Yh-Karas (2) le Roi des Gouffres (Rooted)
Rooted Profile
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1 Figurine par Carte
Concept : ToDo
Sculpture : ToDo
Profil : Rooted
Socle : Infanterie 3 Cm
Taille Unité : Moyenne
Classe :
Rang : Champion 2 Élite
Affiliation : Colonie Ephorath
Date de Sortie :
Équipement(s) :
–
Compétence(s) :
Possédé, Autorité, Coup de Maître/ 5, Fléau/ État-Major, Commandement/ 15, Aguerri, Acharné
(Artefact/ 2, Enchainement/ 2, Contre-Attaque/ 2)
Compétence(s) Spéciale(s) :
Le Roi des Gouffres.
La compétence Fléau/ État-Major, couvre tout les combattants possèdent les compétences Commandement/ X, Étendard/ X, Musicien/ X et Chef de Guerre/ X.
La Colonie Ephorath.
Lorsque la Colonie Ephorath est au complet , l’esprit d’Ephorath lui-même se manifeste chez ses dévoués serviteurs. Au début de la partie, avant le jet de Tactique, désignez n’importe quel membre du clan comme hôte de l’esprit. Par la suite, avant chaque nouveau Jet de Tactique, l’esprit pourra soit demeurer avec son hôte actuel, soit prendre possession d’un autre combattant du clan situé à 10 cm ou moins de celui-ci. Tant que l’hôte se trouve sous l’emprise de l’esprit d’Ephorath, ses valeurs d’INI, d’ATT, de FOR, de DEF et de RES sont augmentées de 1 point. Si l’hôte est tué, l’esprit rejoint immédiatement une autre figurine de la Colonie Ephorath ( au choix du joueur Mid-Nor ) située à 10 cm ou moins de son porteur actuel. Si aucun hôte potentiel ne se trouve à portée, l’esprit désincarné quitte définitivement le champ de bataille pour rejoindre les Royaumes Ténébreux.
Pour que la Colonie Ephorath soit au complet l’armée doit inclure les figurines suivantes dans ses rangs : Yh-Karas, Ezalyth, Ysilthan, un Cavalier de la Ruine, une Tour de la Désolation et quatre Ecorcheurs.
Artefact(s) :
Background :
Couronne des Conquérants.
“Echec et… meurt!”
L’imposante couronne que porte Yh-Karas a été bénie par Ephorath, le démon que l’on surnomme également Souverain des Six Aspects de la Domination. Lorsqu’il l’emporte au combat, le Roi dégage une puissante aura d’autorité qui éclipse presque totalement la présence des individus les plus charismatiques qui se trouvent dans son environnement immédiat. Nul ne peut l’ignorer même ceux qui ont le courage de lui tourner le dos…
Les Cavaliers de la Ruine.
La manœuvre avait réussi. La Lionne Rousse avait contourné la ligne de front pour se charger elle-même de Yh-Karas, le chef de l’armée Mid-Nor qui avait fait irruption sur les terres du Lion . Puis ce fut le signal : les Chevaliers parvinrent enfin à percer les rangs des Possédés et se dirigeaient à pleine vitesse sur l’artillerie des Gouffres. Il ne fallait pas attendre la contre-offensive !
Au moment où la Lionne sortit de sa cachette et se lança à l’assaut du Roi des Gouffres, ce dernier se tourna vers elle et lui adressa un sourire mauvais. Une seconde plus tard, un Cavalier de la Ruine jaillissait sans crier gare et interceptait l’héroïne d’Alahan.
“Désolé, ma chère, vous allez devoir attendre votre tour !” articula Yh-Karas d’une voix empreinte de condescendance.
Fiel des Possédés.
Yh-Karas tenait fermement son arme, attendant avec impatience qu’un quelconque adversaire ose enfin l’affronter. Soudain il bloqua le sabre d’un Exécuteur qui avait tenté une pathétique embuscade. D’un même mouvement, l’arme et le bras du Roi se levèrent, exposant les parties vitales de l’assassin Akkylanien…
La Trinité des Gouffres.
Acte I : Le Secret du Temple.
