Les Rats de No-Dan-Kar

Blason / Symbol :

Rat

Localisation :

Les Marais de No-Dan-Kar

Dirigeant(s) :

Empereur Izothop

Divinité(s) :

Rat

Villes :

Klûne la Grande
Zûog
l’île de Zoukhoï
Xanadû
Barg
Nonga Nonga
Kakufu l’enfer du jeu

Forteresses :

ToDo

Clans :

NEUF CLANS POUR LES GOUVERNER TOUS.
L’aristocratie klûtocratique des Ströhm ne forme pas l’ensemble uni que les autres peuples croient y trouver. Bien au contraire, toutes sortes de clans s’y partagent le pouvoir. Nul ne sait vraiment où l’existence des neuf clans trouve son origine. Les plus dévots signalent à l’envi que neuf gobelins suivirent Rat dans les gouffres de l’Ægis, d’autres insistent sur l’importance du chiffre neuf. Toujours est-il que la noblesse gobeline est invariablement structurée autour de ses neuf roitelets qui tentent de construire la terrifiante hétérogénéité du peuple gobelin. C’est ce désir de contrôler la variété qui est à la source des complications sur le chemin de celui qui souhaite obtenir un titre (même s’il dispose des moyens de se l’offrir). Toutefois, de nombreux postulants parviennent à contourner les blocages imposés par les roitelets en jouant sur la rouerie de nobles moins scrupuleux. Après tout, les clans sont aussi peu uniformes que le reste de la société gobeline. Quelques lignes les distinguent cependant.

Les Sonantes de Bronze
Le Marais Chaussé
Le Clan X
Les Pirates de la Dent Noir
Les Cloches Tonnantes
Les Terriers de la Motte
Les Rats Noir
Plonge Gouffre
Les Fouisseurs

Confrérie des Boulets Rouges
Kopff Krake la Marine Impérial (Rooted)
La G.A.G.
Les Aérostats Gaffard (Rooted)
Les Pirates de Tako
L’Ordre des Kaôlin
Ûraken
Yakûsa

Atouts :

ToDo

Alliés :

Les Orques de Bran-Ô-Kor,

Langue :

Description :

ToDo

Artefacts :

Les Artefacts Gobelins

Background :

Rag’Narok Univers Page 146-153.
Établir une chronologie même approximative des grands événements qui ont marqué les pérégrinations du peuple Gobelin représente une tâche surhumaine. Car du nord au sud, d’est en ouest, même dans les endroits les plus reculés, les plus hostiles et les plus dénués d’intérêt d’Aarklash, les Rats sont partout. Il ne demeure aujourd’hui que peu de traces du passé des Gobelins avant leur rencontre avec les Nains. Pour autant que les annales des archivistes de Tir-Nâ-Bor nous en apprennent, les Gobelins vivaient à l’origine dans le nord des Monts Aegis. Ils étaient alors regroupés en petits clans primitifs vivant dans les profondeurs des galeries souterraines. Leur tempérament craintif ne les incitait guère à se risquer vers l’extérieur qu’ils considéraient alors comme le domaine des dieux et des monstres. Ils se contentaient de se nourrir de champignons et de petits animaux qui s’aventuraient dans les grottes. Leur histoire bascula le jour où les Nains, venus des monts du sud, vinrent s’installer sur leur territoire. Prirent-ils les Nains pour des envoyés des dieux ou pour des dieux eux-mêmes ? Cela demeure un mystère. Mais après quelques temps, ils se mirent à leur apporter des offrandes, de la nourriture et des statuettes de pierre taillée. Certains Nains s’en amusèrent. D’autres y virent un tout autre intérêt. Ces créatures étaient chétives, mais nombreuses. En outre, leur petite taille était parfaitement adaptée à la vie dans ces boyaux étroits et leur agilité était sans pareille. Alors les Nains entrèrent dans leur jeu. Ils leur commandèrent tout d’abord de creuser des galeries et d’aménager pour eux les grottes souterraines. Les Gobelins s’acquittèrent de cette tâche de bonne grâce et avec ferveur. Mais ce-faisant, ils mirent à jour de nombreuses veines de métal et les anciens alchimistes s’intéressèrent de près aux fabuleuses propriétés de ces minéraux rares. Cette découverte constitua une révolution majeure et il fallut bientôt de plus en plus de maind’oeuvre pour exploiter les filons de fer. Les Nains se firent plus exigeants, n’hésitant pas à châtier durement les Gobelins qui ne travaillaient pas assez vite. En quelques années, la totalité des tribus de Gobelins furent réduites en esclavage. Les Nains les maintenaient asservis par la force et surtout par la crainte qu’ils leur inspiraient. Cette situation perdura pendant des centaines d’années, mais elle ne pouvait durer éternellement. Il existe plusieurs versions de ce qu’il advint réellement et celles-ci varient bien sûr grandement selon quelles vous sont narrées par un Nain ou par un Gobelin. Mais une chose est certaine le voile tomba un jour. Les Gobelins se rendirent compte que les Nains n’étaient pas les êtres divins prétendaient être : leur sang pouvait être versé et mort était aussi définitive que la leur. Il y eut un grand soulèvement, et les souterrains résonnèrent longtemps du bruit des combats. Les Gobelins étaient plus nombreux que les Nains, mais ces derniers étaient plus forts, mieux armés et inspiraient encore de la crainte à leurs adversaires Pour ces raisons, les Nains ne furent pas anéantis. Mais ils ne parvinrent pas à mater la rébellion. Les Gobelins quittèrent les mont Aegis et se dispersèrent par petits groupes. Le plus grand nombre d’entre-eux franchit le Zokorn au nord des montagnes. Ils tentèrent tout d’abord de s’installer dans la grande forêt, ignorant qu’il s’agissait là du territoire des terribles Wolfen… La terreur que ces créatures leur inspirèrent fut telle qu’ils quittèrent ces bois sur-le-champ et se réfugièrent dans les marais de No-Dan-Kar.

