Colonie Ephorate :

Blason / Symbol :

Localisation :

Dirigeant(s) :

Yh-Karas, le Roi des Gouffre

Divinité(s) :

La Trinité Démoniaque

Champions :

Unité(s) Spéciale(s):

Élément Privilégié :

Capacité(s) Spéciale(s):

Lorsque la Colonie Ephorath est au complet, l’esprit d’Ephorath lui-même se manifeste chez ses dévoués serviteurs. Au début de la partie, avant le jet de Tactique, désignez n’importe quel membre du clan comme hôte de l’esprit. Par la suite, avant chaque nouveau Jet de Tactique, l’esprit pourra soit demeurer avec son hôte actuel, soit prendre possession d’un autre combattant du clan situé à 10 cm ou moins de celui-ci. Tant que l’hôte se trouve sous l’emprise de l’esprit d’Ephorath, ses valeurs d’INI, d’ATT, de FOR, de DEF et de RES sont augmentées de 1 point. Si l’hôte est tué, l’esprit rejoint immédiatement une autre figurine de la Colonie Ephorath ( au choix du joueur Mid-Nor ) située à 10 cm ou moins de son porteur actuel. Si aucun hôte potentiel ne se trouve à portée, l’esprit désincarné quitte définitivement le champ de bataille pour rejoindre les Royaumes Ténébreux.
Pour que la Colonie Ephorath soit au complet l’armée doit inclure les figurines suivantes dans ses rangs : Yh-Karas, Ezalyth, Ysilthan, un Cavalier de la Ruine, une Tour de la Désolation et quatre Ecorcheurs.

Alliés :

Description :

Artefacts :

Background :

La Trinité des Gouffres
Acte 1 : Le Secret du Temple.

A l’origine du monde, une guerre divine a précipité de nombreux immortels des Empires d’Eternité jusque dans les recoins les plus innaccessibles d’Aarklash. La légende prétend que la majorité de ces être a disparu, victimes de leur déchéance, de la malédiction du Temps ou des héros des Ages anciens. Mais une poignée des Immortels bannis a survécu aux ravages des siècles. Les plus puissant ont marqué l’histoire du continent et les autres dorment en attendant le jour de leur revanche.

Le Despote cherche depuis fort lontemps à éveiller ces puissances promordial. Parme elles se trouvent trois démon à la puissance légendaire: Ephorath, Elzavid et Eszorid. La Trinité des Gouffres! Ephorath fut l’un des premiers démons majeurs a être éveillé par le Despote. Il règne sur la Colonie qui porte son nom mais ne peut pas se manifester tant que la trinité n’aura pas été réunie. Yh-Karas est son émissaire au sein des hordes de Mid-Nor. Elzavid, sa soeur, est à l’origine du mystère qui entoure le fort des Dévoyés, dans le Puy Oriental des Vallons d’Acier. Affaiblie, elle a rejoint Ephorath en prenant possession d’Ezalyth. Le dernier Eszorid a presque succombé au affres de sa déchéance. Seuls les deux autres membres de la Trinité ont encore une chance de l’éveillé, mais le lieu de sa réclusion n’est mentionné que dans un antique ouvrage, le Livre de Vedath, dont la trace a été perdue depuis des siècles… et retrouvé depuis peu. Même les secrets les mieux gardés n’ont qu’un temps!


Acte 2 : Le Refuge du Mal.
Le Livre de Vedath raconte comment, il y a plus d’un siècle une expédition militaire menée par l’Akkylannie en direction du Syharhalna fut prise au sein d’une tempête et s’échoua sur une île des Crocs du Feu. là, les croisés découvrirent une étrange population, vraisemblablement des pirates, entièrement vouée à l’adoration d’une divinté machavélique. Toutes les tentatives de voncersion à la Vérité de Merin ayant échoué, les serviteurs du dieu unique prirent le parti d’exterminer les païens lorsqu’ils furent confrontés aux premières manifestations de leur divinité. Par la suite, les Griffon érigèrent un monastère sur le principal autel de la divinité sanguinare et l’affaire fut oubliée… Mais pas par le Temple. Les recherches occultes des Maîtres les menèrent à la conclusion que le dieu des Crocs du Feu était un Immortel très puissant, si puissant que la ferveur des Enfants de Merin ne pouvait que l’affaiblir mais jamais le tuer…Eszorid.

Jamais Ephorath et Elzavid n’ont été aussi proches du but qu’ils poursuivent depuis plusieurs vies d’hommes. Mais malgé leur impatience, ils savent que la partie n’est pas gagnée pour autant, car le Livre de Vedath fait mention d’un mystérieux gardien laissé par le Temple pour veiller sur le reliquaire maudit d’Eszorid.


Acte 3 : La Prison du Démon.

La Colonie d’Ephorath explore les souterrains du monastère Griffon et découvre les fondations de l’ancien temple. là, entouré de sa garde personnelle, les attend un homme dont l’antique armure porte les stigmates de décennies au service du Temple d’Akkylannie. Le mysterieux gardien n’est autre que le Chevalier Templier Vedath lui-même, dont Merin a préservé la vitalité pour qu’ils puisse poursuivre sans faillir la tâche dont il a été investi, l’homme est vieux, trés vieux, mais ni son bras ni sa foi n’accusent le poids du temps passé!

