Les Keltois du clan des Drunes

Blason / Symbol :

Un Crâne de Cerf

Localisation :

Caer Maed

Dirigeant(s) :

Sept chefs de fléaux, le grand prêtre de la nécropole, ainsi qu’un neuvième personnage, le mystérieux OEil Mort

Divinité(s) :

ToDo

Villes :

Drun Aeryfh
Drun-Amaith

Dun Scaith

Gwyrd-An-Caern

Forteresses :

ToDo

Les Fléaux :

Gwyrd-An-Caern
L’Ombreuse
Le Fléau Rouge
Le Mal Cornu
Le Mont Silence
Le Rag’Narok
Les Sorcières

La Horde de Dun-Scaith
Clan : Cinneadh Uilebheist (Rooted)

Atouts :

ToDo

Alliés :

Les Méandre des Ténèbres

Langue :

Description :

ToDo

Artefacts :

Artefacts Drunes

Background :

Cry Havoc Nr.1 Page 68.
Les Drunes
De tous les humains d’Aarklash, les Drunes constituent sans conteste la plus secrète de toutes les communautés connues à ce jour. Vivant à l’abri de la sombre forêt de Caer Maed, au nord des monts Ægis, ils n’en sortent que rarement et lorsqu’ils le font, la mort et la souffrance s’abattent sur des innocents. Leurs us et coutumes sont peu connus des autres civilisations, mais certains de leurs récits ont cependant permis de lever une partie du voile sur le mystère qui les entoure. Il naquit dans les Ténèbres Aveugle à la Lumière et sourd à toute supplique Il vint au monde mugissant Un cri de haine et de douleur Et dans l’instant qui suivit Il accoucha de sa compagne Ainsi naquirent Agoth le Premier-né, père de tous les Formors, et sa compagne nommée Fléau. Et bientôt les Ténèbres vomiraient leur engeance sur l’Avagddu.

Le mythe d’Agoth.
Après la mystérieuse disparition de Cernunnos, fils d’Avagd et deuxième roi du peuple de Kel, les dignitaires du clan se réunirent et confrontèrent leurs points de vue. Ils écoutèrent le druide Senatha, seul à connaître la vérité, leur conter comment la sombre déesse Scathach s’était jouée de Cernunnos par pure jalousie et désir de vengeance. Senatha tenta de les convaincre que la déesse sombre était seule responsable de ce malheur, mais si la plupart se rangèrent à ses arguments, quelques-uns demeurèrent convaincus que Danu avait évincé Cernunnos pour règner seule sur les peuples d’Avagddu. Quelques esprits s’échauffèrent et maudirent les divinités qui les avaient trahis une fois de plus. Le plus véhément d’entre eux, Lyhfaid, renia publiquement Danu et tous les autres dieux, ce qui déchaîna la colère des Keltois restés fidèles à la déesse. Des épées furent tirées de leurs fourreaux et plus d’une lame rougit en ce triste jour. Lorsque le calme fut revenu, le sage Senatha réunit des chariots de vivres ainsi que du bétail, aux portes de Kel-An-Tiraidh. Il annonça alors au clan que leur peuple resterait fidèle à Danu, mais que ceux qui le désiraient étaient libres de partir. Lyhfaid réunit ses partisans et leurs familles, et les enjoignit de le suivre dans sa quête pour retrouver Cernunnos, leur seul roi légitime. À l’aube suivante, la longue colonne des exilés se mit en route vers l’est. Après plusieurs semaines d’une marche épuisante, les premiers frimas mirent un terme à leur périple, près d’une vaste et sombre forêt. Là, le groupe décida d’établir un campement pour passer les mois d’hiver et lui donnèrent le nom de Drun Amaith. Au printemps suivant, Lyhfaid et les siens ne voulurent pas imposer une autre migration à leurs familles sans savoir dans quelle direction chercher leur roi. Plusieurs groupes de jeunes guerriers, dont Lyhfaid, quittèrent le campement et se séparèrent dans l’espoir de retrouver la trace de Cernunnos. Leurs recherches étaient restées vaines. Lyhfaid et ceux qui l’avaient suivi revinrent trois cycles lunaires plus tard. L’amertume et la déception se lisaient sur leurs visages. Néanmoins, ces sentiments laissèrent bientôt la place à d’autres plus douloureux. Lorsqu’ils parvinrent en vue de Drun Amaith, le spectacle qui s’offrit à eux les frappa aussi violemment qu’un coup de lance en plein ventre. Le campement n’était plus qu’un amas de bois calciné et la puanteur de la mort leur parvenait à cent coudées. Ici, la