Les Cités Champignons.
La plus importante concentration de Gobelins connue à ce jour se situe sur le plateau de No-Dan-Kar. Leurs plus anciennes cités. Klûne, Zûog et Barg. se trouvent dans les marais qui bordent la côte nord, là où le plateau décline jusqu’au niveau de la mer, à l’embouchure du Zokorn. Klûne est aujourd’hui considérée comme la capitale de la nation Gobeline. C’est là que s’installèrent jadis les Gobelins qui fuirent les monts Aegis pour échapper aux Nains. Ceux-ci découvrirent, au coeur des marécages, les ruines d’une antique cité et jugèrent l’endroit parfait.

A l’heure actuelle, Klûne offre un visage des plus incroyables. Au fil des décennies, le coeur de la cité s’est largement étendu en superficie. La prolifération des Gobelins se fait à une telle vitesse que leurs taudis poussent chaque jour comme des champignons. La vieille Klûne est ceinte d’un rempart de pierre et de bois, mais les habitations ont depuis longtemps débordé hors de cette limite. La ceinture extérieure est dix fois plus peuplée que le centre de la ville. Les « maisons » sont la plupart du temps adossées aux troncs de palétuviers géants et de petites annexes habitables, destinées à protéger leurs habitants des inondations, sont construites en hauteur. Ces masures sont faites de bois et de joncs ainsi que de tout un fourbi d’éléments hétéroclites récupérés au cours de pillages aux quatre coins du continent. La vieille ville, bien que fondée sur les ruines d’une cité qui fut sans doute prestigieuse en son temps, n’en offre pas moins le même aspect anarchique. Le palais impérial lui-même constitue le meilleur exemple de cette propension au chaos. Bâti sur le site d’un ancien temple, il constitue à la fois une remarquable collection de pièces inestimables ainsi qu’un véritable florilège de fautes de goût. Chaque empereur Gobeîin apporta sa touche personnelle à la décoration, sans pour autant prendre la peine de l’harmoniser avec celle de ses prédécesseurs. D’immenses statues volées dans des temples Akkylanniens côtoient des idoles Keltoises. Au centre de la salle du trône se dresse un menhir gravé d’inscriptions Wolfen, ramené de la forêt de Diisha au prix de la vie de centaines de Gobelins. En son temps. l’Empereur Fréhon se piqua de faire repeindre la salle du conseil. Il conclut alors un pacte avec deux prisonniers Daïkinee qui gagnèrent leur liberté en peignant pour lui une fresque somptueuse.

La société Gobeline suit sensiblement le même schéma désordonné. En fait d’empire uni autour d’une personnalité forte, il s’agit en réalité d’une ploutocratie, une société dans laquelle l’argent règne en maître et dont les dignitaires s’affublent à plaisir de titres ronflants. Les Barons. Ducs et autres Marquis ne sont pas issus d’une quelconque noblesse de sang. La plupart d’entre-eux seraient d’ailleurs bien en peine de pouvoir établir leur lignage. Il s’agit ni plus ni moins de Gobelins plus malins que les autres qui sont parvenus à faire fortune. Car chez les Gobelins, la richesse ouvre toutes les portes ! La notion d’empire se résume ainsi à une association de personnages influents, unis dans l’unique but de résister à l’ascension de ceux qui tentent chaque jour de prendre leur place. Dans de telles conditions, il est bien évident que complots et disparitions mystérieuses sont monnaies courantes, à Klûne comme dans toutes les villes Gobelines.

