Sempaï

Rooted Profile

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1 Figurine par Carte

Concept : ToDo

Sculpture : ToDo

Profil : Rooted

Socle : Infanterie 3 Cm

Taille Unité : Petite

Classe : Samûra

Rang : Incarné 2 Élite

Affiliation : Ûraken

Date de Sortie :

Équipement(s) :

Compétence(s) :

Instinct de Survie/ 6, Bretteur, Fine Lame, Contre-Attaque/ 1, Stratège
(Artefact/ 2, Coup de Maître/ 0, Enchainement/ 2)

Artefact(s) :

Ûchiha
Mémoire de Kiritsû

Background :

Cry Havoc Nr. 7 Page 75-79.
LE DEVOIR.
Le sang gicla avec force sur le masque de Kiritsû. Le bûshi contempla un instant le regard étonné de son adversaire, puis se détourna du soldat alors que celui-ci s’effondrait sur le sol, sans vie. Il para le coup de hache d’un autre nain tout en reculant vers ses ashigarûs. Il entendit hurler derrière lui, mais n’y prêta pas attention. Poussant le cri de guerre d’Ûraken, il feinta, puis embrocha le soldat nain. Rien à faire, le bougre continuait de beugler des jurons et de se battre. Kiritsû recula encore, cherchant à se retrouver dos à dos avec ses ashigarûs. Un nouveau cri retentit derrière lui alors qu’il feintait de nouveau. Cette fois, la lame heurta la tête du bougre. Sonné, le nain ne put parer le coup suivant et s’effondra après une ultime blessure. Kiritsû jeta un regard circulaire autour de lui. Seuls deux ashigarûs l’accompagnaient désormais ; il ne pouvait même pas reconnaître les autres dans la masse de cadavres qui l’entourait. Ses troupes étaient effrayées par les pertes subies. Kiritsû aboya des ordres pour les rassurer. Craignant leur chef plus que leurs ennemis, les ashigarûs se placèrent derrière le bûshi, prêts à reprendre le combat. Les nains avaient submergé les lignes de défense du clan Ûraken. Kiritsû voyait les armures des guerriers Khor étinceler sous le soleil et la terre tremblait sous les charges des razorbacks. Pourtant, dans la mêlée générale, le bûshi aperçut l’étendard du clan. L’état-major tenait bon, et c’était tout ce qui comptait. Prenant sur lui de changer le cours de la bataille, Kiritsû avisa le dernier pont que les nains n’avaient pas détruit. Une unité Khor repoussait inlassablement les renforts gobelins qui tentaient de traverser le fleuve. Puisant dans sa connaissance de l’art de la guerre, Kiritsû jugea que s’il parvenait à prendre les nains à revers sur ce pont, les renforts atteindraient la mêlée générale et sauveraient le clan. D’un geste, il ordonna à ses troupes de le suivre. Après une rapide course, il sonna la charge. Occupés par les ashigarûs qui cherchaient à franchir le pont, les guerriers Khor ne virent pas le détachement de Kiritsû approcher. Mais les lames du bûshi et de ses compagnons rebondirent sur les armures naines et l’unité Khor se réorganisa rapidement. En un éclair, les deux ashigarûs étaient fauchés et Kiritsû faisait face, seul, aux terribles nains de l’Ægis. À nouveau, le bûshi recula pour éviter les coups de ses ennemis. Les nains le suivirent sans lui laisser de répit. Kiritsû sourit ; le pont s’était dégarni et les derniers guerriers Khor ne résistèrent pas à la pression des ashigarûs. Ses propres assaillants tentèrent de reprendre leurs positions, mais Kiritsû les poursuivit et leur donna la mort. Il chercha du regard une unité qu’il pourrait rejoindre.
— Kiritsû-san !
Un bûshi lui faisait signe, de l’autre coté du fleuve. Au même moment, les renforts foncèrent vers le gros de la mêlée. Kiritsû voulait les rejoindre.
— Kiritsû-san, votre présence est requise au campement!
Les ordres sont les ordres. Kiritsû traversa le pont et suivit le bûshi. Quelques minutes plus tard, il entrait sous la tente principale du campement. Un envoyé du Shogûn et son oncle Sempaï l’y attendaient. Kiritsû s’inclina respectueusement. L’envoyé s’éclaircit la gorge.
— Vous êtes bien le bûshi Kiritsû ?
— Oui.
— Où est votre unité ?
— Décimée.
L’envoyé fit une grimace.
— Au moins, nous n’aurons pas à lui trouver un nouveau meneur.
— Pardon ?
— Le Shogûn requiert votre transfert à Klûne.
Kiritsû préféra garder le silence.
— Vous y prendrez en charge une unité de miliciens, sous le commandement de Bazûka-san.
— Des miliciens ? Pourquoi pas des ashigarûs ? Ils surclassent de loin tous les combattants de Klûne !
— Les ordres sont les ordres. Vous participerez à une campagne d’importance stratégique, et vous formerez vos hommes à l’art de la guerre !
— Oui. L’envoyé se retira. Kiritsû se tourna vers son oncle.
— Ai-je incommodé le Shogûn, mon oncle ?
— Pas du tout.
— Pourquoi suis-je puni de la sorte, alors ?
— Ce n’est pas une punition, mais un honneur.
— Je n’arriverai jamais à commander des miliciens ! C’est une manoeuvre pour me déshonorer !
— Ne t’inquiète pas, tu y parviendras. Et si tu as un problème, n’hésite pas à me le faire savoir, je verrai si je peux faire jouer mon influence en ta faveur. À moitié rassuré, Kiritsû quitta la tente, puis son clan, et partit pour la capitale impériale.