À l’origine du monde un guerre divine a précipité de nombreux immortels des Empires d’Eternité jusque dans les recoins les plus inaccessibles d’Aarklash. La légende prétend que la majorité de ces être a disparu, victimes de leur déchéance, de la malédiction du Temps ou des héros des ages anciens. Mais une poignée des Immortels bannis a survécu aux ravages des siècles. Les plus puissants ont marque l’histoire du continent et les autre dorment en attendant le jour de leur revanche…
Le Despote cherche depuis fort longtemps à éveiller ces puissances primordiales. Parmi elle se trouvent trois démons à la puissance légendaire: Ephorath, Elzavid et Eszorid. La Trinité des Gouffres! Ephorath fut l’un des premiers démons majeurs à être éveillé par le Despote. Il règne sur la colonie qui porte son nom mais ne peut pas se manifester tant que la trinité n’aura pas été réunie. Yh-Karas est son émissaire au sein des hordes de Mid-Nor. Elzavid, sa soeur, est à l’origine du mystère qui enoure le fort des Dévoyés, dans le Puy Oriental des Vallons d’Acier. Affaiblie elle a rejoint Ephorath en prenant possession d’Ezalyth. Le dernier, Eszorid a presque succombé aux affres de sa déchéance. Seuls les deux autres membres de la Trinité ont encore une chance de l’éveiller, mais le lieu de sa réclusion n’est mentionné que dans un antique ouvrage, le Livre de Vedath, dont la trace a été perdue depuis des siècles… et retrouvée depuis peu. Même les secrets les mieux gardés n’ont qu’un temps!
Acte II : Le Refuge du Mal.
Le Livre de Vedath raconte comment, il y a plus d’un siècle, une expédition militaire menée par l’Akkylannie en direction du Syharhalna fut prise au sein d’une tempête et s’échoua sur une île des Crocs de Feu. Là, les croisés découvrirent une étrange population, vraisemblablement des pirates, entièrement vouée à l’adoration d’une divinité machiavélique. Toutes les tentatives de conversion à la Vérité de Mérin ayant échoué, les serviteurs du dieu unique prirent le parti d’exterminer les païens lorsqu’ils furent confrontés aux premiers manifestations de leur divinité. Par la suite, les Griffons érigèrent un monastère sur le principal autel de la divinité sanguinaire et l’affaire fut oubliée.. Mais pas par le Temple.
Les recherches occultes des Maîtres les menèrent à la conclusion que le dieu des Crocs du Feu était un Immortel trés puissant, si puissant que la ferveur des Enfants de Merin ne pouvait que l’affaiblir mais jamais le tuer… Eszorid
Jamais Ephorath et Elzavid n’ont été aussi proches du but qu’ils poursuivent depuis plusieurs vies d’hommes. Mais malgré leur impatience, ils savent que la partie n’est pas gagnée pour autant, car le Livre de Vedath fait mention d’un mystérieux gardien laissé par le Temple pour veiller sur le reliquiare maudit d’Eszorid.
Acte III : La Prison du Démon.
La Colonie d’Ephorath explore les souterrains du monastère Griffon et découvre les fondations de l’ancien temple. là, entouré de sa garde personnelle, les attend un homme dont l’antique armure porte les stigmates de décennies au service du Temple d’Akkylannie. Le mysterieux gardien n’est autre que le Chevalier Templier Vedath lui-même, dont Merin a préservé la vitalité pour qu’ils puisse poursuivre sans faillir la tâche dont il a été investi, l’homme est vieux, trés vieux, mais ni son bras ni sa foi n’accusent le poids du temps passé!
…
Yh-Karas et Ezalyth s’approchèrent de l’autel alors que leurs geurriers achevaient les blessés. Le Marionnettiste leur ordonna de pas trop abîmer les corps, ils auraient besoin de quelques organes… L’atmosphère devint soudain insoutenable, comme si une fureur trop longtemps contenue s’apprêtait à exploser. Les Possédés échangèrent un regard surpris. Que se passait-il? Le corps d’un Nain de Mid-Nor s’écrasa violemment sur le mur. Yh-karas vit Vedath se relever, nimbé d’un halo noir… Le Templier s’adressa aux Possédés dans leur propre langue dévoilant un peu plus l’étendue de son savoir. “Je ne vous laisserais pas libérer votre frère, créatures maudites. Puisque la pierre ne peut retenir plus longtemps la voloté endormie d’Eszorid, je lui offre une prison de chair. Puisse Merin me donner la force de retenir le démon!” Ysilthan allait se ruer sur le Templier couvert de blessures mais Ezalyth le retint d’un gest brusque. S’il le tuait, il avait de fortes chances de détruire Eszorid! Le visage de Vedath trahissait la terrible bataille qu’il menait pour garder le contrôle de ses actes. Même affaibli et enchainé, Eszorid demeurait un adversaire redoutable. Rendu plus fort et plus vigoureux par ce pouvoir qui n’était pas le sien, Vedath s’élença dans les profondeurs du temple… Un hurlement venu des limbes résonna dans les galeries souterraines.