Il existe cependant un autre pouvoir que celui de l’or. Celui de la foi. Le culte de Rat est particulièrement vivace et ses Fidèles comme ses Prophètes sont légion. La « noblesse » Gobeline doit sans cesse composer avec ce paramètre susceptible de pousser la populace à prendre les armes au nom d’une quelconque quête sacrée. On a parfois vu une ville Gobeline se vider des deux tiers de sa population pour suivre un illuminé en route pour une croisade. Aussi, la classe dirigeante Gobeline se méfie-t-elle comme de la peste des Fidèles de Rat. Ceux-ci sont surveillés, en permanence et leur quiétude est grassement encouragée par de généreux mécènes. Mais lorsque l’un d’eux se prend soudain de stimuler un peu trop fougueusement la fibre sacrée du peuple, il est en général discrètement « rappelé auprès de Rat ». Il arrive cependant que l’Empereur encourage au contraire les Fidèles à réveiller certaines ardeurs chez la population. Ainsi, des raids dont la raison d’être n’est autre que le pillage prennent bien souvent des dimensions de véritable guerre sainte. Ceci présente de nombreux avantages. Tout d’abord, réunir une force armée dans un climat de grande ferveur religieuse s’avère bien plus rapide que la conscription classique. En outre, les Gobelins se battent avec un courage décuplé s’ils le font au nom de Rat. Pour terminer, et c’est là que réside tout le cynisme de la manipulation, lorsque les Gobelins agissent au nom de leur dieu, ils offrent de bonne grâce la grande majorité des fruits de leurs rapines au clergé, qui en reverse lui-même une grande partie au nobles.

Dans un tel climat, il n’est guère étonnant que la longévité des empereurs soit pour le moins aléatoire. Et dans certains cas, les apparences peuvent se montrer trompeuses. Ainsi, anecdote savoureuse, l’Empereur Izothop aujourd’hui en place n’est pas le même que l’Izothop qui régnait encore il y a peu. Ce dernier mourut accidentellement étouffé par son oreiller et son successeur, soucieux de ne point causer de désordre, usurpa son nom pour le bien de tous.

Pirates, Négociants et Diplomates.
Quel que soit l’endroit du monde où ils demeurent, tous les peuples d’Aarklash ont un jour eu affaire aux Gobelins d’une manière ou d’une autre. Si beaucoup les considèrent comme de la vermine nuisible, leurs relations avec certaines nations, humaines ou non, sont parfois complexes, voire paradoxales. Les Gobelins nourrissent par exemple une vieille rancune à l’égard des Syhars qui utilisèrent jadis les émissaires venus de Klûne pour leurs premières expériences destinées à créer les Orques. Pourtant, l’appât du gain a largement contribué à gommer les « malentendus » du passé. Ainsi, certains Gobelins se sont spécialisés dans la vente d’esclaves et commercent avec les Scorpions, toujours en quête d’un potentiel intéressant pour leurs recherches. Les prisonniers Keltois, Barhans, Akkylanniens, Nains, parfois même des Wolfen qui se négocient à prix d’or, sont acheminés par voie maritime depuis la Plaine des Larmes jusqu’au comptoir de Kashem. Les Syhars ne sont pas les seuls clients des Gobelins. Les esclaves les plus robustes et les plus agressifs, sont souvent vendus aux notables de Cadwallon. La plupart d’entre-eux finiront leurs jours comme gladiateurs. Les plus téméraires des « maroquiniers » Gobelins se risquent parfois même jusqu’à commercer avec les Nécromanciens du Bélier, échangeant des esclaves contre des gemmes de Ténèbres qu’ils revendent ensuite aux Syhars. Les marchands Gobelins ne sont cependant pas tous des esclavagistes. Beaucoup d’entre-eux sont d’honnêtes commerçants qui parcourent le continent pour revendre le fruit des pillages des pirates et autres bandits de grand chemin avec qui ils entretiennent d’excellentes relations.

