Xhérus le Visionnaire

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1 Figurine par Carte

Concept : Christophe Madura

Sculpture : Yannick Fusier

Profil : Rackham

Socle : Infanterie 3 Cm

Taille Unité : Petite

Classe : Sire des Rats

Rang : Incarné Dévot 1

Affiliation :

Date de Sortie : Mai 2002

Équipement(s) :

Compétence(s) :

Instinct de Survie/ 6, Dévot de Rat/ 7.5
(Artefact/ 1, Pièté/ 2)

Artefact(s) :

Sceptre de Communion

Miracle(s) :

Contemplation des Royaumes
Marée du Dieu Rat
Égarement

Background :

Sceptre de Communion
L’écriture a été élevée au rang d’art chez les Gobelins, même si les patois locaux et les variantes usuelles sont légion. Xhérus a consacré son existence à méditer au plus profond des égoûts de Cadwallon, proche des nombreuses incarnations du dieu Rat. Aveugle de naissance, les rats devinrent ses yeux et ses oreilles. Le jour vint où Xhérus fut introduit à la cour du Grand Rat, incarnation de son dieu en ces lieux. Il découvrit alors de ses doigts fébriles que le Grand Rat était réduit à l’état de squelette depuis longtemps et que sur ses os étaient gravés une base de langage unanimement compréhensible par les Gobelins. Pour Xhérus, une ère nouvelle commençait… Depuis cette formidable découverte, le Dévot Gobelin cherche par tous les moyens à généraliser le langage du dieu Rat parmi ses frères. L’ermite est devenu lettré. Même l’Empereur de tous les Gobelins, Izothop, semble très intéressé par ce nouveau mode d’expression révolutionnaire.

Cry Havoc Nr. 7 Page 58.
ON CREVAIT DE FAIM, EN VRAI.
Il f’sait pas bon vivre c’t’hiver-là. Toutes les troupailles étaient parties vers l’Est lointain pour combattre les nains. Fallait reprendre les cavernes sacrées qu’ils disaient. Alors, Klûne s’était ébranlée avec les nobles chevaliers, les Ströhm et les milices, plein d’étendards et même la musique. Ah, c’était bien beau à voir, sûr, sauf que nous on mourait dans les mangroves. Mes gniards draguaient les eaux pour chercher des racines et la petiote était partie voir Rat l’an passé. La morvure des marais l’avait emportée. Ça pardonne pas, la morvure, puis c’est pas joli joli. Sans trop de raison, les Keltois s’étaient mis à nous attaquer dans les villages champignons et personne v’nait nous aider. On compte pas, nous, les provinciaux des tourbières. On crevait de faim, en vrai. J’essayais d’engrosser la Bonnie pour nous faire du renfort, mais on n’allait pas tenir long. On carillonnait, le soir venu, pour que Rat nous aide un peu, au moins pour manger, et pour qu’il aide not’emp’reur à voir qu’on avait besoin qu’y pense à nous aut’. C’est là qu’Rat nous a aidés. Son prophète élu est venu, en guenilles, courbé sur un os qu’on aurait dit de troll et il nous a parlé de Rat qui nous avait libérés et de nous, qui étions tout pareils à des esclaves dans nos bicoques. Les rats couraient partout autour de lui et dans sa chemise en haillons. Une semaine durant, il s’est assis sur la place ronde en racontant des histoires du dieu. Les gens v’naient de loin pour le voir. La Bonnie et moi, on y allait aussi, les heures creuses, pour prier Rat. Il r’gardait le ciel, la boue et les champignons, mais il r’gardait jamais en face. On s’est rendu compte qu’il était aveugle et sourd, qu’c’était les rats ses yeux et ses oreilles ! Ça nous mettait en joie de l’entendre. Enfin, on comptait pour quelqu’un d’important. À la fin de la semaine, on était plus d’une centaine sur la place, et des maraudeurs nous avaient rejoints. J’me sentais fier parce que j’me disais « si les Keltois arrivent, on va les défoncer ». J’voyais pas plus loin que l’bout d’mon nez. Le prophète continuait à parler, à raconter sa vie à lui : comment il avait trouvé les ossements du Grand Rat dans une ville et comment il s’était caché pendant des années à déchiffrer les gravures sur les os de ses côtes. Il s’appelait Xhérus, et c’était un visionnaire. Maintenant, il avait quitté la ville et il voulait lire les messages de Rat et nous les traduire. Comme on n’avait pas de livres, on comprenait pas fort ce qu’il voulait chez nous, alors il nous a expliqué : le monde est plein de messages, suffit d’écouter. Moi, ça m’a marqué ce qu’il a dit, j’me suis senti poète d’un coup. J’ai eu un drôle de frisson et mes poils se sont dressés. Même aujourd’hui, je me demande ce qui m’a pris ce jour-là. J’me suis levé et j’ai dit « Xhérus, prophète, j’me sens poète ». Lui, ça l’a foudroyé. Il s’est mis à marcher en crabe en faisant drelin-drelin avec sa clochette et il a crié « la Neuvième Pompe ! », puis il s’est évanoui. Quand il s’est réveillé, il m’a fait venir et m’a dit : « c’est Rat qui a parlé par ta bouche. Ta phrase est la première que j’entends de mes oreilles depuis dix années et elle m’a indiqué le chemin. La misère n’est pas une fatalité, pas plus que la faim ni la maladie. Viens avec moi et, ensemble, nous irons chercher la Neuvième Pompe de Rat pour faire naître l’abondance. Avec elle, plus aucune terre ne pourra plus résister à la marée de notre peuple et toi, tu y traceras les sillons de l’avenir. ».