Cry Havoc Nr. 14 Page 58-61.
Le Destin de Karas.
L’histoire de la colonie Éphorath débuta, comme souvent sur Aarklash, par une confrontation. Un
affrontement sanglant entre des Possédés de Mid-Nor et les nains de Karas Poingdefer. Cette bataille se déroula en l’an 980, sur le versant nord-est des Pics de la poussière, aux abords d’une ancienne mine naine redécouverte par des prospecteurs quelques mois plus tôt…
Cela faisait près de six cents ans que cette mine n’était plus exploitée. Épidémie ? Malédiction ? La cause de l’abandon était inconnue, mais une chose était sûre : la mine regorgeait de cuivre et de fer d’une incroyable pureté. Le territoire étant situé à la frontière des terres de chasse Wolfen, des éclaireurs furent d’abord envoyés pour trouver l’emplacement de la mine et vérifier
qu’elle était encore exploitable. Un mois après leur retour à Fom-Nur, au printemps 980, une cinquantaine de mineurs et d’ingénieurs escortés par autant de combattants se mit en route pour les Pics de la poussière. Petit-fils de Thorval Poingdefer, le pourfendeur d’abominations, Karas Poingdefer dirigeait l’expédition. Il avait hérité de ses ancêtres leur grande habileté au glaive,
leur volonté sans faille, ainsi que leur mémoire exceptionnelle. Pourtant, rien ne l’avait préparé à ce qui l’ attendait… Le voyage se déroula sans encombre. Il en fut de même pour les premiers jours passés à la mine. Quelques superstitieux se voulurent alarmistes après la découverte de glyphes (probablement une version ancienne de l’alphabet nain) taillés dans les parois à l’entrée du complexe. Personne n’écouta ces divagations et le travail commença sans plus attendre. Les ingénieurs changèrent les poutres de soutènement des premiers tunnels et les mineurs entamèrent leur travail d’excavation à coups de pioche et d’explosifs. Sans doute attirée par le bruit, une meute Wolfen hurla plusieurs soirs de suite à quelques lieues du campement, mais sans jamais se montrer directement menaçante. Les nains songèrent, à raison, que les enfants d’Yllia souhaitaient rappeler où commençait leur territoire ; ils ne s’inquiétèrent pas outre mesure.
Quinze jours seulement après leur arrivée, les nains commencèrent l’exploitation de la mine et,
trois semaines plus tard, le premier chargement partit pour Fom-Nur, escorté par une quinzaine de combattants. Le soir même, moins d’une heure après la tombée de la nuit, les Possédés de Mid-Nor attaquèrent.
Sans un bruit, les sentinelles furent égorgées et la marée putride déferla sur le campement. Des tentes s’enflammèrent, des cris envahirent la nuit, des corps furent transpercés et des têtes roulèrent au sol. Karas n’eut guère le temps d’organiser ses hommes. À peine avait-il embroché un des assaillants que l’ issue du combat lui apparut clairement… la défaite était inévitable. Il fit alors face à un terrible choix : se battre et mourir ou abandonner les siens en espérant pouvoir les venger. Son instinct, sa fierté, son éducation et sa culture le poussaient à rester, mais sa
raison l’emporta ; il choisit la fuite, et la vie. Tapi dans l’ombre, ne pouvant regarder, Karas
Poingdefer écouta la fin de l’affrontement, les râles des derniers combattants, puis le silence uniquement troublé par le bruit des flammes qui finissaient de consumer le campement. Rongé par la soif de vivre et par la honte d’avoir abandonné les siens, il ne bougea pas de la nuit, essayant de comprendre ce que faisaient les assaillants. Il n’entendit aucun cri de victoire, juste quelques bribes de phrases. Les consonances étaient naines, mais les voix faisaient froid dans le dos. Il y eut des bruits de pas, des raclements, puis le silence. Au lever du jour, Karas Poingdefer contempla les vestiges du campement. Seuls les restes calcinés des toiles de tente et quelques traces de sang témoignaient du massacre qui avait eu lieu. Il n’y avait aucun corps, aucune arme, aucune pièce d’armure. Tout avait disparu. Frappé de stupeur, Poingdefer traversa le campement et se dirigea vers la mine. Il entendit alors des échos s’en échapper : des coups de pioche et des éclats de voix. Les assaillants étaient toujours présents… et Karas fuit à nouveau.