LES ORDRES.
Premier jour de campagne,
Mon oncle, je suis désolé de vous importuner si tôt. Soyez assuré que cette missive est motivée par un grave problème : cette campagne militaire n’a ni queue ni tête. Loin de moi l’idée d’insulter la sagacité de notre commandeur, Bazûka. D’ailleurs, tout ce qui a trait à l’organisation de notre armée et à la levée des troupes est fait dans le plus grand respect de l’art de la guerre. La présence de cet illustre guerrier est la seule chose qui me rassure depuis mon départ. Malheureusement, tout le reste est empreint de la bêtise et du désordre propre à nos cousins des autres clans. Les neuf miliciens dont on m’a confié le commandement ressemblent plus à une bande de brigands qu’à un groupe de soldats. Les autres bûshis et moi-même devons sans cesse sonner les cloches des conducteurs pour être certains que le convoi soit en ordre de marche. En effet, cette campagne militaire implique un voyage. Un instant, j’ai espéré que notre clan ait reçu l’autorisation de débarquer à Zoukhoï pour terrasser les traîtres du clan Yakûsa, mais, visiblement, l’heure n’est pas venue. C’est vers l’Est que nous marchons. Et par la terre, de surcroît, ce qui ne fait qu’ accroître ma perplexité. Pourquoi ne pas se faire convoyer par la marine impériale ? Cela dit, pour répondre à cette question, encore faudrait-il que je connaisse exactement notre destination. Car c’est là le plus absurde… je ne connais même pas l’objectif de toute cette opération ! A-t-on jamais vu pareille idiotie ? Je suis persuadé que le commandeur connaît la raison de tout cela, mais l’Empereur lui a sans doute interdit de la divulguer. Comment vais-je faire pour préparer mes troupes, si je ne sais même pas à quoi les préparer ?