MAIS DEMAIN ALLAIT CHANTER.
Alors, j’ai tout quitté. La Bonnie me f’sait « au revoir » de la main en pleurant. Ça m’a fendu le coeur, mais j’ai quand même suivi l’prophète. C’est la dernière fois que j’ai vu la Bonnie et, depuis, ça m’fait tout triste de penser que p’têt, j’l’ai perdue pour rien. Mais demain allait chanter. On croyait ça, nous. Chacun s’imaginait la Neuvième Pompe à sa façon : pour certains, c’était un sabot qui pouvait invoquer des géants, pour d’autres, c’était un chausson de fertilité. Moi, j’étais plus malin : si c’était une pompe de Rat, elle pouvait pas être normale, elle devait être gigantesque et avoir neuf orteils. Xhérus nous disait rien et son silence nous poussait à échafauder des théories plus immenses encore. La foi nous donnait des ailes. En passant dans les villages, on r’crutait à tour de bras, on r’jetait personne. Xhérus nous disait que le dieu lui avait donné de nouvelles forces. Les rats nous suivaient par milliers et lui, il leur parlait à tous. Il était devenu conscient. On formait une sacrée bande, avec des miliciens déserteurs, des flibustiers atteints du mal de mer et des villageois en goguette. J’étais pas le seul à fixer sur les Keltois. Les aut’ pensaient pareil, alors on s’est mis en route vers les plaines avec not’ prophète qui suivait. Il disait plus rien et nous, on savait pas où la trouver, la Pompe. Bêtement, on s’est dit : « c’est les Keltois qui l’ont, c’est obligé ». C’est comme ça qu’on a fondu sur leurs villages en hurlant qu’on voulait qu’ils nous rendent la Pompe. On dev’nait fous : des fois on s’battait, des fois on dansait avec eux. On f’sait n’importe quoi en s’disant qu’ça allait plaire à Rat et qu’il allait parler au prophète. Au neuvième village, ivres d’hydromel keltois et de prières, on s’est dit qu’il fallait fêter l’occasion et on a dressé un mât gigantesque où on a accroché des papiers à voeux. On les dictait au prophète et lui, il les écrivait dans la langue universelle de Rat, un alphabet qu’il était seul à lire mais qu’on f’sait tous semblant de savoir. On a rajouté des cloches, des grelots et des têtes de Keltois – enfin d’ceux qui nous avaient énervés – sur le mât. Il en jetait des masses, le mât. Tellement, qu’on s’est dit qu’on allait l’emporter. Le prophète nous a annoncé qu’on avait dressé la figure de proue d’une arche fabuleuse et que les habitants de l’arche, c’était nous. On comprenait rien, mais ça f’sait sérieux et on était d’accord. Avant l’arche, on chantait les airs de la chorale des temples, on f’sait trois ou quatre signes et on agitait les sonnantes pour se sentir religieux, c’était assez. Seulement, en portant la proue, on a réalisé que, bon sang, c’était une mission divine, les gars, pas juste des pillages pour rire avec les copains. C’était pas pour faire le guignol que j’avais laissé la Bonnie et les gniards. C’était le premier tournant, le début de la prédication.