Ils sont également en assez bon termes avec leurs « cousins » de Bran-Ô-Kor. Des relations bien évidemment intéressées puisque les Gobelins ont découvert une nouvelle source de profits sur le territoire des Orques : du pétrole ! Les Orques découvrirent les premiers les propriétés inflammables de cette substance. Mais l’utilisation qu’il en firent demeura primitive. Les ingénieurs Gobelins, par contre, mirent au point des procédés complexes de raffinage qui leur permettent aujourd’hui d’utiliser cette source d’énergie dans de nombreux domaines. Ce commerce a rendu le port de Kashem extrêmement florissant. Les navires affrétés par les Gobelins y accostent chargés d’esclaves. Ceux-ci sont vendus aux Syhars. puis les marchands Gobelins achètent de la nourriture avant de partir vers le nord en direction de Bran-Ô-Kor où la nourriture sera échangée aux Orques contre du pétrole. Les Gobelins doivent cependant déployer toute l’étendue de leurs talents pour dissimuler aux Orques leur commerce avec les Syhars. Car si ceux-ci venaient à l’apprendre, les jours du port de Kashem seraient comptés, au même titre que ceux des marchands Gobelins. Ce commerce florissant a permis à de nombreux Gobelins de se faire une place dans les plus grandes cités de No-Dan-Kar ou. pour certains, au coeur de la noblesse de Cadwallon. Comme tous les Gobelins. ils affectionnent les marques de prestige aussi discrètes qu’un Troll de Guerre. Ils se font appeler Duc ou Marquis, mais bien que personne ne soit dupe, nul ne s’autoriserait à rire ouvertement d’eux car leur fortune leur permet de s’offrir bien plus que des titres de noblesse.

Ainsi, en quelques centaines d’années, le peuple primitif qui fut asservi par les Nains est devenu l’un des acteurs principaux de la vie sur Aarklash. A ce jour, même si nombre de puissances n’affichent ouvertement que du mépris pour les Rats de No-Dan-Kar, aucun ne se risquerait à prendre à la légère la menace sous-jacente qu’ils représentent.

Confrontation Univers Page 66 -69.
Inspirés par leur dieu, Rat, les gobelins ont fondé l’empire de No-Dan-Kar il y a bien longtemps. Turbulents, féconds et avides, ils sont aujourd’hui une véritable nuisance pour bien des peuples d’Aarklash. Unis par une ferveur qui n’a d’égale que leur cupidité, ils pillent, guerroient et oeuvrent pour la gloire immortelle de Rat. Autrefois esclaves, ils s’ingénient à prendre leur revanche sur la vie et s’efforcent de contrôler leur destin. Grâce aux conseils de leur dieu, ils deviendront les plus riches de la Création !

Les gobelins déferlent sur le champ de bataille comme une nuée de rats dans une ruelle insalubre. Peu courageux par nature, ils misent sur une supériorité numérique considérable pour submerger l’ennemi et remporter la victoire. Plutôt que de recourir à la force, ils font preuve d’ingéniosité et de ruse. Leurs machines à naphte foncent à travers le champ de bataille et leurs inventions font pleuvoir toutes sortes de projectiles et de substances sur les ennemis de l’Empire. Au milieu de ce chaos, des prophètes plus ou moins illuminés clament des prières à la gloire de Rat ! Récemment, l’empire de No-Dan-Kar a subi une profonde mutation. Un coup d’état a eu lieu et un nouvel empereur est monté sur le trône. Cela a entraîné de nombreux changements dans l’art de la guerre et dans la façon de gouverner. Certains clans gobelins ont accueilli cette évolution avec joie, d’autres y ont résisté. • Le Rat de No-Dan-Kar rassemble les clans restés fidèles aux anciennes traditions de l’Empire. Fourbes et cupides, ils s’agitent avec frénésie pour amasser richesses et gloire. Ils sont les maîtres du naphte et l’utilisent sans retenue. • Le Rat de Zoukhoï accueille tous les clans fidèles au nouvel empereur. Ces gobelins pratiquent un art de la guerre rigoureux et ordonné. À la fourberie, ils préfèrent la ruse pour triompher des ennemis plus puissants qu’eux. Les blessures et les conflits nés du coup d’état ne sont pas tous oubliés, mais le peuple gobelin est uni dans son adoration de Rat.

Histoire.
En des temps immémoriaux, les gobelins vivaient sous le mont Ægis. Primitifs, craintifs, ils y vénéraient un dieu issu du néant. Peu après la fin du premier Rag’narok, les nains s’installèrent en Ægis ; les gobelins les prirent pour des dieux et tentèrent de les amadouer. Les nains se gardèrent bien de détromper les gobelins et les réduisirent en esclavage. Rat apparut alors à neuf gobelins et leur donna de nombreux conseils. Ces neufs prophètes fomentèrent une révolution et les gobelins parvinrent à fuir l’Ægis, libres. Ils s’installèrent là où personne n’osait vivre, dans les marais de No-Dan-Kar, et y bâtirent leur empire. Les neuf prophètes fondèrent chacun un clan et organisèrent l’empire de No-Dan-Kar, qui connut une rapide expansion urbaine et démographique. Les Gobelins durent bientôt lutter pied à pied contre les wolfens, tout en organisant de nombreuses campagnes “punitives” contre les nains de Tir-Nâ-Bor. Ils envoyèrent également des émissaires dans le Syharhalna. Ces derniers furent disséqués par les Syhars, qui utilisèrent leurs gènes pour créer les orques. Les Gobelins prirent plus tard leur revanche contre le destin, en roulant les orques et en leur extorquant le naphte, fondement de la technologie gobeline. L’empire de No-Dan-Kar a subi un véritable bouleversement avec la prise de pouvoir d’Ûraken. Ce soldat impérial avait fondé sa propre école de guerre et prouvé maintes fois sa valeur en remportant des victoires éclatantes. Sa gloire éclipsait celle de l’empereur lui-même. Lorsque le Rag’narok s’est intensifié et que l’empire s’est trouvé au bord de l’anéantissement, Ûraken a pris le pouvoir et sauvé son peuple. Grâce à lui, les Gobelins ont repoussé les wolfens de Diisha et détruit tous les humains du clan des Drunes. Porté par sa victoire, Ûraken a été couronné empereur. Il entreprend aujourd’hui de rebâtir l’empire de No-Dan-Kar.