Faucheuse avait aveuglément prélevé son tribut. Le camp dévasté était jonché de cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants en décomposition. Les corps atrocement mutilés témoignaient de la sauvagerie des agresseurs. Lyhfaid descendit de cheval et, hagard, erra parmi les restes des siens. Il s’arrêta soudain devant le cadavre d’une femme à demi dévorée par les corbeaux. La malheureuse tenait encore son enfant dans ses bras. Tous deux étaient transpercés par la même lance. Sans un mot, il se saisit de la hampe de l’arme. Les motifs keltois gravés dans le bois ne laissaient aucun doute sur l’identité des agresseurs… Lyhfaid et ses hommes s’enfoncèrent alors dans la forêt à la recherche de survivants. Ils y retrouvèrent quelques dizaines de femmes et d’enfants qui leur firent le récit du massacre. Deux lunes plus tôt, le campement avait été réveillé en pleine nuit par les cris des guetteurs. Une horde approchait. En quelques minutes, leur village était devenu la proie des flammes et la nuit s’était emplie de cris de douleur et d’agonie. Aucun des survivants interrogés par Lyhfaid n’avait pu distinctement voir les agresseurs, car seuls ceux qui avaient eu la présence d’esprit de rejoindre la forêt avant le début des combats avaient échappé au massacre. Tous se souvenaient des huttes en flammes et des hurlements de terreur des mourants. Pour Lyhfaid, la nature des meurtriers ne faisait aucun doute et il jura sur son roi que les traîtres paieraient ce massacre avec leur sang et celui de leur descendance. Les Drunes s’enfoncèrent alors plus profondément encore dans la forêt pour y établir leur retraite. À l’automne suivant, Lyhfaid ruminait encore ses plans de vengeance. Il ne disposait que de quelques centaines de guerriers alors que Kel-An-Tiraidh comptait plusieurs milliers d’hommes, sans compter leurs alliés géants et centaures. La providence se manifesta alors par l’arrivée d’un étrange personnage difforme qui apportait à Lyhfaid des réponses à ses questions. Son aspect autant que son aura inspiraient la peur. Il dit s’appeler Agoth et fit ce récit à Lyhfaid : « Je connais ton histoire, Lyhfaid, et si je viens à toi aujourd’hui, c’est que nous partageons les mêmes buts. Ma mère n’est autre que Scathach, mais ne crois pas que je sois un séide des dieux. Je les exècre autant que toi.  Celle qui m’a donné la vie m’a chassé à cause de ma difformité, mais de ma haine pour elle est née ma compagne. Ensemble, nous avons eu de nombreux enfants qui sont aujourd’hui de redoutables guerriers. — Qu’attends-tu de moi ? demanda Lyhfaid. — Je te l’ai dit. Nous voulons tous deux la même chose, Lyhfaid. Nous voulons un roi pour nous mener à la vengeance. Et je sais où se trouve Cernunnos ! » Lyhfaid se leva d’un bond et jeta sur Agoth un regard brûlant d’impatience. « Assieds-toi, et écoute. Ton roi n’a pas fui, il se trouve toujours en Avagddu où Danu le retient prisonnier. Et ce sont les druides de ton peuple qui se sont faits les complices de ce crime pour avoir les mains libres et gouverner. Ceux-là mêmes qui ont fait massacrer les tiens, de peur que vous ne finissiez par découvrir la vérité. Car nul ne peut tuer celui qui a reçu le don de la déesse, et ils redoutent que vous parveniez à libérer Cernunnos. » Lyhfaid crut les mensonges d’Agoth. Il s’allia avec les meurtriers de son peuple.Légende keltoise transcrite par le docteur Abronsius, doyen de l’université royale de Kallienne.
En vérité, Agoth avait été envoyé par Scathach pour faire des Drunes les instruments de sa haine contre leurs anciens frères. Il ne lui suffisait pas de s’être vengée de Cernunnos, elle voulait davantage de souffrance pour le peuple de Kel. À ces fins, elle avait ordonné à Agoth, premier né des Formors, de mener sa horde contre les Drunes. Ceux-ci avaient utilisé des armes keltoises pour induire Lyhfaid en erreur et Agoth n’avait alors eu qu’à lui dire ce qu’il désirait entendre. Ainsi naissent les haines qui opposent les frères.