Sur la route de Fom-Nur, il retrouva deux autres survivants du carnage. La joie des retrouvailles fut brève. Tous avaient le coeur assombri par la honte d’avoir abandonné les leurs et par ce qu’ils avaient vu. Dans la lumière des flammes qui ravageaient le campement, ils avaient clairement distingué leurs assaillants : des parodies morbides de nains, des êtres décharnés, au regard fou, qui dégageaient une odeur putride. À cette époque, rares étaient ceux qui connaissaient l’existence des Possédés… et ceux-là ne parlaient pas. Les Chaudronniers veillaient au grain.
C’est pourquoi, lorsqu’ils franchirent les portes du conseil de la cité, les survivants étaient convaincus que la baronnie maudite d’Achéron était derrière cette attaque et que l’événement annonçait une invasion de Tir-Nâ-Bor. Le récit des survivants jeta un froid sur le conseil qui se retira à huis clos pour débattre. Il fut décidé d’envoyer un messager auprès de l’ambassadeur
d’Akkylannie à Kâ-In-Ar pour confirmer, ou infirmer, la possible présence de nécromants dans la région. Bien évidemment, il fut aussi décidé d’envoyer des troupes pour éliminer la menace. En toute logique, Karas Poingdefer et ses compagnons se portèrent volontaires. Leur sens de l’honneur exigeait le bruit du fracas des armes pour racheter leurs fautes. Évidemment, les Chaudronniers n’étaient pas loin. Deux d’entre eux siégeaient au conseil. Ayant reconnu les Possédés dans la description de Poingdefer, ils durent s’organiser au plus vite.
L’existence des séides de Mid-Nor ne pouvait être dévoilée ; Karas et ses deux compagnons
devaient donc mourir. Les assassiner trop tôt était risqué, aussi les Chaudronniers décidèrent-ils de prévenir les Possédés. Cela leur posait néanmoins un autre problème : si l’ensemble des guerriers envoyés périssait, le conseil risquait de mobiliser l’armée. Il fallait des survivants. Un Chaudronnier devait donc infiltrer les rangs. En outre, malgré son cynisme, la société secrète ne pouvait laisser la fine fleur guerrière de Fom-Nur se faire massacrer ; elle s’arrangea donc pour que les troupes soient composées d’éléments considérés comme « remplaçables », voire « périssables » : criminels récidivistes à qui l’on promit la relaxe et combattants jugés trop agitateurs ou contestataires. Enfin, les Chaudronniers convainquirent les autres membres
du conseil de taire la nouvelle. Selon eux, avertir la population risquait de provoquer un mouvement de panique incontrôlable. Le soir même, l’épouse de Karas comprit que son
mari était tourmenté. Son regard était différent ; il était triste et avait perdu de son éclat. Elle l’interrogea, mais Karas ne pouvait répondre. Lorsque lui et ses compagnons avaient quitté le conseil, ils s’étaient vus intimer l’ordre de ne rien révéler de ce qu’ils avaient vécu. Alors, Karas Poingdefer se tut, mais comme on ne lui avait pas interdit d’écrire, il écrivit et dessina. En ressassant les détails du massacre, il se souvint d’une précision que lui et ses compagnons
avaient omise : les symboles gravés dans la roche à l’entrée de la mine. Sa nuit fut agitée. Le lendemain, il se rendit à la grande bibliothèque de Fom-Nur, dans l’espoir de comprendre ce que signifiaient les inscriptions. Des textes antérieurs à l’Hiver des batailles confirmèrent son intuition première : l’écriture était bien une ancienne graphie naine. Ses premières traductions
ne chassèrent pas ses inquiétudes, bien au contraire. Même s’il n’arrivait pas à tout comprendre, il n’y avait aucun doute, les inscriptions étaient des mises en garde. La mine n’avait pas été abandonnée par hasard. D’autres détails lui revinrent alors en mémoire. Notamment une
