi magnifique. Dans sa main gauche, elle tenait un parchemin ; de la droite, elle y inscrivit adroitement un mot de pouvoir et foudroya le milicien d’un arc de mana. Il n’en fallait pas plus pour chasser les derniers combattants de cet enfer.
— Qui êtes-vous, belle inconnue ? bredouilla Sulfur, encore sous le choc. La gobeline sourit.
Asphyxia, sorcière du sabbat de Klûne.
— Sabbat ? Qu’est-ce donc, jolie donzelle ?
— Tu es sorcier et tu l’ignores ? Qui est ton maître ?
— C’est… c’est compliqué. Moi, c’est Sulfur, et lui c’est Magnézium, mon ancêtre.
Le fantôme se montra lui-même du doigt, fier d’avoir ramené d’aussi séduisants renforts.
— Vous êtes mignons, tous les deux. Demain, c’est nuit de pleine lune. Venez me voir, je vous montrerai mon sabbat.
Ignorant de quoi il pouvait s’agir, Sulfur saisit la note que lui tendait Asphyxia avec fébrilité. Un rendez-vous galant !


Sabbat Bien?
Le lendemain, au crépuscule, Sulfur était en proie à la plus vive excitation. tandis qu’il déambulait dans les rues de Klûne.
— Elle va me montrer son sabbat ! Elle va me montrer son sabbat !
— Oui, mais tu sais, un sabbat, c’est pas…
— Oh, suffit le fantôme. Fiche-moi la paix. Ce soir, je veux être seul avec elle.
— Mais de toute façon, tu…
— Fiche-moi la paix !
Devant une telle obstination, Magnézium s’éclipsa, comme seuls les fantômes savent le faire. Quelques minutes plus tard, Sulfur se tenait devant le champignon géant indiqué sur la note. Un pyscho-mutant était posté devant l’entrée.
— Gemme.
Sulfur montra sa gemme. Sans rien dire, le psychomutant ouvrit la porte du champignon et invita Sulfur à descendre l’escalier. Le sorcier jubilait ; il retrouverait bientôt sa bien-aimée. Et quelle dame ! Une si grande maison, et un serviteur ! Parvenu au bas de l’escalier, Sulfur se retrouva dans une salle obscure bondée de gobelins et de gobelines. Il ne voyait même pas Asphyxia.
— Bienvenue au sabbat ! lui cria un gobelin éméché.
Subitement, Sulfur se rappela l’une des rares leçons de la Babayagob : les sabbats sont des réunions de sorciers ! Tout déçu, il se mit en quête de sa belle. Il la trouva sur la piste de danse, en train de valser avec un bellâtre. Elle dansait avec grâce, ses cheveux virevoltant comme de sublimes éclairs de mana. Sulfur prit son courage à deux mains. Il s’avança sur la piste et fit en sorte d’être vu par Asphyxia. À son grand soulagement, la magicienne oublia le bellâtre et se tourna vers lui.
— Vous valsez, maître Sulfur ?
— J’apprendrai, dame Asphyxia !
Et les deux sorciers se mirent à danser. Ils valsèrent tant et si bien qu’ils oublièrent le temps qui passait. Soudain, un sorcier prit la parole.
— Je vous prie d’accueillir notre invité du soir : la célèbre, l’horrible, l’époustouflante… Babayagob !
L’assemblée des sorciers applaudit l’entrée de la redoutable sorcière. Sulfur, lui, ne savait plus quoi faire. Il tenta de prendre la fuite, mais heurta le bellâtre qui, se poussant, dévoila l’infortuné sorcier à la Babayagob.
— Vengeance ! hurla la vieille magicienne, reconnaissant son apprenti fugueur.
Sans plus de sommation, elle déchaîna un enfer de Feu et d’Air sur le malheureux Sulfur. Celui-ci tenta de contrecarrer les attaques de la sorcière, mais rien n’y fit. Ébranlé par tant de puissance, il se redressa, prêt à défendre sa peau verte dans un terrible duel de sorciers. Les autres gobelins se placèrent en cercle autour des deux rivaux, dessinant une arène mystique. Le choc promettait d’être terrible.