Les prophètes de l’Apocalypse.
Les Drunes, au contraire des Sessairs, utilisent couramment une forme d’écriture, certes primitive, mais dont la puissance évocatrice est surprenante. À tel point que, même sans parvenir à les déchiffrer, la simple contemplation de ces caractères suffit à suggérer leur sens profond à celui qui les regarde. Pour qui parvient réellement à les lire, les écrits des Drunes constituent une inépuisable source de cauchemars. La puissance de leur verbe est telle que leurs images s’imposent d’elles-mêmes à l’esprit de celui qui prend le risque de s’y exposer. Les écrits drunes ne relatent aucune légende. Ils ne participent d’aucune mythologie, pas plus qu’ils ne constituent de quelconques archives historiques. Les érudits qui ont traduit ces textes attestent que tous, sans exception, se rapportent à un seul et même thème : la haine qui oppose les Drunes aux dieux des Sessairs et par conséquent à ceux qui les révèrent. Cet ensemble de textes est connu sous le nom de « gnose », les Drunes y dissertant inlassablement sur leur relation au divin. Il s’agit là, bien entendu, d’une traduction de ce que les Drunes nomment quant à eux l’Abrahd an lyfh Scathach, littéralement « le livre de ceux qui voient parmi les ombres » ou encore « le livre de ceux qui voient en Scathach », « Scathach » pouvant également désigner la déesse qui trahit Cernunnos dans la mythologie keltoise. La gnose constitue le mode de pensée unique inculqué à chaque Drune dès sa naissance. Le phrasé étrange des sorciers Drunes qui ont en charge l’écriture de la gnose, les Wyrds, est impossible à retranscrire fidèlement. Les extraits de la gnose présentés ci-contre en sont une adaptation remaniée dans le but d’en faciliter la compréhension.
“Au crépuscule des dieux s’éteignent les faux augures et dans le flot épais de la rivière de sang disparaît jusqu’au souvenir de leurs mensonges le courant puissant charrie leurs ossements par-delà les terres des hommes et des bêtes. Jusqu’à l’océan de fiel où règnent les dieux la rivière inonde les terres maudites. Elle y dépose son limon de chair pourrissante et prépare le monde à un royaume de douleur. Ce jour viendra, de la main des Drunes qui prélèvent le prix du sang et lisent les signes.”
Ce premier extrait de la gnose est une parfaite illustration de la haine que vouent les Drunes aux dieux de leurs anciens frères. Ce texte est la promesse d’une guerre sans merci. Une guerre censée s’achever le jour où Cernunnos se libérera pour mener ceux qui lui sont restés fidèles à la victoire. Les Drunes pensent que leur roi légendaire a été trahi par Scathach, le double maléfique de Lahn, la divinité solaire, et par Danu dans le but de rendre aux « vrais » dieux la mainmise sur Avagddu. Il serait depuis lors maintenu captif, avec la complicité des druides sessairs, en un lieu encore inconnu des Drunes. Certains pensent que ce dieu-roi est emprisonné dans le tertre même de Danu, au cœur du bois sacré des Sessairs. Cette dernière hypothèse présente une analogie troublante avec les croyances sessairs. En effet, le Ard-Ri, le Haut Roi attendu par les Sessairs, est présenté comme l’élu pour qui le tertre de la déesse s’ouvrira de lui-même. Il est intéressant de constater que le roi des Drunes est censé sortir de ce lieu sacré. Ce n’est pas là la seule théorie avancée par les Wyrds. Certains prétendent que Cernunnos aurait été exilé dans un autre Royaume* et ne pourra en revenir que le jour où les Drunes auront infligé autant de souffrances aux Sessairs et à leurs dieux que Cernunnos en a subies. Cette croyance est à l’origine de la terrifiante réputation de tortionnaires que les Drunes se sont forgés, et il n’est aujourd’hui pas de pire crainte pour leurs ennemis que de tomber vivants entre leurs mains.
Le texte ci-contre est un autre extrait de la gnose évoquant les tourments qui sont infligés aux captifs des Drunes.
“Aux cris des mourants, l’éveil du roi. En brisant les corps, nous brisons les âmes. Car les esprits qui souffrent tourmentent les dieux. Neuf fois neuf morts sont infligées au supplicié. Ses cris résonnent de l’aube au crépuscule. Toute la nuit durant, il souffre en silence. Et hurle à nouveau tout le jour suivant. Au soir du neuvième jour, la terre dévore son corps et recrache son âme à la face des dieux.”
Le témoignage qui suit a été recueilli auprès d’un captif qui a assisté à un tel rituel. L’homme, vieillard d’une tribu Sessairs, fut épargné par les Drunes afin qu’il puisse rapporter à son peuple ce qu’il avait vu.
“-Nous étions vingt et un captifs. Quelques hommes, mais surtout des vieillards, des femmes et des enfants capturés alors que les guerriers avaient été attirés loin du camp par les Drunes. Le jour ne s’était pas encore levé lorsqu’ils nous ont emmenés dans une grande clairière. Cet endroit sentait la mort. Nous savions ce qui nous attendait et aussi que nous n’étions pas les premiers à venir ici. Les enfants pleuraient et les femmes gémissaient, suppliant pour qu’on épargne leurs fils et leurs filles. Je savais que leurs suppliques étaient vaines. La femme devant moi le savait aussi. Je l’ai vu étrangler elle-même sa petite fille à l’aide de ses liens. En cet instant, j’aurais été reconnaissant que quelqu’un en fasse autant pour moi. Dans la clairière, neuf piquets étaient disposés en arc de cercle. Un de leurs prêtres s’est approché de nous et m’a désigné. Ils m’ont attaché face aux poteaux. Puis le prêtre m’a coupé les paupières pour m’interdire de fermer les yeux… Ils ont fait de même avec tous les adultes. J’ai alors pensé qu’il leur restait un peu de pitié pour les enfants, mais je me trompais : ils commençaient par les enfants. Tout le jour durant ils les ont suppliciés sous le regard de leurs mères. Les prêtres leur faisaient régulièrement boire des drogues afin qu’ils ne perdent pas connaissance. J’ai vu des hommes et des femmes devenir fous. Je sentis moi-même ma raison vaciller. Jamais je n’avais imaginé que l’on puisse être aussi cruel. Je ne peux dire en détail ce que j’ai vu… Sachez seulement que ces enfants ont souffert autant qu’il est possible de souffrir et que rien ne leur a été épargné. Lorsque la nuit est tombée, les Drunes leur ont cousu la bouche pour les empêcher de crier. Mais les tortures ont continué. Au matin du deuxième jour, les adultes ont pris la place des enfants. Les prêtres leur ont fait subir le même sort. Ils agissaient méthodiquement et faisaient preuve d’une grande maîtrise pour empêcher les suppliciés de mourir et les garder pleinement conscients. Cela dura neuf jours. Au soir du dernier jour, ils furent enterrés vivants pour que leurs corps souillent la Déesse et que leurs âmes ne trouvent jamais le repos.