Yh-Karas et Ezalyth s’approchèrent de l’autel alors que leurs geurriers achevaient les blessés. Le Marionnettiste leur ordonna de pas trop abîmer les corps, ils auraient besoin de quelques organes… L’atmosphère devint soudain insoutenable, comme si une fureur trop longtemps contenue s’apprêtait à exploser. Les Possédés échangèrent un regard surpris. Que se passait-il? Le corps d’un Nain de Mid-Nor s’écrasa violemment sur le mur. Yh-karas vit Vedath se relever, nimbé d’un halo noir… Le Templier s’adressa aux Possédés dans leur propre langue dévoilant un peu plus l’étendue de son savoir. “Je ne vous laisserais pas libérer votre frère, créatures maudites. Puisque la pierre ne peut retenir plus longtemps la voloté endormie d’Eszorid, je lui offre une prison de chair. Puisse Merin me donner la force de retenir le démon!” Ysilthan allait se ruer sur le Templier couvert de blessures mais Ezalyth le retint d’un gest brusque. S’il le tuait, il avait de fortes chances de détruire Eszorid! Le visage de Vedath trahissait la terrible bataille qu’il menait pour garder le contrôle de ses actes. Même affaibli et enchainé, Eszorid demeurait un adversaire redoutable. Rendu plus fort et plus vigoureux par ce pouvoir qui n’était pas le sien, Vedath s’élença dans les profondeurs du temple… Un hurlement venu des limbes résonna dans les galeries souterraines.


Cry Havoc Nr.4 Page 56-61.
La Trinité des Gouffres.
Même s’ils sont inféodés au Despote, les membres de la colonie Ephorath sont avant tout soumis au démons éponyme et à sa compagne Elzavid. Depuis leur réveil, les deux entités parcourent Aarklash à la recherche d’Eszorid, le dernier membre d’une ancienne trinité démoniaque.

Les histoires sont souvent faites de batailles, d’ espoirs et de trahisons. Celle de la colonie
Éphorath n’échappe pas à cette règle.

Le Destin de Karas.
L’histoire de la colonie Éphorath débuta, comme souvent sur Aarklash, par une confrontation. Un
affrontement sanglant entre des Possédés de Mid-Nor et les nains de Karas Poingdefer. Cette bataille se déroula en l’an 980, sur le versant nord-est des Pics de la poussière, aux abords d’une ancienne mine naine redécouverte par des prospecteurs quelques mois plus tôt…
Cela faisait près de six cents ans que cette mine n’était plus exploitée. Épidémie ? Malédiction ? La cause de l’abandon était inconnue, mais une chose était sûre : la mine regorgeait de cuivre et de fer d’une incroyable pureté. Le territoire étant situé à la frontière des terres de chasse Wolfen, des éclaireurs furent d’abord envoyés pour trouver l’emplacement de la mine et vérifier
qu’elle était encore exploitable. Un mois après leur retour à Fom-Nur, au printemps 980, une cinquantaine de mineurs et d’ingénieurs escortés par autant de combattants se mit en route pour les Pics de la poussière. Petit-fils de Thorval Poingdefer, le pourfendeur d’abominations, Karas Poingdefer dirigeait l’expédition. Il avait hérité de ses ancêtres leur grande habileté au glaive,
leur volonté sans faille, ainsi que leur mémoire exceptionnelle. Pourtant, rien ne l’avait préparé à ce qui l’ attendait… Le voyage se déroula sans encombre. Il en fut de même pour les premiers jours passés à la mine. Quelques superstitieux se voulurent alarmistes après la découverte de glyphes (probablement une version ancienne de l’alphabet nain) taillés dans les parois à l’entrée du complexe. Personne n’écouta ces divagations et le travail commença sans plus attendre. Les ingénieurs changèrent les poutres de soutènement des premiers tunnels et les mineurs entamèrent leur travail d’excavation à coups de pioche et d’explosifs. Sans doute attirée par le bruit, une meute Wolfen hurla plusieurs soirs de suite à quelques lieues du campement, mais sans jamais se montrer directement menaçante. Les nains songèrent, à raison, que les enfants d’Yllia souhaitaient rappeler où commençait leur territoire ; ils ne s’inquiétèrent pas outre mesure.
Quinze jours seulement après leur arrivée, les nains commencèrent l’exploitation de la mine et,
trois semaines plus tard, le premier chargement partit pour Fom-Nur, escorté par une quinzaine de combattants. Le soir même, moins d’une heure après la tombée de la nuit, les Possédés de Mid-Nor attaquèrent.


Sans un bruit, les sentinelles furent égorgées et la marée putride déferla sur le campement. Des tentes s’enflammèrent, des cris envahirent la nuit, des corps furent transpercés et des têtes roulèrent au sol. Karas n’eut guère le temps d’organiser ses hommes. À peine avait-il embroché un des assaillants que l’ issue du combat lui apparut clairement… la défaite était inévitable. Il fit alors face à un terrible choix : se battre et mourir ou abandonner les siens en espérant pouvoir les venger. Son instinct, sa fierté, son éducation et sa culture le poussaient à rester, mais sa
raison l’emporta ; il choisit la fuite, et la vie. Tapi dans l’ombre, ne pouvant regarder, Karas
Poingdefer écouta la fin de l’affrontement, les râles des derniers combattants, puis le silence uniquement troublé par le bruit des flammes qui finissaient de consumer le campement. Rongé par la soif de vivre et par la honte d’avoir abandonné les siens, il ne bougea pas de la nuit, essayant de comprendre ce que faisaient les assaillants. Il n’entendit aucun cri de victoire, juste quelques bribes de phrases. Les consonances étaient naines, mais les voix faisaient froid dans le dos. Il y eut des bruits de pas, des raclements, puis le silence. Au lever du jour, Karas Poingdefer contempla les vestiges du campement. Seuls les restes calcinés des toiles de tente et quelques traces de sang témoignaient du massacre qui avait eu lieu. Il n’y avait aucun corps, aucune arme, aucune pièce d’armure. Tout avait disparu. Frappé de stupeur, Poingdefer traversa le campement et se dirigea vers la mine. Il entendit alors des échos s’en échapper : des coups de pioche et des éclats de voix. Les assaillants étaient toujours présents… et Karas fuit à nouveau.