LES TRAQUEURS DU BRAN-Ô-KOR.
Mon neveu,
Je comprends la surprise qui est tienne, et j’ai bien perçu le respect que tu portais à ton commandeur. Dois-je te rappeler que tu dois faire preuve du même respect envers l’Empereur et ses soldats ? Tu représentes notre clan, par tes faits d’armes, mais aussi par tes paroles. N’oublie pas que le regard de tout l’Empire est tourné vers toi. Surtout, ne te trompe pas sur ta loyauté. Dis-toi que la fougue que tu mets à servir Bazûka n’est rien comparée au dévouement de celui-ci à servir l’Empereur Izothop. Ne t’égare pas comme l’infâme traître Yakûsa ! Quant au secret qui entoure la campagne à laquelle tu participes, il est probablement de mise. Il s’agit de la première opération de grande envergure à laquelle participe notre clan. Il est probable que les ennemis de l’Empire redoutent d’affronter des troupes commandées par Bazûka. Ainsi, l’armée à laquelle tu appartiens est sûrement espionnée ou infiltrée par des agents ennemis. La guerre repose sur le mensonge. La victoire s’obtient aussi par l’espionnage. En dissimulant aux soldats la destination de votre périple, Bazûka s’assure de conserver le plus longtemps possible l’avantage de la surprise et évite autant que faire se peut de tomber dans une embuscade Ne doute donc pas de l’importance de ton engagement. Si cela peut te rassurer, j’ai moi-même entendu que nos alliés orques avaient récemment rendu visite au palais impérial. Mes sources m’ont rapporté la présence du clan des traqueurs parmi ces émissaires, et notamment celle de Carbone. Même un jeune bûshi tel que toi a probablement entendu parler de cet exilé et de ses compagnons qui veillent sur les canyons du Bran-Ô-Kor. La présence de personnages aussi glorieux ne peut que signifier un objectif d’une grande importance. Aie confiance en tes chefs, suis leurs ordres à la lettre
.

LA PRÉPARATION.
Treizième jour de campagne,
Nous progressons toujours vers l’Est, et nous atteindrons bientôt Barg. Depuis notre départ, à chaque halte, je tente d’enseigner à mes troupes les rudiments de l’art de la guerre. Je m’y suis attelé dès le premier jour. J’ai demandé à l’état-major d’autoriser mes hommes à porter les couleurs d’Ûraken, mais ma requête a été rejetée. J’ai donc relu attentivement le Traité de discipline martiale et commencé leur entraînement. Je leur ai expliqué qu’ils devaient vaincre leur peur de la mort, qu’en réalité, ils étaient déjà morts, car c’est là le destin de tout guerrier. Je dois avouer que leur réaction m’a beaucoup surpris. Certains ont ricané, d’autres m’ont contemplé avec de l’incompréhension dans le regard, mais l’attitude de la plupart trahissait une angoisse profonde, cette même peur que je les encourageais à vaincre. J’ai été sévèrement réprimandé pour avoir exécuté ceux qui ont osé se moquer de moi. Heureusement, l’Empire dispose de nombreuses troupes et ma demande de renforts a été acceptée. Ayant échoué à endurcir leur esprit, j’ai tenté de renforcer leur corps. À mon grand soulagement, les gobelins des autres clans semblent aussi robustes que nos ashigarûs. Cela dit, je me suis vite aperçu que cet entraînement était vain. Mes hommes manquent cruellement de discipline ; ils rechignent au travail, font les exercices à moitié et ne perdent jamais une occasion de tirer au flanc. J’ai beau leur sonner les cloches à être entendu jusqu’en Ægis, je ne peux rien tirer d’eux. Dans ce désastre, je suis cependant rassuré par le sort des autres bûshis qui m’accompagnent. Beaucoup d’entre eux sont également meneurs, et ils rencontrent les mêmes difficultés que moi. J’ai même l’impression de mieux tirer mon épingle du jeu que d’autres. En tout cas, Bazûka ne m’a rien dit, bien qu’il ait assisté à certains des entraînements que j’ai tenté de mener à bien. Cette campagne semble bien entachée de honte. Je prie Rat pour que la première bataille ne me couvre pas de déshonneur.