Histoire.
En chaque homme réside une part de bestialité et il arrive parfois que de tels instincts se réveillent chez certains individus. Quels événements, si tragiques fussent-ils, ont pu amener une communauté tout entière à renier son humanité ? D’après la mythologie sessairs, les Drunes quittèrent jadis Kel-An-Tiraidh, la cité des premiers Keltois, pour partir à la recherche de leur roi, Cernunnos. Il est en tout cas évident que la rupture entre les deux clans est liée à un désaccord concernant le choix d’un roi. Quel crédit apporter au reste des récits Sessairs ? Est-il vraiment besoin d’une intervention divine pour faire éclater une guerre civile au cœur d’un peuple aussi belliqueux ?

L’hypothèse historique.
Il apparaît en fait très probable que la haine ancestrale que se vouent ces deux clans est née d’une question de succession au trône. Partant de cette hypothèse, Cernunnos ne serait nullement un demi-dieu, mais un roi bien mortel, vraisemblablement trahi puis banni ou assassiné. De là naissent deux explications. La première veut que Cernunnos ait été tué et que ses partisans se soient vus contraints de fuir Kel-An-Tiraidh, soit pour sauver leur propre vie, soit pour protéger le successeur légitime de leur roi. La seconde théorie avance que Cernunnos pourrait simplement avoir été exilé avec tous ses partisans. Dans les deux cas, les Drunes ont donc abandonné leur peuple à la suite d’une crise grave. Le massacre de Drun Amaith qui vit l’anéantissement d’une grande partie des Drunes exilés est un événement attesté aussi bien dans les légendes sessairs que dans la gnose. Celui-ci trouverait alors sa justification dans la crainte des Sessairs de voir les exilés revenir en force pour reconquérir le pouvoir. Si l’on accepte cette hypothèse qui nie toute intervention des dieux, la lecture de la gnose prend un tout autre sens. La négation des dieux par les Drunes apparaît alors comme une dénonciation de l’hypocrisie des Sessairs dont la mythologie dissimule des actes de trahison derrière un voile de mysticisme. La quête de Cernunnos elle-même ne revêt plus alors qu’un aspect symbolique. Qu’il sorte du tertre de Danu ou bien qu’il se libère du Royaume où les dieux le retiennent prisonnier, Cernunnos apparaît en effet comme celui qui marque la fin du règne du divin. On peut donc penser que le Cernunnos que recherchent les Drunes n’est pas forcément l’être immortel des légendes keltoises. Tout comme les Sessairs recherchent le Ard-Ri, les Drunes recherchent l’élu qui reprendra le pouvoir à Kel-An-Tiraidh.

La part des dieux.
Il est cependant impossible de nier l’influence des dieux à certains égards. Les Drunes bénéficient en effet de l’aide d’alliés puissants en la personne des Formors et l’origine semi-divine de ces êtres ne fait aucun doute. Pour quelle raison les Keltois seraient-ils devenus l’enjeu, ou plus probablement l’instrument, d’une lutte entre les dieux ? Ce mystère prend d’autant plus d’importance que les Keltois ont donné naissance à tous les peuples humains d’Aarklash. On peut penser que tout ce qui les touche s’est forcément répercuté sur ces nouvelles sociétés.

L’exil
Après le massacre de Drun Amaith, nul n’entendit plus parler des Drunes pendant deux siècles. Les survivants de l’attaque trouvèrent refuge dans la forêt de Cær Mæd, où, pour échapper à leurs ennemis quels qu’ils fussent, ils eurent à affronter les dangers de ces bois que l’on dit hantés de toute éternité. Là, malgré leur faible nombre et un environnement des plus hostiles, ils parvinrent à prospérer. Drun Aeryfh, leur cité troglodyte, s’étendit peu à peu et les Drunes devinrent les maîtres incontestés de la forêt. Les premiers textes de la gnose sont de cette époque. Le ressentiment des Drunes était alors aussi grand que leur frustration de ne pouvoir se venger faute de n’être pas assez nombreux. Il est probable que les premiers contacts des Drunes avec les Formors s’établirent à la fin de cette période. Bien que les mythes Sessairs situent l’apparition des Formors après les tragiques événements de Drun Amaith, les premiers témoignages attestant de la présence de ces démons aux côtés des Drunes sont beaucoup plus récents. Nul ne connaît réellement la nature du pacte qui lie les Drunes aux Formors, mais cette alliance marque le point de départ de ce que les Sessairs nomment l’âge sombre.

L’âge sombre.
Bien longtemps après les événements qui causèrent la scission des deux clans, les Sessairs avaient, pour la plupart, relégué les Drunes au rang de mythes. Le premier fait attesté qui marque le début de la résurgence des Drunes est le rapt des enfants de Tain. Les Sessairs considèrent cet épisode tragique comme l’entrée de leur peuple dans l’âge sombre. Bardes et conteurs le chantent encore aujourd’hui.