conversation entre deux ingénieurs qui s’étonnaient du bon état des premières galeries et le comparaient à celui des plus lointaines. Selon eux, les tunnels les plus profonds ne s’étaient pas écroulés naturellement. Sur le coup, ce sujet avait paru sans importance, l’ingénierie minière n’ayant jamais intéressé Karas. Toutefois, à la lumière des éléments qu’il venait de trouver, la remarque des ingénieurs acquérait une autre dimension. Il commençait à deviner les contours d’un puzzle complexe dont il n’avait découvert que les premières pièces. Absorbé dans ses recherches, il remarqua tardivement que quelqu’un le surveillait. Les Chaudronniers, méfiants, avaient confié à des espions la surveillance de chacun des survivants ; ils avaient d’abord pensé à les mettre au secret, mais avaient rapidement conclu que le conseil s’y opposerait. En fin de matinée, sur le chemin de sa maison, Karas Poingdefer devina qu’on le suivait. Il fit demitour et jeta un coup d’oeil rapide vers son poursuivant avant de s’engouffrer dans une épicerie. Il acheta quelques herbes et ressortit. Un peu plus loin, il recommença avec une boulangerie. Aucun doute n’était plus permis.
Il connaissait le visage d’un des espions, il l’avait vu parler avec un des membres du conseil. Son cerveau se mit à bouillir. Pourquoi le conseil le surveillait ? Ne l’avait-il pas cru ou s’inquiétait-il du fait qu’il ait survécu ? Karas n’avait pas caché sa fuite. Cela faisait-il de lui un traître ? Ne sachant que faire, Poingdefer se laissa filer et rentra chez lui. L’après-midi, il retourna à la bibliothèque, comme si de rien n’était. Il navigua un moment dans les rayonnages, avant de s’installer à une table avec une pile de livres concernant le travail du cuir. Le nain qui le suivait était assis une table plus loin et faisait semblant de compulser un ouvrage. Karas fit quelques
croquis rapides de corsets et retourna arpenter les rayonnages en laissant ses dessins sur la table ; il conservait sur lui ses notes au sujet des inscriptions de la mine. Après avoir pris un des ouvrages qui lui avait permis de débuter la traduction, il s’ arrêta près d’une étagère peu fréquentée, car dédiée à la culture barhanne, d’où il pouvait observer son poursuivant.
Au bout d’un moment, l’espion s’approcha de la table de Karas Poingdefer et regarda les livres qui y étaient entassés d’un air perplexe. Se doutant probablement qu’il avait été repéré, il regarda autour de lui rapidement et s’enfonça dans les rayonnages à la recherche de Karas. Celui-ci cacha rapidement ses notes dans un des livres du rayonnage et retourna prestement à sa table. Ce qu’il avait eu le temps de découvrir ne lui plaisait guère. Même s’il était loin d’avoir tout traduit, le début n’avait rien de rassurant. Plus qu’une mise en garde, c’était un interdit ou une épitaphe : « Ci-gît le démon de la domination, enfermé grâce aux sacrifices d’un grand nombre ». Les créatures qui les avaient attaqués étaient-elles les nains tombés face au démon, revenus d’entre les morts pour empêcher l’exploitation de la mine ? Improbable ; Karas Poingdefer avait distinctement
entendu des coups de pioche le lendemain du massacre. Ces « choses » avaient-elles été ressuscitées par l’entité démoniaque pour la libérer ? Karas devait-il en référer au conseil, alors que ce dernier avait débattu à huis clos et le faisait espionner ? L’esprit rempli de questions, il quitta la bibliothèque. Comme le départ de l’expédition était prévu pour le lendemain matin, Karas Poingdefer dit à son épouse qu’il avait découvert des choses, qu’elle ne devait en parler que si c’était absolument nécessaire et qu’elle trouverait ses notes dans la grande bibliothèque :
« là où ça sent la violette » lui dit-il d’un air taquin. Comme la désagréable impression qu’ils ne se reverraient jamais les envahissait, Karas ne répondit pas aux questions de son épouse, préférant s’abandonner à une nuit des plus passionnées. Il leur sembla que les dieux désiraient bénir leur union. Cette dernière nuit fut à l’origine de la naissance de leur unique enfant, une fille qui se prénommerait Ézalyth.