RAG’NAROK.
Rat est un dieu qui inspire, guide, et conseille. Les Gobelins le considèrent également comme le dieu du mensonge et du subterfuge. Ces deux facettes ne paraissent absolument pas paradoxales aux gobelins, qui vouent un culte extrêmement fervent au dieu qui les a libérés de l’esclavage. Pour eux, le mensonge et la fourberie font partie de la vie. Les Gobelins ne croient pas au Rag’narok. En tout cas, ils ne croient pas que le Rag’narok marquera « la fin du monde tel que nous le connaissons ». Pour eux, c’est une magouille : Rat les a prévenus que tous les peuples d’Aarklash, d’ordinaire si méprisants envers les gobelins, se battraient un jour pour une raison futile. Il leur a dit que les gobelins pourraient alors profiter du chaos pour devenir les maîtres d’Aarklash. Nul doute que le Rag’narok est ce jour dont parlait Rat. L’heure de la revanche a sonné ! Le peuple de Rat désire donc prolonger le Rag’narok aussi longtemps que possible et en profiter au maximum. Ils ne souhaitent pas conquérir Aarklash au sens militaire du terme, mais plutôt s’en approprier les richesses au détriment des autres peuples. S’il faut pour cela conquérir de nouveaux territoires, l’empire de No-Dan-Kar le fera, mais ce n’est pas son objectif principal. Toutefois, les choses ne sont pas aussi simples en No-Dan-Kar. Bien que tous les gobelins s’accordent à vouloir amasser toujours plus de richesses, chacun désire les acquérir uniquement pour soi. D’innombrables luttes intestines, machinations et complots éclosent chaque jour dans l’empire de No-Dan-Kar. Pour les Gobelins, la fortune personnelle est tout, car c’est elle qui permet d’acheter un titre, et donc d’accéder aux plus hautes strates de l’Empire. D’autres gobelins, ceux qui se sont ralliés à Ûraken, n’ont que faire de cette quête de pouvoir ; ils ne cherchent qu’à parfaire leur art de la guerre et à avancer sur la voie de Rat. Ils se battent pour le combat en lui-même, le défi qu’il représente et le dépassement de soi. Ces deux communautés pourraient se séparer si elles n’étaient pas liées par leur foi en Rat. Cette ferveur, commune, communicative et indestructible, est le ciment du peuple gobelin. Lorsqu’un prophète élève la voix dans une foule, c’est toute une croisade qui se lève aussitôt !

Cry Havoc Nr. 7 Page 56-67.
L’Empire des Rats.

Essaimés dans le monde entier, les gobelins ne sont jamais départis de leur attachement pour les marécages nauséabonds qui leur ont offert leur premier refuge. Ces derniers ont apposé leur marque sur la culture gobeline plus profondément encore que les montages d’Aegis.

Pour les habitants des plaines d’Alahan ou d’Akkylannie, le plateau se confond avec les tourbières. L’expression « les marais de No-Dan-Kar » n’est-elle pas passée dans le langage courant ? Rares sont ceux qui s’intéressent suffisamment au peuple gobelin et à la géographie d’Aarklash pour savoir que les terres des rats de la métropole forment en réalité une mosaïque composite qui justifie pleinement l’appellation d’« empire gobelin ». Le territoire gobelin, relativement petit, cumule plus de contrastes que ne le font les baronnies d’Alahan ou le lointain pays syhar : plaines, crêtes escarpées, bois, forêts et rivages y abondent, donnant naissance à autant de cultures et de traditions uniques.