Le rapt des enfants de Tain.
Aux confins de la plaine, où le vent mord la chair plus durement que l’acier. À l’ombre des Bois Noirs, s’élèvent les tertres de la tribu de Tain. Jadis pourtant, ils étaient puissants et leurs guerriers battaient la lande. Mais vinrent les démons et avec eux les spectres du passé. Dans l’aube blafarde de la saison froide, ils sont sortis de la forêt aux mugissements des trompes d’os. Et la désolation marchait à leurs côtés. Il y eut des cris de terreur et des suppliques pathétiques. Il y eut de féroces rugissements et des plaintes d’agonie. Il y eut enfin des pleurs et des gémissements de douleur. Lorsque tout fut terminé. Mais avant cela il y eut la fureur des combats alors que les hommes de Tain tentaient de repousser les assaillants. En vain. Car jamais ils n’avaient eu à affronter une telle rage. Sauvages et pleins de haine, les hommes de la forêt les tuèrent pour moitié et désarmèrent les autres. Ceux-là envièrent les premiers. Car ils virent ceux qui se nommaient Drunes brûler le ventre de leurs femmes pour que plus jamais elles n’accueillent la vie. Puis eux-mêmes eurent les mains tranchées et ne manièrent plus ni la lance ni le glaive. Alors seulement les Drunes s’en furent, emmenant avec eux tous les enfants de la tribu de Tain. Mais le silence ne revint pas. Et pendant neuf jours et neuf nuits les Bois Noirs résonnèrent des cris de leurs fils et de leurs filles. Aux confins de la plaine, où le vent mord la chair plus durement que l’acier. À l’ombre des Bois Noirs, s’élèvent les tertres de la tribu de Tain. Le silence est revenu sur la plaine. Mais leurs guerriers ne battent plus la lande. Par la suite, les Drunes et leurs alliés s’aventurèrent régulièrement et de plus en plus loin sur la plaine d’Avagddu. De nombreux villages furent victimes de pareilles attaques. Et chaque fois le scénario était le même. La plupart des guerriers présents étaient massacrés ou mutilés et les Drunes repartaient, emmenant avec eux une poignée de prisonniers que nul ne revoyait jamais. Finlaidh aux Cent Chevaux était alors roi en Kel-An-Tiraidh. Plusieurs chefs des tribus de l’Est vinrent le presser de lever une armée pour porter la guerre sur le territoire drunes. Mais Finlaidh ne voulut croire à la réapparition des Drunes ; il pensait que ces chefs venus quérir son aide cherchaient à le manipuler pour mener une guerre personnelle contre d’autres tribus sessairs. Peut-être même voulaient-ils l’attirer loin de Kel-An-Tiraidh pour y prendre le pouvoir. Les chefs s’en retournèrent donc chez eux sans avoir obtenu gain de cause, mais ils décidèrent tout de même d’unir leurs forces pour marcher sur la forêt de Cær Mæd.

La rivière de sang.
Forte de près de quatre cents guerriers, l’armée des tribus de l’Est parvint aux abords de Caer Maed à la veille de Luaidh. C’était là un bon présage, car mener une bataille en ce jour attirerait sur eux la protection de Fiann. Le jour suivant, les chefs se réunirent pour établir un plan de bataille. Après plusieurs heures de discussions, ils n’étaient cependant pas parvenus à se mettre d’accord sur la stratégie à adopter. Chacun revendiquait le commandement de l’armée. Devant l’impasse de la situation, il fut finalement décidé que chacun mènerait ses hommes et, quelques heures après l’aube, tous s’engagèrent dans la pénombre de la forêt avec leur suite. Ils marchèrent longtemps, s’enfonçant toujours plus loin sous les frondaisons des arbres gigantesques. Plus ils progressaient, plus la forêt se faisait silencieuse. La végétation elle-même était différente. Dépouillée, terne et torturée. Les Sessairs finirent par faire face à une ravine, peu profonde mais large de cinquante pas et si longue qu’elle balafrait la forêt sur toute sa largeur. Les chefs sessairs se réunirent à nouveau. Ils redoutaient que l’ennemi profite de l’endroit pour leur tendre une embuscade, mais ils furent à nouveau incapables de prendre une décision. Aucun d’entre eux ne voulait prendre le risque de franchir l’obstacle le premier, de peur de s’y trouver pris au piège. Certains chefs proposèrent de longer la faille afin de la contourner, mais d’autres arguèrent qu’en agissant de la sorte ils risquaient d’être surpris par la nuit avant d’avoir pu livrer bataille. Finalement, après que leurs éclaireurs leur ont rapporté qu’aucune force ennemie ne se trouvait de l’autre côté, ils se décidèrent enfin à traverser. Alors que les trois quarts de l’armée avaient déjà pris pied de l’autre côté, un concert de trompes se fit entendre dans le dos de ceux qui se préparaient à traverser. Les chefs sessairs comprirent alors leur terrible erreur. Alors qu’ils pensaient tomber face à face avec les Drunes ; ceux-ci les avaient laissés passer. Et maintenant que les forces des Sessairs étaient divisées, les Drunes passaient à l’attaque, fondant sur leurs arrières. Le manque de cohésion des chefs sessairs causa leur perte. Pendant que certains ordonnaient à leurs hommes de retraverser le ravin pour se joindre au combat, d’autres faisaient sonner la retraite, sachant que les Drunes ne se risqueraient pas à entrer eux-mêmes dans le piège que constituait la gorge. Le combat tourna rapidement au massacre. Les Sessairs se bousculaient du côté où se déroulait le combat et les Drunes ne mirent pas longtemps à les éliminer, se rendant maîtres de ce côté du fossé. Pris au piège sur l’autre bord, les Sessairs ne pouvaient plus faire demi-tour. Ils avaient perdu un tiers de leurs forces dans cet affrontement et, la nuit approchante, ils ne pouvaient se risquer à poursuivre leur avance dans l’obscurité. Ils résolurent donc d’établir leur camp ici, car ils pourraient au moins empêcher l’adversaire de traverser lui aussi. Des éclaireurs furent envoyés pour longer la faille et repérer un éventuel passage. Aucun ne revint. Deux heures après la tombée de la nuit, les guetteurs ne distinguèrent plus une seule silhouette ni ne perçurent le moindre bruit de l’autre côté du fossé. Une fois encore la discorde régna parmi les chefs. Certains craignaient que les Drunes n’aient traversé ailleurs pour les attaquer à la faveur de l’obscurité. Les autres étaient persuadés qu’il s’agissait d’une ruse pour les inciter à retraverser la gorge et à se jeter à nouveau dans le piège. Soudain, alors qu’ils perdaient leur temps en vaines disputes, une clameur s’éleva dans les ténèbres. Les Formors attaquaient à leur tour. Dans l’obscurité et la fureur des combats, les Sessairs pensèrent que les Drunes avaient abandonné l’autre versant pour les contourner. Oubliant toute velléité de bataille, ils ordonnèrent une retraite désespérée pour fuir cette forêt maudite. De l’autre côté de la faille, les Drunes, silencieux, attendaient. Des quatre cents guerriers des tribus de l’Est, pas un ne vit le soleil se lever, et beaucoup racontent que depuis ce jour le ravin charrie une rivière de sang qui jamais ne tarit. L’issue tragique de la bataille découragea les Sessairs. Ils n’engagèrent plus les Drunes sur leur territoire. La forêt de Caer Maed est aujourd’hui considérée comme un lieu hanté et maudit. À tel point que les Sessairs pensent que les dieux eux-mêmes y sont impuissants et que seul le Ard Ri pourra les mener à la victoire finale contre les Drunes.