L’ARMÉE EN CAMPAGNE.
Trentième jour de campagne,
Je suis désolé de ne pas vous avoir écrit plus tôt. Cette lettre vous parvient probablement après les inquiétantes rumeurs que vous avez dû entendre. J’espère sincèrement que vous ne vous êtes pas trop inquiété pour moi. Comme vous pouvez désormais le constater, je suis toujours en vie. Vous le savez probablement, notre armée a dépassé Barg. Suivant les itinéraires établis par les commerçants de No-Dan-Kar, nous avons longé la forêt de Diisha, au pied des montagnes de l’Ægis. Comme nos casse-montagne avaient dû être démontés pour le voyage, nous ne pouvions rivaliser avec l’artillerie de l’Ægis et Bazûka a décidé de se tenir au plus près de la forêt pour éviter les nains. En cela, il a réussi, mais les Wolfen nous attendaient. Je persiste à penser que nous étions largement supérieurs en nombre et que, malgré le terrain, nous aurions dû repousser l’assaillant sans coup férir. Mais il en a été autrement… un véritable carnage. Sitôt le premier Wolfen repéré, mes miliciens ont pris la fuite. Ils ont eu si peur que le vert de leur peau a viré à un jaune maladif. Le temps que je les rattrape pour les rallier, notre convoi avait déjà subi de lourdes pertes. Réalisant la précarité de la situation, j’ai ordonné une charge, mais les troupes ont refusé de s’attaquer aux chasseurs qui détruisaient nos chariots. Heureusement, les Wolfen n’ont pas résisté à leur instinct de tueur et ont eux-mêmes chargé. Cela a provoqué la désorganisation de mon unité, mais a eu le mérite de la jeter dans la bataille. Mes hommes étaient paralysés par la peur, et aucun d’entre eux n’a survécu à la boucherie. J’ai tout de même réussi à tuer l’un des chasseurs et à en achever un deuxième, blessé. Malheureusement, le troisième et dernier Wolfen m’a fait face avec une sauvagerie sans nom. Seul, je n’ai pu lui résister et mon sang a abreuvé cette terre sauvage. J’ai cru mourir, là-bas, dans cette sombre forêt, mais mon assaillant a pris la fuite lorsque l’arrière-garde est arrivée en renfort. J’aurais préféré mourir cette nuit-là. Mon implication dans cette bataille est un véritable désastre. Dès que mes forces me le permettront, je procéderai au seppûkû pour vous éviter l’infamie. Adieu.


IMPÉRATIFS STRATÉGIQUES.
Quarante-troisième jour de campagne,
Il semble que la mort se refuse à moi. Sitôt mes blessures guéries, j’ai demandé à Bazûka-san l’autorisation de mettre un terme à mes jours. Quelques heures plus tard, lorsque j’ai vu mon commandeur arriver sous la tente de l’hôpital, j’ai cru que c’était pour la cérémonie, mais il n’en était rien. Bazûka m’a interrogé sur les causes de mon échec. Je lui ai expliqué comment les miliciens de Klûne avaient fui et à quel point ils étaient de mauvais soldats. Il a rétorqué que les soldats ne sont jamais aussi mauvais que leur meneur. Cette réponse m’a blessé plus durement que les griffes d’un Wolfen. Bazûka-san m’a ensuite expliqué que la puissance d’une armée ne tient pas qu’à ses effectifs et à la compétence de son commandeur, mais également à sa vertu, c’est-à-dire à la relation qui existe entre un meneur et ses troupes. Je lui ai répondu qu’au sein du clan, je n’avais aucun problème, que mes troupes m’obéissaient au doigt et à l’oeil. Il m’a alors demandé où était la dernière unité d’ashigarûs que j’avais commandée. Au moment où je m’apprêtais à répondre, j’ai compris que l’anéantissement de celle-ci ne ferait qu’accréditer les propos du commandeur. Je me suis donc tu. Le commandeur m’a avoué que si notre campagne avait un objectif réel, elle constituait surtout un test. Elle devait prouver à l’Empereur que le clan Ûraken pouvait amener la discipline et l’ordre dans l’armée impériale. Elle devait démontrer la validité de notre art de la guerre. Et pour cela, Bazûka avait besoin de nous, les bûshis du clan. Je n’ai donc pas reçu l’autorisation de me tuer, car le commandeur n’avait personne pour me remplacer. Il m’a confié le commandement d’une nouvelle unité arrivée en renfort et m’a ordonné de mener mes troupes à la victoire, pour l’honneur du clan Ûraken. Bazûka-san m’a assuré qu’il me laisserait laver l’affront de ma défaite une fois l’Empire convaincu de l’utilité de notre art de la guerre. Voyez mon oncle. Mon infamie est si grande que je ne peux honorer la mémoire de mes ancêtres. Ce nouveau commandement sonne comme une punition, une épreuve dont je dois triompher pour retrouver ma dignité. Suffisamment, en tout cas, pour me présenter devant Rat. Je dois triompher !