LA PRÉDICATION.
Xhérus avait trouvé l’inspiration qu’il cherchait. Il parlait tout l’temps en s’frottant les tempes et, des fois, il criait des formules à tue-tête. On en tenait une sévère : on s’arrêtait en plein repas et on s’mettait à réfléchir sur la vie, les dieux ou le monde. On s’posait des questions comme « pourquoi le ciel ? » ou « que se passe-t-il avant la vie ? ». On s’les posait tout le temps, même le jour où on s’est ramassé la horde de vengeance des fiannas de Danu. J’me souviens aussi d’avoir d’mandé à un minotaure qui m’chargeait s’il avait déjà vu un lièvre à corne, rapport au prophète qui nous avait dit la veille « la vie, c’est comme une corne de lièvre : on la cherche et on peut pas la trouver » mais j’ai jamais su s’il en avait vu ou pas, parce que l’temps qu’il y pense, on était douze dessus pour l’achever. On était des gueux, nous aut’, et on avait décidé qu’on s’rait pas pareils aux aut’, qu’on allait tout partager et qu’on aurait pas d’chef. Ça marchait bien, au début, mais après on s’est crus très malins en s’disant qu’on allait donner les grosses parts de trouvailles aux plus fidèles de la bande. Le système d’avant c’était : « tu trouves un fourbi, tu cours vite, il est à toi » ; puis c’est devenu : « tu trouves un fourbi, toute la bande te tombe dessus et ceux qui font semblant d’prier l’plus fort te le barbotent ». Forcément, ça plaisait pas aux bons coureurs. C’était les plus radins les plus dévots. Ils disaient qu’ils s’abîmaient en prières. Pour faire authentique, ils rampaient sur des cailloux ou se fouettaient le dos et montraient aux autres à quel point ils s’étaient abîmés. On clopinait tous en tintinnabulant à qui mieux mieux, on s’pelait les flancs à grands coups de lanières et on r’gardait les terriers en s’extasiant sur les furets pendant des heures. Ça commençait à sentir le champignon velu. Le prophète était survolté. Il courait partout en lançant des phrases énigmatiques en l’air. Il m’aimait bien. Je crois qu’il pensait que j’avais été choisi par Rat et j’avais triple ration à chaque étape. On trouvait pas trace de la Neuvième Pompe, mais les efforts du prophète et les prodiges qu’il accomplissait suffisaient à nous donner confiance. Il multipliait la boustifaille, invoquait des rats par milliers, guérissait les malades et expulsait les mauvais esprits. On n’avait plus peur de rien. Moi, bien nourri et proche de Xhérus, j’pensais moins aux pauvres de la bande et à mes frères des tourbières. Finalement, j’me disais qu’c’était la vie d’un fidèle et qu’c’était dans l’ordre des choses. Je devais avoir l’air aussi fou que les autres et, vu que ça m’arrangeait, j’me posais plus de questions. Marrant ça, comme après m’être interrogé mille fois, j’doutais plus d’rien puisque j’avais réponse à tout.