Les mangeurs d’âmes.
Les Drunes sont des guerriers féroces qui ne craignent pas la mort. Leur réputation de tortionnaires incite bien souvent leurs adversaires à prendre la fuite avant la bataille. Leur cruauté ne suffit pourtant pas à expliquer à elle seule l’indescriptible horreur causée par la seule évocation de leur nom. Les technomanciens syhars et les nécromanciens d’Achéron sont également capables de commettre les pires atrocités pour parvenir à leurs fins, pourtant la crainte qu’ils inspirent n’a rien de commun avec l’incoercible terreur mêlée de dégoût associée aux Drunes. Une fois encore, la clé du mystère se trouve dans la gnose.
Le Drune nourrit sa force et abreuve sa colère aux veines de ses ennemis. Leur chair est sa pitance car ainsi il leur prend tout ce qu’ils ont jamais possédé. Il mange aussi le cœur et l’esprit de ses frères et c’est ainsi que le guerrier de Cernunnos devient plus fort.”
Le passage ci-contre est sans équivoque. Il confirme ce que bien des récits plus ou moins fictifs suggéraient déjà : de tous les peuples humains, les Drunes sont les seuls à manger la chair de leurs semblables. Ce cannibalisme trouve probablement son origine dans des périodes de famine qui frappèrent les Drunes lors de leur exil. Il semblerait toutefois qu’au fil des décennies, la consommation de chair humaine par nécessité se soit transformée en un acte rituel. À l’heure actuelle, les Drunes pratiquent une forme double d’anthropophagie. La première consiste à manger la chair des ennemis du clan. Cette pratique trouve sa symbolique dans la volonté des Drunes d’annihiler totalement leurs adversaires. Ainsi, manger un ennemi, c’est le détruire. Totalement. Les hommes aussi bien que les femmes et les enfants drunes prennent part à ce rite car il participe du devoir du clan tout entier. La seconde forme d’anthropophagie observée est réservée aux guerriers et aux Wyrds. Elle consiste à manger le cœur et la cervelle de membres défunts du clan. Cette pratique très ritualisée recourt à l’utilisation d’une forme primitive de nécromancie. Par ce procédé, les Drunes pensent préserver au sein du clan l’essence de ses membres les plus éminents.