Sur la route de Fom-Nur, il retrouva deux autres survivants du carnage. La joie des retrouvailles fut brève. Tous avaient le coeur assombri par la honte d’avoir abandonné les leurs et par ce qu’ils avaient vu. Dans la lumière des flammes qui ravageaient le campement, ils avaient clairement distingué leurs assaillants : des parodies morbides de nains, des êtres décharnés, au regard fou, qui dégageaient une odeur putride. À cette époque, rares étaient ceux qui connaissaient l’existence des Possédés… et ceux-là ne parlaient pas. Les Chaudronniers veillaient au grain.
C’est pourquoi, lorsqu’ils franchirent les portes du conseil de la cité, les survivants étaient convaincus que la baronnie maudite d’Achéron était derrière cette attaque et que l’événement annonçait une invasion de Tir-Nâ-Bor. Le récit des survivants jeta un froid sur le conseil qui se retira à huis clos pour débattre. Il fut décidé d’envoyer un messager auprès de l’ambassadeur
d’Akkylannie à Kâ-In-Ar pour confirmer, ou infirmer, la possible présence de nécromants dans la région. Bien évidemment, il fut aussi décidé d’envoyer des troupes pour éliminer la menace. En toute logique, Karas Poingdefer et ses compagnons se portèrent volontaires. Leur sens de l’honneur exigeait le bruit du fracas des armes pour racheter leurs fautes. Évidemment, les Chaudronniers n’étaient pas loin. Deux d’entre eux siégeaient au conseil. Ayant reconnu les Possédés dans la description de Poingdefer, ils durent s’organiser au plus vite.


L’existence des séides de Mid-Nor ne pouvait être dévoilée ; Karas et ses deux compagnons
devaient donc mourir. Les assassiner trop tôt était risqué, aussi les Chaudronniers décidèrent-ils de prévenir les Possédés. Cela leur posait néanmoins un autre problème : si l’ensemble des guerriers envoyés périssait, le conseil risquait de mobiliser l’armée. Il fallait des survivants. Un Chaudronnier devait donc infiltrer les rangs. En outre, malgré son cynisme, la société secrète ne pouvait laisser la fine fleur guerrière de Fom-Nur se faire massacrer ; elle s’arrangea donc pour que les troupes soient composées d’éléments considérés comme « remplaçables », voire « périssables » : criminels récidivistes à qui l’on promit la relaxe et combattants jugés trop agitateurs ou contestataires. Enfin, les Chaudronniers convainquirent les autres membres
du conseil de taire la nouvelle. Selon eux, avertir la population risquait de provoquer un mouvement de panique incontrôlable. Le soir même, l’épouse de Karas comprit que son
mari était tourmenté. Son regard était différent ; il était triste et avait perdu de son éclat. Elle l’interrogea, mais Karas ne pouvait répondre. Lorsque lui et ses compagnons avaient quitté le conseil, ils s’étaient vus intimer l’ordre de ne rien révéler de ce qu’ils avaient vécu. Alors, Karas Poingdefer se tut, mais comme on ne lui avait pas interdit d’écrire, il écrivit et dessina. En ressassant les détails du massacre, il se souvint d’une précision que lui et ses compagnons
avaient omise : les symboles gravés dans la roche à l’entrée de la mine. Sa nuit fut agitée. Le lendemain, il se rendit à la grande bibliothèque de Fom-Nur, dans l’espoir de comprendre ce que signifiaient les inscriptions. Des textes antérieurs à l’Hiver des batailles confirmèrent son intuition première : l’écriture était bien une ancienne graphie naine. Ses premières traductions
ne chassèrent pas ses inquiétudes, bien au contraire. Même s’il n’arrivait pas à tout comprendre, il n’y avait aucun doute, les inscriptions étaient des mises en garde. La mine n’avait pas été abandonnée par hasard. D’autres détails lui revinrent alors en mémoire. Notamment une
conversation entre deux ingénieurs qui s’étonnaient du bon état des premières galeries et le comparaient à celui des plus lointaines. Selon eux, les tunnels les plus profonds ne s’étaient pas écroulés naturellement. Sur le coup, ce sujet avait paru sans importance, l’ingénierie minière n’ayant jamais intéressé Karas. Toutefois, à la lumière des éléments qu’il venait de trouver, la remarque des ingénieurs acquérait une autre dimension. Il commençait à deviner les contours d’un puzzle complexe dont il n’avait découvert que les premières pièces. Absorbé dans ses recherches, il remarqua tardivement que quelqu’un le surveillait. Les Chaudronniers, méfiants, avaient confié à des espions la surveillance de chacun des survivants ; ils avaient d’abord pensé à les mettre au secret, mais avaient rapidement conclu que le conseil s’y opposerait. En fin de matinée, sur le chemin de sa maison, Karas Poingdefer devina qu’on le suivait. Il fit demitour et jeta un coup d’oeil rapide vers son poursuivant avant de s’engouffrer dans une épicerie. Il acheta quelques herbes et ressortit. Un peu plus loin, il recommença avec une boulangerie. Aucun doute n’était plus permis.
Il connaissait le visage d’un des espions, il l’avait vu parler avec un des membres du conseil. Son cerveau se mit à bouillir. Pourquoi le conseil le surveillait ? Ne l’avait-il pas cru ou s’inquiétait-il du fait qu’il ait survécu ? Karas n’avait pas caché sa fuite. Cela faisait-il de lui un traître ? Ne sachant que faire, Poingdefer se laissa filer et rentra chez lui. L’après-midi, il retourna à la bibliothèque, comme si de rien n’était. Il navigua un moment dans les rayonnages, avant de s’installer à une table avec une pile de livres concernant le travail du cuir. Le nain qui le suivait était assis une table plus loin et faisait semblant de compulser un ouvrage. Karas fit quelques
croquis rapides de corsets et retourna arpenter les rayonnages en laissant ses dessins sur la table ; il conservait sur lui ses notes au sujet des inscriptions de la mine. Après avoir pris un des ouvrages qui lui avait permis de débuter la traduction, il s’ arrêta près d’une étagère peu fréquentée, car dédiée à la culture barhanne, d’où il pouvait observer son poursuivant.