— Milice !
Soudain, d’innombrables miliciens de Klûne surgirent de l’escalier.
— Les voisins ont fait appel aux autorités. Vous faites trop de bruit.
Asphyxia s’interposa.
— Et ?
— Milice, menottes, prison.
Les sorciers réagirent de concert et envoyèrent de terribles boules de feu sur les miliciens. Comme il fallait s’y attendre, des renforts arrivèrent, et Sulfur se retrouva à nouveau au milieu d’un déluge de Feu et d’Air. Cette fois-ci, cependant, il se battait dos à dos avec la Babayagob. Devant le nombre d’adversaires, il redoubla d’efforts et rivalisa d’agressivité avec son ancien maître. Lorsque les miliciens furent mis en déroute, Sulfur se précipita à la recherche de sa bien-aimée. Il la retrouva saine et sauve, les gemmes encore bien pleines. Ils échangeaient des mots d’amour et s’enlaçaient, lorsque la vieille sorcière rugit.
— Halte ! Nous avons encore un compte à régler, vaurien.
Pétrifi é de terreur, Sulfur inspecta ses gemmes : vides ! La Babayagob se rapprocha.
— Qu’as-tu fait de mes colifichets ?
— Je les ai vendus.
— Quoi ! À qui ?
— Aux habitants de Klûne. Mais ça n’a pas marché. Ils étaient tous maudits et ils ont voulu que je les rembourse. Ils ont brûlé ma boutique et ont failli me tuer.
— Bien fait ! Ça t’apprendra !
La Babayagob toisait Sulfur.
— Humf. On dirait presque un vrai sorcier.
— Merci.
— Tu es le seul apprenti qui ait survécu. Alors, je ne te tuerai pas.
— Merci !
Sulfur serra la vieille gobeline dans ses bras.
— Oui, bon, ça va ! N’en fais pas trop non plus.
— Merci, Babayagob.
— Adieu, Sulfur.
Et la Babayagob s’envola sur son balai magique.
— Ahem…
Magnézium était revenu.
— Oui, pépé ?
— On dirait que tu t’en es tiré sans moi.
— Ouaip !
— C’est un peu ma faute, tout ce qui t’est arrivé.
— Mais non, pépé. Et puis, c’était drôle tous ces combats avec la milice.
— Mouaif. Je crois que je n’ai plus grand chose à faire dans le monde des vivants. Et puis, elle a raison, tu es un vrai sorcier, maintenant, tu n’as plus besoin de moi.
— Tu vas t’en aller aussi ?
— Oui, mais tu sais comment obtenir mon approbation.
— Au revoir, pépé.
À nouveau, et pour la dernière fois, Magnézium disparut comme seuls les fantômes savent le faire. Sulfur se retourna vers Asphyxia. Alors que d’autres miliciens arrivaient, les deux sorciers s’esquivèrent. Ils fuirent même la capitale pour éviter les ennuis et vinrent s’installer ici, à Zuog. Ils y vécurent heureux et eurent beaucoup de gniards… et les mangèrent.


Épilogue.
— C’est nul, ton histoire !
— Ouais, c’est même pas crédible ! Jamais la Babayagob l’aurait laissé en vie.
— Pff !
Les neuf gniards rient et s’éloignent de la bicoque du vieux gobelin. Ils échangent des regards pleins de malice et foncent au bout du ponton. Quelques instants plus tard, ils font la courte échelle pour que l’un d’entre eux jette un oeil par une des fenêtres de la tour penchée. Le gniard découvre une grande salle circulaire, surplombée d’une coupole de verre donnant sur le ciel étoilé. Un gobelin et une gobeline sont là, enlacés prêts à entamer une danse endiablée. Reconnaissant Sulfur et Asphyxia, les neuf gniards s’enfuient en hurlant.

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