L’agonie de Neryl.
Lorsque Neryl recouvra ses esprits, il pouvait à peine respirer. Un poids énorme lui compressait la poitrine au point qu’il faillit perdre à nouveau connaissance. Lorsqu’il tenta de se dégager, la douleur qui lui vrilla la jambe l’éveilla pour de bon. En tournant la tête, il s’aperçut que le corps de l’un de ses compagnons d’armes était étendu sur lui. Lui ne semblait pas avoir de problème pour respirer. Il ne respirait plus du tout. Et à en juger par le poids, d’autres cadavres devaient être entassés par-dessus. Il pouvait à peine bouger et ne distinguait que très vaguement son entourage. Il pouvait voir les arbres sombres qui défilaient lentement sur le côté et il percevait de temps en temps quelques mots prononcés dans une langue qui lui rappela le dialecte des Keltois. Alors il se souvint. C’était la veille. Il faisait route vers le sud avec sa compagnie pour rejoindre Alahan. La phalange d’archers et de lanciers du Lion escortait l’ambassadeur Vohel de retour de Tir-Nâ-Bor. Ils avaient pourtant pris soin de longer l’estuaire du fleuve Migol afin d’éviter de traverser la forêt de Cær Mæd, mais les Drunes les avaient tout de même repérés. Au troisième quart de garde, alors que la lune était voilée par d’épais nuages, ils avaient attaqué le bivouac des Barhans. Préparés à une telle éventualité, les Lions n’avaient pas cédé à la panique et avaient rapidement organisé la défense. Dans cette obscurité impénétrable, les archers s’étaient révélés totalement inefficaces et les fiers lanciers avaient finalement été submergés. Neryl ne se souvenait que des cris de douleur et de rage qui s’élevaient alors tout autour de lui. Il avait ensuite ressenti une formidable douleur à la cuisse. Puis, plus rien. Maintenant, il avait la sensation d’être traîné au sol sur une civière rudimentaire. Chaque cahot lui broyait un peu plus la jambe. Les arbres cédèrent la place à une paroi rocheuse. L’atmosphère froide et humide lui laissa penser qu’il se trouvait désormais dans un boyau souterrain. Les murs semblaient répercuter l’écho d’une étrange clameur qui amplifiait au fur et à mesure que le convoi macabre s’enfonçait sous terre. Neryl ne comprenait pas la signification des mots qu’il entendait. L’intonation de ces voix, leur tessiture profonde lui parurent cruellement évocatrices. Ces voix étaient celles d’êtres affamés. Bien plus que le besoin de se nourrir, elles traduisaient une faim sauvage et irrépressible, à la limite de la douleur. Il se sentit envahi par un sentiment de panique à l’idée d’être bientôt confronté à ces êtres, mais il ne pouvait toujours pas bouger. Les plaintes se firent plus proches. Soudain elles se muèrent en une ovation féroce. Il distinguait maintenant des torches qui éclairaient la voûte d’une haute nef naturelle. D’immenses stalagmites s’élevaient vers le plafond comme des chandelles. Il ne voyait toujours pas les visages de ses hôtes. Le vacarme était maintenant assourdissant et terrifiant. Les voix traduisaient une voracité qu’on ne rencontre que chez des bêtes sauvages. Neryl sentit alors le poids sur sa poitrine se faire plus léger. Son soulagement fut toutefois de courte durée. Les cris se firent plus rageurs et d’autres sons écœurants se mêlèrent à l’ignoble concert. Les craquements des os et les bruits de mastication ne lui laissaient plus aucun doute sur ce qui se passait autour de lui. Son cœur battait à tout rompre et l’adrénaline affluait à son cerveau pour l’obliger à trouver une échappatoire. Les Drunes le pensaient certainement mort. Cela, il en était certain car il savait quel sort horrible ces sauvages réservaient aux captifs. Que faire maintenant ? S’il se manifestait, il serait supplicié et endurerait une mort plus atroce encore. Et avec sa jambe cassée, il ne pouvait espérer s’enfuir.  Il n’avait plus aucun espoir de salut. Il le savait et cherchait désormais le moyen de trouver une mort rapide. Il tâtonna autour de lui, à la recherche d’une dague providentielle, mais sa main ne rencontra que les corps de ses compagnons. C’est alors qu’il sentit qu’on enlevait le corps qui se trouvait sur lui. Aussitôt il ferma les yeux et adressa une prière muette à Arïn pour qu’il le prenne sous sa protection, mais dans les souterrains des Drunes, les dieux n’ont aucun droit. Lorsque dix paires de mains avides se saisirent de lui, Neryl ne put contenir un hurlement de terreur.

Cry Havoc Nr.15 Page 37.
Contrairement aux idées reçues, les fléaux drunes ont développé une civilisation raffinée et complexe, bien qu’elle ne repose ni sur les arts ni sur la technologie… Les clairvoyants de Caer Maed sont des philosophes. Ils ont développé un système de pensée aussi puissant que monstrueux, basé sur tout ce que les gens ordinaires connaissent de plus ignoble et de plus terrifiant : la torture, l’anthropophagie, le meurtre… en défiant les Dieux, ils sont devenus les ennemis de tous les autres peuples : une rebellion qui met en péril leur survie même.