EN ROUTE POUR LARECONQUÊTE !
Un matin, on s’est lancés. On a pris la proue de l’arche et on a déchiré nos habits. Xhérus a poussé un cri terrible et il a dit : « Rat ne veut pas nous répondre car les prêtres ont dévoyé son appel. Ils ont abandonné nos temples entre les mains des ennemis de notre dieu. Rat ne veut pas de ces prêtres iniques. Mes frères, la foi nous rend forts, la foi nous rend invincibles. Partons pour les temples de la Ceinture des géants et reprenons-les, un à un, aux peuples orgueilleux qui les ont faits leurs ! Rat nous guidera et, dans sa foulée puissante, nous trouverons la Neuvième Pompe ! » Ça y était. Enfin ! On s’est ébranlés et on est partis en une colonne ardente pleine de cris et de chants. Les couinements des fidèles se mêlaient au fracas des cloches pour produire le son qui plait à Rat tout au long du chemin vers la Ceinture des géants. Et partout, les Keltois fuyaient devant notre marée. En arrivant devant les premiers temples, les prêtres officiels de Rat nous attendaient. Ils nous ont fait un prêchi-prêcha, disant qu’il fallait laisser les temples pour respecter un accord passé par l’ancien empereur. Nous, on s’en moquait du vieil accord, ces temples étaient les nôtres, à la fin ! Les prêtres s’embrouillaient, ils parlaient des Keltois qui avaient ouvert des boutiques dedans et du cours du fromage qui allait chuter, puis des invasions qui s’ensuivraient. Alors, on en a cloué deux ou trois à la proue de l’arche, histoire de montrer qu’on rigolait pas, et les autres ont dit que, finalement, on devait avoir raison : cette proue était miraculeuse. Avec elle, on a enfoncé la porte des temples et, pataugeant dans le petit lait et le fromage de brebis, on a dérouillé les Keltois. Devaient vraiment nous détester les Keltois, à force. À chaque temple repris, toutes sortes de rats nous rejoignaient en signe de la faveur du dieu. J’ai vu des musaraignes, des rats géants hauts de trois mètres, des hamsters pas plus gros qu’mon pouce et même des lemmings qui venaient pour mourir. On avait déclaré que les rats étaient les envoyés du dieu et que tuer un rat, c’était tuer un gobelin. On s’enfumait toute la journée avec des tiges d’encens qu’on roulait dans leurs bouses ou avec des blocs que les gniards portaient dans des vasques. Rien qu’à l’odeur, on gagnait des batailles sans sortir le fendoir. Temple après temple, on devenait une véritable armée. Deux semaines plus tard, tous les sites de la Ceinture des géants avaient été repris. La nuit résonnait en permanence du son des carillons et des gémissements de croyants gavés de l’indigeste fromage d’Avagddu. On pouvait voir briller les feux de not’bande sur toutes les crêtes. On tenait la région. On était des gens qui comptent.

ON ÉTAIT DES GENS QUI COMPTENT.
Avec nos victoires, on avait attiré toutes sortes de gobelins. Moi, les nouveaux venus me plaisaient pas trop. Ils avaient l’air de conspirateurs. Ça chuchotait au soir, autour des feux, et on n’entendait plus guère les clochettes. Les rumeurs allaient bon train, annonçant la venue des Keltois ou celle des gardes Ströhm dont on savait pas bien s’ils allaient nous rallier ou nous décimer. En tournant autour des temples, j’passais des groupes de miliciens en cagoule que j’avais jamais vus avec nous avant. De temps en temps, des bombinettes de naphte explosaient dans un campement ou un autre et les murmures reprenaient de plus belle. Bref, les agitateurs avaient rejoint notre bande et pour s’agiter, ça s’agitait. J’étais inquiet et j’ai décidé d’en parler à Xhérus. Pour me rassurer, il m’a dit qu’il venait d’informer l’Empereur à Klûne et lui avait d’mandé de rallier la quête de la Neuvième Pompe. Il était content de son idée, mais j’dois dire qu’moi, ça m’disait rien qui vaille. Deux jours après, on a entendu la marche impériale et les nobles chevaliers Ströhm sont arrivés, encadrés par des officiers de la G.A.G.. Neuf hérauts montés sur des rats leur ouvraient le chemin. On n’en menait pas large ! Ils sont allés droit vers le temple où Xhérus priait et ils ont discuté avec lui pendant des heures. À la fin, ils sont sortis avec le prophète souriant et ils ont dit : « par ordre de l’Empereur Izothop, votre mission a été déclarée “quête sacrée de No-Dan-Kar”. Nous sommes chargés d’assurer la sécurité de Xhérus le Visionnaire contre les éléments agitateurs qui ont trouvé refuge parmi vous et de le préserver des dangers du Rag’narok au cours de sa mission divine pour reprendre la Neuvième Pompe aux fléaux de notre peuple. Aussi et dorénavant, toutes les paroles du prophète seront-elles relayées par notre entremise, et par elle seule, à l’assemblée des fidèles. » Xhérus faisait « coucou » d’la main, donc on a pensé que tout baignait et on a opiné. Après ça, l’ambiance a un peu changé. Les soldats de l’Empereur se faisaient bombarder nuit et jour par les agitateurs et vivaient en camp retranché dans l’enceinte des temples. Nous, on dormait sur le parvis avec les rats et on priait Rat en espérant un signe qui nous guiderait vers la Pompe. On avait tout bien rasé les villages et repris la Ceinture et Rat restait muet. Est-ce qu’on s’était trompés ?