IZOTHOP ET ÛRAKEN.
Mon neveu,
Je comprends le désarroi qui est le tien, ainsi que la difficulté de la situation dans laquelle tu te trouves. Cela dit, je me demande si ton analyse est correcte. Tu n’as pas véritablement été défait, puisque ton convoi progresse toujours vers son objectif. Certes, tu as subi des pertes, mais n’est-ce pas le lot de tout commandant ? En t’interdisant de mettre fin à ta vie, Bazûka-san t’empêche surtout de te laisser emporter par ta fougue. Il est probable que, de son point de vue, il n’y a aucun déshonneur à laver. En revanche, je suis convaincu que ses propos sur l’importance de ta conduite sont sincères. Les rumeurs vont bon train depuis le départ de ton commandeur, et il semblerait qu’Ûraken lui-même ait rencontré notre Empereur avant de nommer Bazûka à la tête de ton armée. Je sais désormais que cette rencontre a soulevé de vives protestations au sein des autres clans. Beaucoup considèrent toujours notre chef comme un déserteur et un fou. Je ne connais pas la nature exacte des tractations menées entre notre clan et l’Empire, mais l’implication d’Ûraken dans cette campagne suggère que nous sommes appelés à prendre une place de plus en plus importante dans la marche de notre nation. Pour obtenir cet honneur, il est probable qu’Ûraken ait offert quelque chose d’une grande valeur à l’Empereur. Or, notre clan est loin d’être aussi fortuné que ceux de Klûne ou de Barg. Notre seule richesse, c’est l’art de la guerre. En échange d’une place aux côtés de l’Empereur, Ûraken a promis une nouvelle armée impériale, et la victoire sur nos ennemis. La campagne que vous menez aujourd’hui doit être la preuve qu’il peut réussir. Or, il ne peut apporter cette preuve sans de bons officiers. Il semblerait donc qu’à travers cette campagne, l’Empereur teste Ûraken, qui lui-même teste Bazûka, qui lui-même teste ses bûshis. De ta capacité à mener ta prochaine unité dépend le sort de notre clan.


RAVITAILLEMENT.
Soixante-douzième jour de campagne,
Mon oncle, il s’est produit un événement si incroyable que je ne peux m’empêcher de vous en faire part : j’ai vu les gobelins de No-Dan-Kar sous un jour nouveau. Depuis ma dernière missive, tout s’est déroulé comme prévu par Bazûka-san : je me suis remis de mes blessures et j’ai reçu le commandement d’une unité de treize maraudeurs. Dans un premier temps, ils se sont comportés comme des gniards et je n’ai pas réussi à leur enseigner quoi que ce soit de l’art de la guerre. En outre, la situation est vite devenue préoccupante. L’attaque des Wolfen ayant sérieusement amoindri nos vivres, nous avons compris que les provisions nous manqueraient bien avant notre arrivée à destination. Nous aurions pu nous enfoncer dans le Bran-Ô-Kor et y requérir l’aide de nos alliés, mais pour une raison qui m’échappe encore, le commandeur a décidé de longer l’Ægis. C’est ainsi que, par chance, nous avons découvert un village de colons akkylanniens. À plusieurs lieues de distance, nous avons aperçu les clochers de leurs églises. Bazûka a aussitôt ordonné l’assaut, comptant sur les vivres des Akkylanniens pour grossir nos propres provisions. À l’annonce de cette nouvelle, j’ai cru voir les soldats muter : une excitation sans pareil s’est emparée d’eux et un terrible cri de guerre a retenti dans nos rangs : « Pour la prise, pour la prise ! ». On aurait dit de farouches pirates se préparant à l’abordage. Je dois avouer que, perturbé par cet entrain, je n’ai pas été un meneur très concentré. Quand bien même, mes maraudeurs n’ont pas semblé avoir besoin de moi. Ils ont chargé sans peine, ignorant la peur, et ont occis avec une hargne inouïe tous les conscrits qui se sont dressés entre eux et les entrepôts. Il y avait quelque chose de terrible, mais de beau, dans cette obstination dévastatrice. Certes, nous étions bien loin de la sage retenue qu’implique la conduite d’une armée, mais je dois avouer que ces gobelins savent se battre lorsqu’ils s’en donnent la peine. J’ai le sentiment que la solution est proche.