La Chaine des Fléaux.
Caer Maed, dans les profondeurs des Bois Noirs, dans les entrailles du mont Silence… Une civilisationcomplexe, d’aucuns diraient décadente, s’y est développée, presque invisible. En dehors des Druneseux-mêmes, aucun peuple d’Aarklash ne peut prétendre comprendre le fonctionnement et la naturede cette société construite dans les Ténèbres, sur les Ténèbres et par les Ténèbres. Le mode de vie et la philosophie des Clairvoyants de Caer Maed mettent en avant les aspects les plus sombres de l’âme humaine, des aspirations qui vont au-delà de concepts simplistes tels que le bien et le mal. Les Drunes sont l’incarnation même des Ténèbres, ils en ont exploré les méandres jusqu’à en découvrir l’essence. L’organisation des Drunes est, elle aussi, plongée dans les ténèbres. À leur tête, les wyrds qui régentent la vie quotidienne de chaque fléau. Derrière ces personnages, une autre strate de ténèbres, plus profonde encore, entoure le conseil des seigneurs wyrds : sept chefs de fléaux, le grand prêtre de la nécropole, ainsi qu’un neuvième personnage, le mystérieux OEil Mort, décident du futur du clan des Drune. Pour qui en a le courage, il est possible de s’enfoncer encore plus profondément dans les ténèbres, derrière ces seigneurs, car le neuvième seigneur wyrd vit reclus dans les Bois Noirs, craint par tous les Clairvoyants. Qui sait quelles ténèbres se cachent derrière lui ? Pour ceux qui ne voient pas dans les ténèbres, ce mode de vie est un échec. Les Clairvoyants de Caer Maed se sont condamnés à une extinction plus ou moins rapide : chaque année, les Drunes sont moins nombreux et plus isolés. Leur développement philosophique a échoué à résoudre leurs deux problèmes antinomiques : les Clairvoyants de Caer Maed sont poussés par une nécessité impérieuse, la survie, et poursuivent un but inaccessible et suicidaire, la mort des dieux. Ils ont besoin de survivre en dépit de l’opposition presque universelle de tous les peuples d’Aarklash. La loi d’acier de la survie et le refus absolu des règles édictées par les dieux ont conduit les Drunes à concevoir une société aussi complexe qu’inhumaine. Elle est basée sur une succession de choix qui ne peuvent que les emmener vers les ténèbres les plus absolues, les emporter si loin de la condition humaine qu’ils seront définitivement perdus pour les dieux. La condition féminine en est l’exemple le plus flagrant, bien que tous les Clairvoyants de Caer Maed soient soumis à des choix similaires. Les Drunes méprisent profondément les peuples moins éclairés qu’eux-mêmes, qui estiment nécessaire d’asservir les femmes et les condamnent à un destin immuable : fille, épouse, mère. Les femmes drunes sont libres. Elles peuvent choisir de rester dans les profondeurs de Drun Aeryfh et de consacrer leur existence à l’enfantement. Certaines choisissent de devenir des lanyfhs et servent d’éclaireurs, de première ligne de défense à Drun Aeryfh. Une minorité enfin décide de devenir guerrières, parmi les karnaghs ou en intégrant un état-major par exemple. Elles sont rares, car les femmes sont une ressource précieuse en tant que génitrice de futurs Drunes. Si ce choix leur appartient, les wyrds ont fait en sorte qu’il soit difficile : l’éducation des femmes ne met pas l’accent sur le combat. Quel que soit le choix de ces femmes, toutes vivront une existence exempte de douceur et de pitié, comme tous les Drunes. Les génitrices porteront enfant après enfant, jusqu’à leur mort. Les lanyfhs seront laissées à mourir de faim dans les Bois Noirs et ne survivront que tant qu’elles parviendront à manger et à tuer comme des bêtes sauvages. Les guerrières sont destinées au combat et seront sacrifiées dès que nécessaire en prenant uniquement en compte les impératifs tactiques et stratégiques. L’inaccessible objectif des Drunes, faire disparaître les dieux, a profondément influencé leur mode de pensée et leur manière de vivre. Pour éviter les manipulations de dieux séducteurs, les Drunes se conçoivent comme les rouages aveugles de leur société. Celle-ci ne reconnaît pas l’individu, uniquement la fonction de chacun dans l’organisation sociale. Même dans la mort, ils tentent encore d’échapper à l’emprise divine, en momifiant les défunts afin de piéger l’âme dans le corps. Quant aux fous qui continuent d’adorer les divinités, les Drunes leur réservent un traitement de choix. Devenus le véhicule du message de révolte drune, ils sont torturés avec raffinement. Leur douleur est envoyée aux dieux. Quant à la chair et à l’âme des suppliciés, elles sont offertes à l’appétit des Clairvoyants de Caer Maed, qui volent la force de leurs adversaires et en privent les dieux !

La Gnose.
La Gnose est à la fois une philosophie et une doctrine spirituelle qui régente la vie (et la mort) des Drunes. Son fondement unique est le suivant : les dieux sont maléfiques et trompeurs. Ils ne cherchent rien d’autre que leur propre puissance et la destruction des mortels. La Gnose s’attache donc à décrire les moyens de lutter contre les dieux et d’échapper à leur emprise. En plus de considérations philosophiques de très haut niveau, elle offre des conseils d’hygiène de vie, présente des manières de se comporter et détaille de nombreuses actions que tout Clairvoyant devrait entreprendre pour lutter contre les dieux. Purifications spirituelles, cannibalisme, méthodes de torture ou encore régime alimentaire sont des sujets traités en détail par la Gnose, afin de fournir toutes les armes et toutes les méthodes de défense contre l’ennemi divin. Peu de mortels, en dehors des Drunes eux-mêmes, ont eu l’occasion de consulter cette somme considérable de savoirs. Les rares qui y sont parvenus se sont tous accordé à reconnaître l’extraordinaire profondeur des analyses drunes… ainsi que l’inhumaine horreur véhiculée par cette philosophie !

Les Drunes sont nés à la suite d’une querelle politique et mythologique : le seul roi qu’ils reconnaissent est Cernunnos, le Roi cornu, qui a disparu pendant l’âge mythique des Keltois. Ce roi a choisi de s’exiler à la suite des manipulations d’un dieu jaloux, mais les Clairvoyants de Caer Maed savent qu’il reviendra un jour. Ils l’attendent, contrairement aux autres Keltois qui ont reconnu d’autres souverains et rompu, ce faisant, leur serment d’allégeance. Ce n’est cependant pas le seul motif qui poussa les Drunes à un exil définitif. Alors qu’ils venaient de se séparer des tribus de la plaine, leurs campements furent attaqués, leurs femmes et leurs enfants massacrés par les serviteurs des dieux. Cela ancra définitivement la haine des dieux dans le coeur des Drunes. Aujourd’hui, ils sont aidés dans leur quête de destruction par l’Ombreuse, une entité maléfique qui a engendré les monstrueux formors, et par les formors eux-mêmes.

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