UN CERCLE TROP LOIN.
P’têt que l’Empereur pensait qu’ça avait assez duré ou p’têt que Rat est un farceur. Reste qu’un jour, après des semaines tendues, les hérauts nous ont réveillés pour nous livrer la parole du prophète : c’était les Wolfen qui gardaient la Neuvième Pompe, dans le cercle de Sâag, un cercle de pierres tout proche de Môrn. Je l’sentais moyen le coup du cercle Wolfen, mais j’étais allé tellement loin déjà… qu’est-ce qui m’restait à perdre ? L’armée des Ströhm nous jurait qu’elle allait nous aider sur le coup et ça me mettait pas en joie, j’avais entendu trop d’histoires sur c’que les Ströhm faisaient aux agitateurs. Sur la route, vers Môrn, les gobelins des villages nous acclamaient, mais les Ströhm les empêchaient de nous rejoindre. On va tous crever, j’ai pensé, on va tous crever. Avec cette idée fixe, on s’approchait de la grande forêt et on a rencontré nos premiers Wolfen à la lisière. Leurs chasseurs nous harcelaient. On voulait une grosse bataille directe pour les submerger, mais ils nous en laissaient pas l’occasion. On s’est enfoncés sous les arbres géants, la peur au ventre, et on a marché des jours. À croire que les Wolfen étaient tous des chasseurs, on n’en voyait pas d’autres. On reprenait confiance. On allait atteindre Sâag le lendemain. C’est là qu’on a compris. Tout. Les Ströhm sont partis. Ils nous ont laissés au beau milieu de la forêt, à quelques heures du cercle. C’était ça leur plan : nous envoyer chez les Wolfen pour qu’ils nous finissent. Nous, on a réconforté Xhérus qu’ils avaient abandonné sur une vieille souche. On a prié ensemble et on a décidé d’y aller quand même. Jusqu’au bout. On a hurlé « À la Neuvième Pompe ! » et on a chargé vers le cercle. Là, c’était plus des chasseurs qui nous attendaient. On aurait dit qu’toute l’armée de Môrn était là. J’me souviens plus de la bataille. Chaque fois qu’j’y pense, je vois qu’un flot de sang, des gobelins morts partout, des tripes et des larmes, mais j’pourrais pas la raconter. Ce qui est arrivé ensuite, j’pourrais jamais l’oublier. Xhérus a couru, seul, vers le centre du cercle et il en est revenu avec un cornet géant en forme de poire. Le cornet était accroché à un soufflet qui pulsait avec un bruit rauque. La Pompe. La Neuvième Pompe de Rat. Pas une chaussure, mais une pompe géante, comme les pompes à naphte, et ce cornet accroché dessus. Elle était VRAIMENT au cercle de Sâag ! Les Wolfen en rev’naient pas, on aurait dit qu’ils savaient pas qu’elle y était. J’revois l’reste au ralenti : les gros loups qui courent vers Xhérus, l’prophète qui pompe comme un dératé et qui attrape le cornet… et ce son. L’bruit d’la fin du monde. Un bruit tellement fort qu’il vous rentrait dans les os et les secouait. Les Wolfen détalaient à quatre pattes dans tous les sens et nous on s’accrochait à leur fourrure pour partir plus vite. On rentrait dans les arbres, y’en a même qui s’arrachaient les oreilles pour plus entendre. Xhérus pressait la Pompe en riant aux éclats. Le pire, quand j’y pense, c’est qu’tout c’que ça m’rappelle, c’est le bruit des poires à farce, ce « pouêt » qui fait rire les p’tits… sauf que là c’était « POUÊT ». Y’en a, au village, qu’on été terrorisés par des serpents. Ils tremblent de tous leurs membres quand ils entendent un sifflement. Moi, c’est les « pouêt » : suffit qu’un amuseur passe avec un cornet pour m’envoyer pleurer sous mon lit et j’connais bien des Wolfen qui doivent être dev’nus comme moi. Ça, ça me console. J’pense à eux, avec leurs noms de tueurs genre « grand prédateur de la destruction » et j’les revois courir comme des lapins des bourbes à cause du prophète, de MON prophète et tout c’que j’peux dire c’est « Merci Xhérus, merci Rat ». J’me bats plus, depuis, j’fais plus les quêtes du dieu, mais j’suis resté fidèle à not’ rêve du début. J’tiens l’temple d’mon village avec la Gouzon qu’est v’nue après la Bonnie et, chaque nuit, j’entends à nouveau l’affreux « POÛET » de la Pompe et j’pleure comme un gniard.

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