Au bout d’un moment, l’espion s’approcha de la table de Karas Poingdefer et regarda les livres qui y étaient entassés d’un air perplexe. Se doutant probablement qu’il avait été repéré, il regarda autour de lui rapidement et s’enfonça dans les rayonnages à la recherche de Karas. Celui-ci cacha rapidement ses notes dans un des livres du rayonnage et retourna prestement à sa table. Ce qu’il avait eu le temps de découvrir ne lui plaisait guère. Même s’il était loin d’avoir tout traduit, le début n’avait rien de rassurant. Plus qu’une mise en garde, c’était un interdit ou une épitaphe : « Ci-gît le démon de la domination, enfermé grâce aux sacrifices d’un grand nombre ». Les créatures qui les avaient attaqués étaient-elles les nains tombés face au démon, revenus d’entre les morts pour empêcher l’exploitation de la mine ? Improbable ; Karas Poingdefer avait distinctement
entendu des coups de pioche le lendemain du massacre. Ces « choses » avaient-elles été ressuscitées par l’entité démoniaque pour la libérer ? Karas devait-il en référer au conseil, alors que ce dernier avait débattu à huis clos et le faisait espionner ? L’esprit rempli de questions, il quitta la bibliothèque. Comme le départ de l’expédition était prévu pour le lendemain matin, Karas Poingdefer dit à son épouse qu’il avait découvert des choses, qu’elle ne devait en parler que si c’était absolument nécessaire et qu’elle trouverait ses notes dans la grande bibliothèque :
« là où ça sent la violette » lui dit-il d’un air taquin. Comme la désagréable impression qu’ils ne se reverraient jamais les envahissait, Karas ne répondit pas aux questions de son épouse, préférant s’abandonner à une nuit des plus passionnées. Il leur sembla que les dieux désiraient bénir leur union. Cette dernière nuit fut à l’origine de la naissance de leur unique enfant, une fille qui se prénommerait Ézalyth.


Le plan des Chaudronniers se déroula presque comme ils l’avaient prévu… Les troupes naines furent piégées à l’intérieur de la mine. L’espion des Chaudronniers, Franir, se glissa parmi les Possédés et s’enfuit, tandis que ses frères se faisaient massacrer, leurs cris rythmant ses pas… Une fois sorti des mines, Franir s’enfonça une dague dans l’épaule et une autre dans la cuisse, se frotta du sang et de la poussière sur le visage et les membres, puis reprit la route en sens inverse. De retour à Fom-Nur, il raconta que la troupe avait dû affronter une véritable armée de squelettes, que tous les guerriers avaient péri, mais qu’ils s’étaient montrés dignes des plus grands héros de Tir-Nâ-Bor. Franir ajouta que la mine s’était en partie écroulée et qu’elle était sans doute inexploitable. Le conseil entérina sa version et tourna la page de ce triste épisode, non sans avoir célébré les combattants tombés pour la sauvegarde de Tir-Nâ-Bor. Bien que cela n’ait pas été rendu public, il est intéressant de savoir que Franir, se haïssant pour ce qu’il avait fait, s’exila de lui-même dans une grotte des monts Ægis, espérant se faire pardonner des dieux.
Il ne se passa pas une heure sans qu’il regrette ses actes. Au terme de deux années d’une vie d’ermite, il décida de raconter son histoire sur les murs de sa nouvelle demeure. Ironie du sort : il périt après l’avoir achevée. Était-ce le signe que les dieux avaient pardonné son geste ? Eux seuls le savent et, quoi qu’il en soit, ses écrits n’ont toujours pas été découverts… En vérité, si le complot des Chaudronniers se déroula presque comme il avait été planifié, ses conséquences ne furent pas celles prévues. Lorsque Franir prit la fuite, la plupart des combattants étaient
encore debout. Pris en étau entre les dizaines de Possédés qui avaient piégé les galeries et les deux cents arrivés par l’entrée principale, ils avaient été obligés de se disperser et de se battre par petits groupes avec toute la ténacité qui caractérise les nains. Ils ne sentaient plus ni peur, ni douleur. Leurs actes furent d’un héroïsme rare, mais cela ne les sauva pas. Les uns après les autres, ils tombèrent. Karas se battait avec la rage du désespoir. Plus il fauchait d’ennemis, plus il en voyait s’avancer, mais plus il se sentait fort. Il y avait une présence dans ces mines qui semblait le soutenir. Après plus de quatre heures de combat, il eut un instant de répit. Les mêlées continuaient ailleurs, mais Poingdefer avait réussit à se défaire de ses poursuivants. Il sentait que
son corps ne résisterait plus longtemps. Cela faisait un moment que ses muscles ne répondaient plus et seule sa volonté lui permettait de résister. Il commit cependant une erreur, une minuscule
erreur. Durant un quart de seconde, il crut pouvoir survivre et s’imagina de retour à Fom-Nur. Cette étincelle d’espoir lui fut fatale. Elle était ce qu’attendait Éphorath (cf. Les six aspects de la domination). Le démon en profita pour abattre les dernières défenses de sa victime. Affaiblie par le combat, la volonté du nain plia, mais ne céda pas. Le Souverain des six aspects de la domination
s’en moquait, car il n’avait pas besoin d’écraser pour dominer. Ainsi, Karas Poingdefer devint son
premier hôte depuis plus de mille ans… La rage et la force du nain furent aussitôt décuplées.
Son corps, investi d’une énergie nouvelle, répondait à nouveau à sa volonté. Le combat pouvait
reprendre. Plus de cent Possédés tombèrent sous ses coups de glaive dans les heures qui suivirent, mais le combat était perdu d’avance, car malgré la force d’Éphorath, Karas restait un être de chair et de sang, un être vivant que l’on pouvait blesser et tuer. Quelques minutes seulement après qu’il eut rendu son dernier souffle, Karas Poingdefer ouvrit les yeux. Investi par Éphorath, possédé par le Despote, mais toujours doté de sa propre volonté, il était devenu
Yh-Karas. Pour lui, une nouvelle ère commençait.