LES TOURBIÈRES DE NO-DAN-KAR.
La partie centrale de la métropole gobeline est occupée par les tourbières. Ces vastes marécages où serpentent le Zokorn et ses innombrables affluents se recomposent chaque jour, suscitant des mouvements de population qui obéissent à des nécessités incompréhensibles pour les autres peuples d’Aarklash. Au coeur des bourbes, Klûne palpite d’une vie sans cesse renouvelée, s’étendant un peu plus chaque saison, de taudis végétaux en bidonvilles de récupération. Les côtes sont cependant préservées de la folle expansion des gobelins : ce sont les mangroves où errent les esprits, domaine des insectes, des sorciers et des mutants.

LES RIVES DU ZOKORN.
Le fleuve Zokorn (1), gonflé par les eaux du lac Zok, charrie ses alluvions jusqu’à la mer, en traversant le plateau de No-Dan-Kar tout entier. Chemin faisant, il se scinde en de nombreuses branches qui portent la bourbe ferreuse de ses eaux sur toutes les plaines du pays gobelin, les transformant en étangs et en tourbières. Ses berges limoneuses bruissent d’espèces fluviales dangereuses qui s’en vont glisser sous les lentilles d’eau et les mares proches des villages champignons, prélevant leur pitance sur la population locale. Il ne se trouve guère que les pirates fluviaux pour oser braver les innombrables siphons du Zokorn sur de longs parcours. Leur présence le long du fleuve a donné vie à des refuges temporaires qui servent à la fois de tripots et de maisons closes où les gobelins les moins recommandables proposent les services du cru. Plus officiellement, les barges à fond plat des commerçants transportent par cabotage toutes sortes de marchandises sous solide escorte, louant les services de gardes du corps pour acheminer leurs produits vers les marchés les plus distants des villes principales. À l’occasion, les deux commerces se croisent dans des agglomérations sur pilotis et nouent des alliances discutables au bord de l’eau.

(1) : Zo, Zou. Adj. (Argot gobelin) marin, maritime. Korn. (1) N.m. (Ancien gobelin) anguille ; (2) N.m. (Système de Xhérus) serpent, assiette, hochet à grelot.

LES PEUPLEMENTS CHAMPIGNONS.
La légende prétend que les villages des gobelins, les peuplements champignons, apparaissent et disparaissent aussi sûrement qu’une pluie d’été. Il suffit, en effet, d’un trop-plein d’humidité et d’un rideau assez épais de végétation pour voir surgir, dans l’ombre propice, une forêt de champignons géants. Ces endroits restent rarement à l’abandon, car les guetteurs gobelins connaissent bien les marais et sont rapides à détecter leur apparition. Les guetteurs monnayent ensuite leur découverte au prix fort et les gobelins des villes surpeuplées ne tardent pas à coloniser les lieux. Ce phénomène d’exode urbain, qui frappe principalement Klûne la Débordante, prend des formes variées. Les curieux principes de l’architecture gobeline, qui accumule sans détruire, ont façonné des bidonvilles autour des grandes cités, tandis que les habitants des villages des marais laissent le plus souvent tels quels les champignons qu’ils découvrent. Quelle que soit leur situation, cependant, les villages champignons sont tous bâtis autour de la végétation initiale, qu’ils respectent invariablement. Les habitations y sont juchées au sommet des larges chapeaux, appuyées contre les pieds ou creusées dans les armilles et les bulbes. Certains villages, plus rares, tirent tout le parti des spécificités d’espèces inhabituelles de champignons et servent de refuge aux mutants. Les habitants des villages constituent la grande masse de la population gobeline. C’est d’eux que l’empire tire sa formidable capacité de renfort, puisant mille nouvelles vies pour chaque soldat tombé. Certains villages disparaissent en une nuit, victimes des insectes mycophages ou des phénomènes mystérieux qui hantent les marais. Bon nombre de ces disparitions doivent être également attribuées aux champignons eux-mêmes, dont les spores hallucinogènes épargnent rarement leurs locataires. En contrepartie, de nouveaux villages jaillissent chaque jour dans les lieux les plus inattendus, assurant la relève.

LES MANGROVES.
Les mangroves, où terre et mer se rencontrent, sont épargnées par les gobelins qui craignent d’y pénétrer. Leur paysage de racines aériennes et de brumes perpétuelles offre un abri aux ancêtres, censés les hanter, ainsi qu’à quantité d’insectes. Les champignons n’y poussent pas, à l’exception des rarissimes espèces cérébriformes, glutineuses et verruqueuses qui attirent les mutants dans des traversées désespérées. Au plus profond des mangroves, des étendues noires et blanches de végétation en putréfaction témoignent de l’emprise des Ténèbres sur les lieux. Les vers opalescents et les phasmes pourpres, deux espèces nécrophages, y prospèrent sur les lits d’insectes morts et les restes de la civilisation gobeline portés ici par les courants capricieux du fleuve. La rumeur prétend néanmoins que ces cloaques recèleraient des concentrations inhabituelles de gemmes de mana et d’étranges expéditions rassemblant sorciers et voleurs s’y engagent occasionnellement.