SUPPUTATIONS.
Après le pillage, mes gobelins sont redevenus aussi incapables qu’avant. Je n’ai pas su leur faire retrouver cet état de rage. Je ne sais comment triompher de leur apathie. Je dois utiliser l’art de la guerre. Je dois parler le même langage qu’eux. Je dois comprendre leur objectif, comme si j’étais un commandant adverse. Je dois leur donner ce qu’ils veulent, tout en les forçant à me donner ce que je veux. Que veulent-ils ? Ils veulent la richesse. Ils veulent surtout pouvoir en profiter. Si je leur explique qu’une victoire rapide leur assurera un retour rapide à No-Dan-Kar, il n’y a rien qu’ils ne pourront faire en mon nom. Voilà la solution.

LE MENSONGE.
Quatre-vingt-huitième jour de campagne,
Nous sommes désormais dans les canyons du Bran-Ô-Kor. Nous avons été rejoints par des troupes orques et des dévoreurs. Ils ressemblent plus à des chasseurs qu’à des soldats, et je pense avoir reconnu ce Carbone dont vous m’avez parlé. Notre campagne aussi ressemble désormais plus à une traque qu’à une opération militaire. Et seul Rat sait ce que nous traquons. Enfin, peu importe. J’ai appliqué mes hypothèses à l’entraînement de mes maraudeurs. À ma grande satisfaction, cela a fonctionné. Dès lors qu’il s’agit de sauver leur peau, mes troupes déploient une rare ingéniosité, digne de nos meilleurs généraux. Ainsi, j’ai pu leur enseigner la formation et la discipline, leur faisant comprendre que céder à la peur était le meilleur moyen de se faire tuer. Cette fois-ci, ils ont bien réagi, notamment le jeune Oxyd, qui possède une intelligence supérieure. De même, j’ai pu constater que le régulier Carbur, s’il gardait son calme, pouvait subir de nombreux coups avant de tomber. Ce sont de braves gobelins. Je leur prête régulièrement mon Traité de discipline martiale pour qu’ils puissent se familiariser avec l’enseignement d’Ûraken. Et, pour couronner ce succès, j’ai le plaisir de vous annoncer que je suis visiblement devenu un exemple pour mes pairs. De nombreux autres bûshis sont venus me demander conseil et, alors qu’il inspectait les troupes, j’ai cru apercevoir un regard approbateur de la part de Bazûka-san. Nul doute que nos soldats se familiarisent chaque jour avec l’art de la guerre et que notre commandeur tiendra sa promesse.