La Quête d’Ysilthan.
L’épouse de Karas Poingdefer ne savait pas à qui se confier et ignorait comment retrouver les notes de son époux. Elle s’était rendue plusieurs fois à la bibliothèque, mais nulle part elle n’avait senti une odeur de violette… Six mois après le réveil d’Éphorath, sa route croisa celle d’un fidèle qui allait devenir son ami et son confident. Bien avant de devenir le fou de l’Ymsur, Ysilthan était un fidèle de Gheim. Un des dévots les plus intègres et les plus nobles que Tir-Nâ-Bor avait connu.
Sa foi sans faille lui avait apporté le respect de ses pairs. C’est donc assez naturellement que l’épouse de Karas se confia à lui. L’histoire des violettes faillit le faire mourir de rire. Elle faisait référence à une ancienne blague naine sur les Barhans et le parfum de leurs sous-vêtements.
Après quelques heures, le fidèle mit la main sur les notes de Poingdefer. Ysilthan commença immédiatement ses recherches, traquant la moindre information sur les mines et l’époque de leur abandon. Il recoupa ensuite ce qu’il avait apprit avec toutes les références aux démons. Sa vie venait de basculer, et ne serait plus jamais la même. Très vite, la bibliothèque de Fom-Nur montra ses limites et Ysilthan quitta la forteresse en promettant à l’épouse de Karas de la tenir informée
de ses découvertes. Durant les quinze années qui suivirent, Ysilthan visita les plus grandes bibliothèques d’Aarklash. Régulièrement, il écrivait des lettres à l’épouse
de Poingdefer. Malheureusement, elle n’en reçut aucune. La pauvre n’avait pas survécu à l’accouchement. En revanche, le bébé était bien portant et fut baptisé Ézalyth, ce qui signifiait « espoir » dans l’ancien
dialecte de Gheim. Les courriers d’Ysilthan ne restèrent pas lettres mortes. Ils échouèrent entre les mains du conseil, et plus précisément des Chaudronniers. Plutôt que de s’inquiéter des révélations du dévot sur la trinité des Gouffres, les conspirateurs craignirent d’être découverts
et décidèrent d’agir à l’encontre de ce fidèle décidément gênant. Ysilthan était tellement absorbé par ses recherches qu’il abandonnait petit à petit sa charge et ses devoirs, si bien que les Chaudronniers n’eurent aucun mal à le déchoir de ses fonctions et de ses titres. Abandonné, mis au ban de sa société et de sa culture, Ysilthan devint sans le savoir un hôte parfait pour l’un des membres de la trinité des Gouffres : Eszorid, le Messie des égarés. Les efforts d’Ysilthan finirent par payer. À l’université de Kallienne, il découvrit les dernières pièces du puzzle dans un ouvrage intitulé Les Versets de la trinité, le livre saint d’une religion antérieure à l’ Hiver des batailles. Il racontait comment trois immortels démoniaques s’étaient alliés pour devenir la trinité des Gouffres, comment ils avaient soumis de nombreux peuples et comment ils en avaient décimé d’autres. Le texte donnait aussi les deux principaux lieux de culte de la trinité : la mine où tout
avait commencé (dédiée au Souverain des six aspects de la domination) et un piton rocheux au nord du Syharhalna, dans les vallons d’acier, lieu sacré des fidèles d’Elzavid, la Reine aux deux visages. Sans remords, Ysilthan détruisit l’ouvrage, mais le mal était fait. Détenteur de connaissances interdites, son esprit avait franchi une étape de plus vers la folie…
Le dévot déchu se rendit ensuite en Akkylannie pour y chercher d’autres informations sur le tombeau d’Elzavid. Totalement par hasard, il fit une autre découverte tout aussi capitale dans un journal de voyage, Le Livre de Vedath. Cet ouvrage racontait comment, un siècle plus tôt, une expédition akkylannienne à destination du Syharhalna avait été prise dans une tempête et s’était échouée sur une île des Crocs de feu. Le journal rapportait également que les croisés avaient rencontré une population « vouée à l’adoration d’une déité machiavélique » et qu’après une
brève tentative de conversion à la foi de Merin, les Akkylanniens avaient préféré éliminer les infidèles. Enfin, l’ouvrage racontait qu’un monastère avait été érigé sur le principal autel de la divinité sanguinaire et qu’un gardien avait été chargé par le Temple de veiller sur le reliquaire maudit d’Eszorid… Le combat d’Ysilthan n’était peut-être pas si désespéré, après tout, et ce fut avec un espoir renouvelé qu’il détruisit Le Livre de Vedath. Plutôt que de se rendre directement au tombeau d’Elzavid, Ysilthan retourna dans celui d’Éphorath. Il s’y était déjà rendu par deux fois, mais fort des nouvelles connaissances qu’il avait acquises, il espérait comprendre comment les immortels avaient été piégés et comment réitérer le processus. Malheureusement pour lui, ses premières visites n’avaient pas échappé à la vigilance du Despote et un détachement de Possédés
l’attendait de pied ferme. Le fidèle combattit de son mieux, mais comme souvent avec les nains de
Mid-Nor, le nombre fit la différence. Durant un mois, Ysilthan demeura entravé et bâillonné. Aucune nourriture ne lui fut donnée et aucune question ne lui fut posée. La raison de ce traitement était simple : le Despote avait conscience que seul Yh-Karas, ou plutôt Éphorath, pouvait poser les bonnes questions au fidèle. En outre, il craignait que lui faire rejoindre les rangs de son armée n’altère sa mémoire, comme cela se produisait régulièrement. Le Despote n’avait donc pas eu le choix ; il avait dû prévenir Éphorath. Un mois après l’emprisonnement d’Ysilthan,
Yh-Karas arriva enfin. La rencontre ne dura que six heures, mais ce furent les pires de la vie du fidèle. Yh-Karas l’interrogea, le tortura, le drogua, et le tortura à nouveau. Rien n’y fit, Ysilthan ne dit rien. Même la manifestation d’Éphorath ne brisa pas sa volonté. Excédés, les Possédés se retirèrent, laissant le dévot seul. Sans doute par excès de confiance, Yh-Karas avait commis une erreur durant l’interrogatoire : il avait détaché sa victime. Libre de ses mouvements, Ysilthan
pouvait à nouveau faire appel à ses litanies et n’eut aucun mal à s’enfuir. Sa joie de recouvrer la liberté fut de courte durée. Il se sentait épié et suivi par ses anciens geôliers. Il tenta de les semer, mais rien n’y fit. Leurs méthodes n’étaient pas naturelles. Le fidèle comprit que Yh-Karas l’avait laissé s’enfuir, espérant sans doute qu’il le conduirait aux tombeaux des autres immortels…
Bien entendu, Ysilthan aurait pu se contenter de rester sur place et d’attendre. Mais il n’était pas comme les Chaudronniers ; il savait qu’avec ou sans son aide, un jour ou l’autre, Éphorath retrouverait ses alliés. Les Versets de la trinité et Le Livre de Vedath qu’il avait trouvés et pris soin de détruire n’étaient que des copies… il en existait d’autres. Au cours des trois années qui suivirent, Ysilthan pria Gheim comme jamais il ne l’avait fait. Son dernier espoir était de trouver un moyen de chasser Éphorath du corps de Karas. En 998, il comprit comment faire. Désormais, il avait une chance de chasser le démon, voire de le détruire, mais il avait besoin d’aide. Il lui
fallait quelqu’un qui puisse faire réagir le vrai Karas, qui puisse l’aider à combattre. Une seule personne lui vint à l’esprit : l’enfant que Poingdefer n’avait jamais connu, Ézalyth.