LE PLATEAU DESFOUISSEURS.

Plus étendues que les tourbières, les steppes herbeuses occidentales du Plateau des fouisseurs sont nettement moins peuplées. La présence ancestrale des trolls et autres cousins géants des gobelins, ainsi que la proximité dangereuse des Keltois drunes et sessairs, ont donné à ces lieux une réputation inhospitalière, tenant à l’écart la plupart des habitants de No-Dan-Kar. Certains y ont pourtant développé une culture originale, à contre-courant des principes du marais, et menacent régulièrement d’y faire sécession.

MACROMÉGAS.
Descendants des géants du passé ou gobelins atypiques venus des grottes de l’Ægis, les trolls occupent le Plateau des fouisseurs qui surplombe le Mur des géants. Ils font partie intégrante du peuple gobelin, au sein duquel ils jouent des rôles tout à la fois prépondérants et subalternes. Prépondérants parce que rares sont les troupes qui triomphent sans leur aide, subalternes parce qu’ils se trouvent systématiquement placés sous les ordres des meneurs gobelins qui s’en servent comme bêtes de somme et chair à canon. Cette organisation militaire reflète leur position dans la société gobeline, qui les intègre tout en se méfiant de leur brutalité. Un accord tacite leur attribue l’espace du Plateau des fouisseurs et leur confie en même temps le devoir de le défendre contre les incursions venues d’Avagddu. Solitaires en général, les trolls noirs forment, dans les steppes tempérées, des tribus entières dont certaines, vivant à l’état sauvage, ne font aucune distinction entre gobelins et envahisseurs.

LES LANDES DES FOUISSEURS.
Les rares gobelins vivant sur le Plateau des fouisseurs se sont adaptés à des conditions d’existence semblables à celles des plaines d’Avagddu. Leurs hameaux fortifiés de rondins se dressent sur des promontoires et jouissent d’un panorama propice à leur protection. Les gobelins du Plateau, plus exposés aux attaques des Keltois, des trolls sauvages et des Barhans, ont une culture guerrière prononcée, bien qu’en général, leur tempérament fruste leur interdise le maniement d’armes et d’armures sophistiquées. Le climat tempéré des landes offre eau et vivres en abondance à ces gobelins qui se sont tournés vers des activités agricoles inconnues du peuple de Rat. Certains bourgs, qui rassemblent trolls, gobelins et mercenaires keltois, sont devenus de petites villes marchandes d’importance. Elles se désolidarisent de l’autorité de l’Empereur et accentuent leurs particularités locales lors de jacqueries sanglantes. Leurs jours sont néanmoins comptés car, lentement, le marais s’étend vers les plaines, générant des villages au beau milieu des steppes tempérées pour une nouvelle vague de peuplement gobelin. Les plus démunis parmi les démunis des cités viennent s’y établir, sous la menace constante des invasions, des razzias et des expéditions jalouses venues des bourgs des gobelins du Plateau.

LES LISIÈRES DE L’EST.
Barg marque la limite orientale de No-Dan-Kar, juste avant la grande forêt des Wolfen d’Yllia. Cette frange du pays gobelin reste, pour la plupart des fils de Rat, le théâtre des sanglants massacres du passé. Imaginer ces lieux désertés serait, néanmoins, compter sans la vitalité extraordinaire des gobelins qui y ont migré dans les premiers temps de leur exode.

LES CERCLES HANTÉS.
Avant de refluer vers les tourbières, les gobelins venus de l’Ægis se sont engagés dans la forêt de Diisha où, rencontrant les Wolfen, ils ont promptement fait demi-tour. De petits groupes fanatiques, plus déterminés que les autres, se sont aventurés très loin sous les frondaisons, jusqu’aux cercles de pierres des Wolfen où ils ont rencontré une mort atroce. Sous l’influence des shamans, les Wolfen ont abandonné les cercles souillés par la venue des gobelins et les ont désacralisés rituellement. À la suite de cet acte, la forêt a reculé de quelques lieues pour laisser place à des rives marécageuses troublées. Les pierres brisées y émergent par endroits de la boue poisseuse, ensevelissant des monceaux de cadavres gobelins et suscitant des phénomènes magiques chaotiques. Ce lieu, que l’on dit hanté par les esprits des gobelins morts au combat et par les sortilèges des shamans, regorge de feux follets et de phosphorescences. Il n’est guère fréquenté, si ce n’est par les solitaires Wolfen et les gobelins les plus hardis qui, parfois, y nouent des alliances impossibles…