Le plan des Chaudronniers se déroula presque comme ils l’avaient prévu… Les troupes naines furent piégées à l’intérieur de la mine. L’espion des Chaudronniers, Franir, se glissa parmi les Possédés et s’enfuit, tandis que ses frères se faisaient massacrer, leurs cris rythmant ses pas… Une fois sorti des mines, Franir s’enfonça une dague dans l’épaule et une autre dans la cuisse, se frotta du sang et de la poussière sur le visage et les membres, puis reprit la route en sens inverse. De retour à Fom-Nur, il raconta que la troupe avait dû affronter une véritable armée de squelettes, que tous les guerriers avaient péri, mais qu’ils s’étaient montrés dignes des plus grands héros de Tir-Nâ-Bor. Franir ajouta que la mine s’était en partie écroulée et qu’elle était sans doute inexploitable. Le conseil entérina sa version et tourna la page de ce triste épisode, non sans avoir célébré les combattants tombés pour la sauvegarde de Tir-Nâ-Bor. Bien que cela n’ait pas été rendu public, il est intéressant de savoir que Franir, se haïssant pour ce qu’il avait fait, s’exila de lui-même dans une grotte des monts Ægis, espérant se faire pardonner des dieux.
Il ne se passa pas une heure sans qu’il regrette ses actes. Au terme de deux années d’une vie d’ermite, il décida de raconter son histoire sur les murs de sa nouvelle demeure. Ironie du sort : il périt après l’avoir achevée. Était-ce le signe que les dieux avaient pardonné son geste ? Eux seuls le savent et, quoi qu’il en soit, ses écrits n’ont toujours pas été découverts… En vérité, si le complot des Chaudronniers se déroula presque comme il avait été planifié, ses conséquences ne furent pas celles prévues. Lorsque Franir prit la fuite, la plupart des combattants étaient
encore debout. Pris en étau entre les dizaines de Possédés qui avaient piégé les galeries et les deux cents arrivés par l’entrée principale, ils avaient été obligés de se disperser et de se battre par petits groupes avec toute la ténacité qui caractérise les nains. Ils ne sentaient plus ni peur, ni douleur. Leurs actes furent d’un héroïsme rare, mais cela ne les sauva pas. Les uns après les autres, ils tombèrent. Karas se battait avec la rage du désespoir. Plus il fauchait d’ennemis, plus il en voyait s’avancer, mais plus il se sentait fort. Il y avait une présence dans ces mines qui semblait le soutenir. Après plus de quatre heures de combat, il eut un instant de répit. Les mêlées continuaient ailleurs, mais Poingdefer avait réussit à se défaire de ses poursuivants. Il sentait que
son corps ne résisterait plus longtemps. Cela faisait un moment que ses muscles ne répondaient plus et seule sa volonté lui permettait de résister. Il commit cependant une erreur, une minuscule
erreur. Durant un quart de seconde, il crut pouvoir survivre et s’imagina de retour à Fom-Nur. Cette étincelle d’espoir lui fut fatale. Elle était ce qu’attendait Éphorath (cf. Les six aspects de la domination). Le démon en profita pour abattre les dernières défenses de sa victime. Affaiblie par le combat, la volonté du nain plia, mais ne céda pas. Le Souverain des six aspects de la domination
s’en moquait, car il n’avait pas besoin d’écraser pour dominer. Ainsi, Karas Poingdefer devint son
premier hôte depuis plus de mille ans… La rage et la force du nain furent aussitôt décuplées.
Son corps, investi d’une énergie nouvelle, répondait à nouveau à sa volonté. Le combat pouvait
reprendre. Plus de cent Possédés tombèrent sous ses coups de glaive dans les heures qui suivirent, mais le combat était perdu d’avance, car malgré la force d’Éphorath, Karas restait un être de chair et de sang, un être vivant que l’on pouvait blesser et tuer. Quelques minutes seulement après qu’il eut rendu son dernier souffle, Karas Poingdefer ouvrit les yeux. Investi par Éphorath, possédé par le Despote, mais toujours doté de sa propre volonté, il était devenu
Yh-Karas. Pour lui, une nouvelle ère commençait.