Arrivé à Fom-Nur, Ysilthan ne mit pas longtemps à trouver la jeune femme. Après tout, elle était une Poingdefer et beaucoup connaissaient son nom. Il lui épargna le douloureux épisode de sa rencontre avec Karas, mais rien du reste : son premier affrontement avec les nains de Mid-Nor, sa fuite et son retour à Fom-Nur, sa traduction des symboles de la mine et la trahison du conseil. Il lui raconta tout ce qu’il avait découvert depuis, et le miracle qu’il espérait accomplir avec l’aide de Gheim. La jeune femme n’avait que quinze ans, mais elle avait déjà le tempérament des Poingdefer. Elle écouta attentivement le récit d’Ysilthan. Au fond des yeux du fidèle, là où tous auraient vu la folie, elle vit la lumière de la vérité. Son instinct l’incitait à faire confiance au vieux nain et à croire son récit. Ce dernier correspondait d’ailleurs aux visions qu’elle avait parfois. Son père était toujours vivant, elle le sentait. Son âme avait été malmenée, torturée, mais sa volonté était toujours intacte, ses efforts tendus vers un seul but : abattre une entité informe et plus noire que la nuit, un démon qui se faisait appeler Éphorath. Ysilthan et Ézalyth se mirent en route vers le tombeau d’Elzavid.