LES NEUF RETOURNEMENTS.
Quatre-vingt-douzième jour de campagne,
Aujourd’hui, nous nous sommes battus dans les canyons du Bran-Ô-Kor. Au matin, nos éclaireurs orques et dévoreurs ont repéré une formation ennemie et Bazûka-san nous a ordonné d’effectuer une battue à travers les défilés rocheux. Confiant dans mon unité de maraudeurs, je n’ai pas hésité à me porter volontaire pour être en première ligne. Le soleil commençait à peine à décliner lorsque nous avons aperçu nos ennemis. C’est Oxyd qui les a vus le premier : deux guerriers Skorize qui observaient depuis les hauteurs la progression de notre convoi. Je me rappelle leurs lames, soigneusement repliées le long de leur dos pour ne pas trahir leur présence. Ils étaient deux, nous étions quatorze. J’ai ordonné la charge et les maraudeurs ont chargé sans broncher. Malgré ce succès, j’aurais dû m’apercevoir qu’ils n’avaient pas la conviction escomptée. Le premier assaut a été terrible. Malgré sa petite taille, Oxyd a été coupé en deux par les lames dorsales, prestement déployées. La plupart des maraudeurs ont été blessés et j’ai eu le plus grand mal à préserver leur vaillance. Alors que j’espérais mener un deuxième assaut plus victorieux, un cri horrible a retenti derrière notre position. Surgissant d’un gouffre béant dans la roche, des nains hideux et couturés ont fondu sur nous. Seuls Carbur et moi-même avons résisté à la froide morsure de la peur. Tous les autres ont fui. Les Skorize nous ont poursuivis, tuant encore deux des nôtres, mais j’ai pu restaurer l’ordre dans les rangs. Rappelant à ces pleutres qu’ils devaient tenir pour vivre, j’ai réussi à organiser une défense efficace contre la charge ennemie. Grâce au nombre, nous avons triomphé des deux Skorize et j’ai ordonné une nouvelle charge sur les nains du Despote qui se retiraient. Mais rien à faire, les maraudeurs ont refusé de m’écouter : ils voulaient bien se défendre, mais pas attaquer. Les sbires de Mid-Nor ont fui, emportant avec eux des informations précieuses sur notre présence et notre cap. Bazûka-san n’a guère apprécié ce contretemps. Selon lui, si les suppôts des Ténèbres parviennent avant nous à notre destination, c’est une sérieuse bataille qui s’annonce. Contrairement à ce que je croyais, je n’ai pas compris le véritable profit que cherchent nos cousins des autres clans. L’avidité pécuniaire suffit pour les entraîner et les pousser à se défendre, mais sur un champ de bataille, il ne faut pas chercher à survivre. Il faut tuer. C’est comme dans un duel : si on cherche à ne pas perdre son sabre, on ne peut jamais tuer l’adversaire. Face à ce nouvel échec, j’ai de nouveau perdu tout espoir. Pourriez-vous m’aider ?


GLOIRE ET HONNEUR.
Mon neveu,
Ta dernière lettre m’a intrigué. J’ai pris sur moi de discuter avec l’un de nos rares cousins qui a la reconnaissance du clan… le baron Ozöhn. En l’écoutant, j’ai compris que les gobelins de No-Dan-Kar ne sont ni cupides, ni avares. Pour eux, le klû est un moyen, pas une fin. Le baron m’a fait comprendre que nos cousins attachent autant d’importance à la reconnaissance sociale que nous à l’honneur et que ces deux notions sont plus voisines qu’il n’y parait. Leur richesse ne sert qu’à acheter des titres, comme nos faits d’armes nous permettent de progresser dans la hiérarchie du clan. Le regard des autres pèse donc autant sur nos cousins que sur nous-mêmes. J’espère que ma démarche t’aidera et, surtout, que cette lettre arrivera à temps. Puisse Rat être avec toi.


MORT AU COMBAT.
Honorable Sempaï,
L’armée impériale de No-Dan-Kar a le regret de vous informer que votre neveu Kiritsû a trouvé la mort au combat. Je joins mes sincères condoléances à celles de notre Empereur, et je tiens à vous assurer que le bûshi Kiritsû est mort honorablement, l’arme à la main. Nous menions un combat désespéré, loin de nos terres et de nos frères, et votre neveu a été le meneur que j’attendais. Grâce à lui et à tous les autres gobelins qui sont morts ce jour-là, notre armée a pu remporter une victoire décisive contre nos ennemis et acquérir un avantage stratégique qui sera, j’en suis convaincu, déterminant dans les batailles à venir. Je tiens en particulier à vous annoncer personnellement que grâce, entre autres, au sacrifice et à la vertu de votre neveu, le clan Ûraken a été couvert de gloire par l’Empereur. Le succès que nous avons rencontré dans les canyons du Bran-Ô-Kor a permis de montrer à tout l’Empire la supériorité de notre art de la guerre. Nul doute que le clan Ûraken jouera un rôle prépondérant dans le futur de notre nation. Cette réussite, nous la devons aussi à votre neveu, l’honorable Kiritsû.
Sincèrement, Bazûka
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Concepts :