Les miracles du vieux fidèle leur permirent d’atteindre sans encombre le Syharhalna, puis les vallons d’acier. Ysilthan savait que les sbires d’ Éphorath arriveraient, au plus tard, le lendemain. Il ne fallait donc pas perdre de temps. Heureusement, le temple d’Elzavid avait été abandonné depuis des éons et les Syhars semblaient l’avoir évité comme la peste. En outre, le dévot avait mûrement réfléchi à son plan. Il avait apporté des explosifs pour piéger les lieux et tuer le plus possible de Possédés. Ensuite seulement, il s’occuperait d’Éphorath. Si son plan échouait, il
espérait que la destruction du tombeau ralentirait, voire empêcherait la libération d’Elzavid…
Sitôt parvenue au sommet du piton rocheux, la suite d’Éphorath pénétra dans les souterrains sous les ruines du Temple. Sur le coup, Ysilthan se dit que cela serait plus facile que prévu et il prépara ses explosifs, mais c’était sans compter sur le lien qui unissait Ézalyth à son père. Ce lien était un vestige d’un des nombreux pouvoirs de l’immortel et il avait la propriété de s’intensifier avec la proximité géographique. Si Éphorath chassa sans difficulté les images parasites que générait le lien, Elzavid, elle, les reçut de plein fouet. Lorsqu’elle vit Ysilthan armer les explosifs, son sang ne fit qu’un tour. Elle ressentait l’âme de son père au plus profond d’elle-même et
ne pouvait le laisser périr sous les décombres. Elle se leva et se précipita à la suite de la colonie.
La présence d’Elzavid était palpable. Une fois le sceau de protection brisé, il ne lui restait qu’à trouver un hôte… ce fut chose faite avec l’entrée d’Ézalyth dans les catacombes. La jeune femme sentit une ombre froide envahir son esprit. Elle tenta de résister, mais la puissance de son adversaire était trop grande. Sa volonté vacilla et Elzavid ouvrit les yeux. Éphorath sourit :
« Bienvenue, ma soeur ! Ou devrais-je dire ma fi … »
La Reine aux deux visages l’interrompit. Elle venait d’absorber la mémoire de son hôte et avait découvert quelque chose de très… agaçant.
« Le vieux renard ! Il a piégé les ruines. Sortons d’ici… »
Une première explosion couvrit la fin de sa phrase. Les quinze autres emportèrent les ruines. Les souterrains s’effondrèrent, écrasant les Possédés qui s’y trouvaient. Seuls Yh-Karas, Ézalyth et une poignée de moissonneurs privés de leurs ailes (Ecorcheur) parvinrent à sortir des souterrains. Éphorath était en rage :
« Je sais que tu es là. Allez, vieux fou, montre-toi ! »
Comme seul le silence lui répondit, il brandit son glaive et trancha les têtes des écorcheurs qui avaient survécu.
« Voilà, Ysilthan, il n’y a plus que nous maintenant. Avance tes dernières pièces, qu’on en finisse ! »
La réaction du dévot ne se fit pas attendre. Sortant à découvert, il entonna une litanie. Pour une fois, il partageait l’avis du démon : il était temps d’en finir. Il en appela à Gheim et à sa force. Le regard fixé sur la jeune Ézalyth, il sentit la présence d’Elzavid qui tentait de faire barrage. Usant de sa volonté comme on brandit une lance, il transperça l’immortelle et, brusquement, le regard de la jeune femme changea. Elle semblait sortir d’un long sommeil. Voyant les cadavres des écorcheurs autour d’elle, la jeune naine prit peur. Puis, elle entendit Ysilthan et une lueur
d’espoir apparut dans son regard. Le vieux fidèle comprit que son miracle avait fonctionné.
Le regard d’Yh-Karas allait d’Ysilthan à Ézalyth, ne saisissant pas ce qui se passait. Le dévot ne perdit pas un instant et se remit à psalmodier. Il lui fallait encore ramener Karas vers la lumière et cela promettait d’être plus difficile, car le guerrier était soumis au démon depuis de trop nombreuses années. Entre ses paupières mi-closes, Ysilthan vit Ézalyth se précipiter vers lui. Il était concentré, mais ne put s’empêcher de lui sourire. La joie l’envahissait, mais il savait qu’il ne fallait pas céder à l’euphorie, pas encore. Ézalyth lui rendit son sourire, mais ce sourire était un rictus carnassier, empli de haine et de folie. Le vieillard eut à peine le temps d’apercevoir l’éclat
métallique de la dague. Il était trop tard. La jeune femme plongea la lame entre les côtes du fidèle et perfora son poumon. D’un geste sec, elle la retira, puis l’enfonça à nouveau. L’ancien messager des dieux tomba à genoux, du sang jaillit de sa bouche tordue par la douleur et le désespoir… Il avait échoué. Il leva la tête vers le ciel et maudit Gheim de toutes ses forces avant de s’effondrer dans une mare de sang. Ézalyth pencha la tête sur le côté.
« Pauvre Ysilthan. Il était si confiant, si… naïf. Un simple sourire et le voilà aux anges. »
Les deux immortels éclatèrent d’un rire froid qui résonna jusque dans la vallée en contrebas.
La Reine aux deux visages reprit :
« S’il avait insisté une seconde de plus, il m’aurait vaincue… Le destin ne tient vraiment qu’à un fil,
parfois.
— Ce que tu dis est inquiétant, gronda Éphorath, cela indique que d’autres pourraient nous vaincre !
— Non. Il était le seul à connaître cette litanie. C’est sa foi et son espoir qui lui ont permis de l’acquérir. Et il y a peu de mortels de sa trempe.
— Espérons-le, ma soeur, espérons-le…
— Que fait-on de lui ?
— Il vient avec nous. Il sait où se trouve Eszorid.
— Et alors ? Nous aussi.
— Où est-il, en ce cas ?
— Je… je ne sais plus.
— Ceux qui nous ont enfermés n’ont pas seulement altéré nos noms, ils ont aussi détérioré la connaissance que nous avions de nous-mêmes… J’ignore comment, mais j’ai oublié de nombreuses choses, des savoirs et des pouvoirs… Mais ils paieront pour ça !
— Ainsi, il vient avec nous. Il fera un compagnon distrayant. Le Despote ne risque-t-il pas d’écraser sa volonté ?
— Aucune chance ! Alors qu’il agonisait, ce vieux fou a maudit le dieu auquel il avait voué sa vie. Il
aurait pu nous insulter, nous… enfin, surtout toi. Mais il a choisi de maudire son dieu, pensant que celui-ci l’avait abandonné. Il fera un hôte parfait pour Eszorid et il n’y a aucun risque que sa mémoire soit altérée par sa résurrection. Tout est donc pour le mieux. »
Ainsi, le fou rejoignit la colonie Éphorath. Pour ne pas éveiller la méfiance du Despote, le corps du
dévot et celui d’Ézalyth subirent eux aussi le rituel de Mid-Nor. Les pièces seraient bientôt au complet. La partie était presque terminée.


Grâce à Ysilthan (plus exactement à sa connaissance des Versets de la trinité et du Livre de Vedath), la colonie Éphorath n’eut aucun mal à trouver l’emplacement du tombeau d’Eszorid, sur l’une des îles des Crocs de feu. Mais il y avait deux problèmes. Le premier était que le Messie des égarés avait été le premier des trois à être vaincu, son nom avait été oublié plus tôt que celui des autres et, malgré la survivance de quelques-uns de ses cultes, son réveil s’annonçait plus difficile. Ainsi, durant les cinq années qui suivirent, la colonie Éphorath se lança-t-elle dans une grande
entreprise : elle créa plusieurs foyers religieux à la gloire d’Eszorid. En 1003, Éphorath jugea qu’il était temps de le réveiller et la colonie se mit en route pour les Crocs de feu, tout en sachant qu’il faudrait s’occuper du second problème… le fameux gardien évoqué dans Le Livre de Vedath.
Lorsqu’ils atteignirent les sous-sols du monastère, les membres de la colonie furent accueillis par le gardien, qui n’était autre que Vedath, chevalier du Temple. Merin avait préservé sa vitalité et, bien que l’homme fût des plus âgés, ni son bras ni sa foi ne pouvaient faillir ! Le templier s’adressa aux Possédés dans leur propre langue, dévoilant ainsi l’étendue de son savoir.
« Je ne vous laisserai pas libérer votre frère, créatures damnées. Puisque la pierre ne peut retenir plus longtemps la volonté endormie d’Eszorid, je lui offre une prison de chair. Puisse Merin me donner la force de retenir le démon ! »
Ysilthan allait se ruer sur le templier, mais Ezalyth le retint d’un geste brusque. S’il le tuait, il avait de fortes chances de détruire Eszorid ! Le visage de Vedath trahissait la terrible bataille qu’il menait pour garder le contrôle de ses actes. Même affaibli et enchaîné, Eszorid demeurait un adversaire redoutable. Rendu plus fort et plus vigoureux par ce pouvoir qui n’était pas le sien, Vedath s’élança dans les profondeurs du temple et échappa à la colonie. À ce jour, le templier demeure introuvable, mais Éphorath n’est pas inquiet. Quelle que soit sa puissance, la volonté de Vedath ne peut contenir indéfiniment la puissance d’Eszorid. Tôt ou tard, le templier abandonnera la lutte et la trinité des Gouffres sera de nouveau complète. Alors, les immortels retrouveront leur puissance originelle et rien ne pourra les arrêter !


LA TRINITÉ DES GOUFFRES.
La trinité des Gouffres est le nom donné aux trois dirigeants de la colonie Éphorath (Yh-Karas, le roi, Ezalyth, la reine, et Ysilthan, le fou). C’est également le nom donné à la trinité démoniaque (Éphorath, Elzavid et Eszorid) dans Les Versets de la trinité.
QUE VEUT LA TRINITÉ ?
La première chose à comprendre est que la trinité démoniaque marchait sur Aarklash bien avant l’arrivée des hommes de Kel. Depuis, le monde a bien changé. Les mortels sont devenus les maîtres du continent, les religions ont changé et les peurs aussi. La trinité doit donc tout rebâtir pour retrouver sa puissance d’antan. Le premier objectif des démons n’est pas de répandre le Mal, ni même de conquérir Aarklash. Non, ce qu’ils souhaitent en premier lieu est la renaissance de leurs
cultes et leur expansion, afin que leurs noms soient de nouveau synonymes de peur et de puissance.

UN SEUL FOU ?
Eszorid, le Messie des égarés, a le pouvoir d’ubiquité ou, plus exactement, de bilocation. En d’autres termes, il peut être à deux endroits à la fois. Son futur hôte sera doué de ce pouvoir. Ainsi, en un sens, il y aura bien deux fous dans la colonie Éphorath. Ce pouvoir est lié à l’origine même d’Eszorid. En tant que Messie des égarés, il n’appartient à aucune terre, à aucun peuple. Il ne peut être soumis !
COMMENT LES POSSÉDÉS SE SONT-ILS RETROUVÉS À LA MINE LA PREMIÈRE FOIS ?
Les Possédés attendaient le bon moment pour attaquer les explorateurs. S’ils avaient connu le langage des Wolfen, les nains auraient anticipé l’attaque car la meute qui hurlait au loin ne défendait pas son territoire, elle les prévenait du danger. Bien entendu, cela ne répond que partiellement à la question. Les magiciens savent depuis longtemps que les immortels auxquels ils doivent leur pouvoir prennent peu à peu pied sur Aarklash, à chaque fois que leur nom est correctement prononcé. Ils ont donc déformé les noms interdits pour atténuer leur puissance et éviter un nouveau cataclysme. Les prodigieux démons qu’invoquent les mystiques sont donc connus sous de multiples sobriquets et autant d’apparences. Il existe un être pour qui la découverte des vrais noms revêt une importance capitale : le Despote. Celui-ci a déjà localisé les tombeaux de plusieurs immortels déchus. Cela ne lui suffit pas ; il lui faut découvrir leurs vrais noms, cachés dans les limbes du temps et de l’oubli. Sitôt qu’il aura utilisé leur puissance pour éveiller les déchus et les asservir, aucun obstacle ne pourra se dresser entre lui et le contrôle d’Aarklash. Le tombeau d’Éphorath fut le premier sur lequel il jeta son dévolu.

Cry Havoc Nr. 14 Page 41.
Fidèle il y a quelques mois encore à la cause de Mid-Nor, la colonie Éphorath a mystérieusement disparu et ne répond plus aux injonctions du Despote. Aucun Possédé n’a ressenti l’écho de sa destruction car, aussi incroyable que cela puisse paraître, les guerriers d’Éphorath se sont tous brutalement libérés de l’emprise de Mid-Nor. La colonie disparue était dirigée par Ephorath et sa
soeur Ezalith, deux puissants démons. Au moment de leur disparition, ils étaient à la recherche de leur dernier frère, Eszorid, afin de former une puissante trinité démoniaque dont le pouvoir sans limite servirait les projets du Despote. Un seul obstacle se dressait encore sur leur chemin : le chevalier templier Vedath, gardien du démon et hôte d’Eszorid. Après des années de traque, Vedath s’est finalement retourné contre ses poursuivants. Au terme d’une bataille épique, le templier a péri, libérant le démon que son coeur retenait prisonnier. À nouveau complète, la trinité a brisé ses chaînes et entraîné avec elle les Possédés qui se battaient sous ses ordres. Le Despote, fou de rage, a ordonné à ses troupes de retrouver les renégats et de les punir comme il se doit.

Cartes Rackham :

Concepts :