LES TRIBUS FORESTIÈRES.
À l’extrême nord de Diisha, une petite partie des gobelins fuyant l’Ægis s’est aventurée à la lisière des bois sans croiser les terribles Wolfen. Oubliés de tous, ils se sont installés aux confins de la forêt en se coupant du gros de l’exode parti vers No-Dan-Kar. Là, ils ont inventé un mode de vie tribal de chasseurscueilleurs en s’aidant de redoutables poisons tirés des sucs des champignons. Violemment xénophobes, les gobelins des tribus forestières ont attaqué tous les nouveaux arrivants, brûlant au besoin les champignons capables de servir d’abri aux autres gobelins. Ils vivent dans un rêve perpétuel alimenté par les vapeurs des champignons et les tatouages magiques qu’ils arborent. Si elles ne peuvent plus ignorer le monde en guerre qui les entoure, les tribus de la forêt n’en sont pas moins déterminées à sauvegarder leur mode de vie en s’alliant à d’autres gobelins réfractaires à l’empire.

LE « 9 » EST VIVANT !
De toutes les superstitions liées à la pratique du culte de Rat, celle qui s’attache au chiffre « 9 » est la plus forte. Les gobelins opèrent ainsi une distinction entre les chiffres « morts » et le neuf, seul chiffre « vivant ». Ils essayent par conséquent de rassembler neuf exemplaires de tout ce qu’ils considèrent comme important : objets de culte, gniards, pièces de vêtements et autres possessions. Pour accréditer leur vision des choses, il est troublant de constater que la neuvième pièce de l’ensemble est systématiquement difficile à obtenir : le neuvième gniard se fait attendre, la neuvième cloche a disparu, etc. Les gobelins en ont naturellement déduit que le 9 n’intervient que lorsqu’il le souhaite, de sa propre initiative. En revanche, l’heureux porteur d’une nonade est perçu comme un élu marqué par le signe le plus auspicieux. Ainsi, le fait d’obtenir un 9 lors d’un jeu de hasard est le signe indiscutable d’une victoire prochaine, les gobelins qui l’obtiennent se mettant à crier « Le neuf est vivant ! » pour se réjouir à l’avance de leur succès. Cette superstition est à l’origine d’une lutte ancestrale entre le clergé de Rat et la confrérie des Boulets rouges, une organisation dépendant de la G.A.G. qui interdit le déploiement de neuf boulets dans une même troupe pour des raisons de sécurité.

QU’EST-CE QUE LA KLÛTOCRATIE ?

Les principes de la klûtocratie, la ploutocratie gobeline, sont uniques sur Aarklash. Ils dominent l’ensemble de la culture des gobelins, au-delà des différences essentielles qui existent entre ceux de la diaspora et ceux de la métropole de No-Dan-Kar.

PRINCIPES.
Pour qui découvre superficiellement No-Dan-Kar, la société gobeline paraît reposer sur des valeurs aristocratiques fortes. Les gens du peuple vouent une forme tangible de respect mâtiné d’envie aux nobles Ströhm qui les protègent et les administrent. Rien dans cette image qui puisse distinguer les gobelins des autres peuples civilisés d’Aarklash. En y regardant de plus près, cependant, les ressorts de la stratification sociale gobeline semblent plus lâches qu’ailleurs. Les gobelins, dans un souci d’égalité des chances et pour se conformer à la faible longévité des membres de leur race, ont proscrit l’héritage des titres de noblesse. En outre, ils pensent que les hauts faits militaires n’ont jamais porté quiconque au pinacle de l’ascension sociale. Reste une noblesse puissante qui domine une populace pléthorique et laborieuse. Si les traditions ou le besoin de protection ne structurent pas la vie des enfants de Rat, où se trouve donc le ciment de leur peuple ? C’est au fond des poches des gobelins qu’il faut chercher la réponse. Le klû, unité monétaire officielle de No-Dan-Kar, domine l’ensemble des rapports sociaux. Il fait et défait royaumes et baronnies au gré de ses fluctuations. Il ne faut cependant pas en déduire que les gobelins sont des êtres veules et rapaces, prêts à tout pour obtenir des richesses, mais bien plutôt que l’argent n’a pas, chez eux, la même fonction qu’ailleurs. Partout dans le monde, l’argent soutient l’effort de guerre, irrigue les cultes de tous bords et définit la place des mieux lotis. Les gobelins ne font pas exception sur ces points précis. Ailleurs qu’à No-Dan-Kar, en revanche, il ne sert pas autant à indiquer la place et la position de chacun. « Gagner son klû » ne veut pas seulement dire qu’un gobelin est capable de s’acheter tout ce qu’il souhaite, mais aussi que ses facultés d’adaptation et de ruse méritent une mention spéciale. Les riches en klûs sont, très pragmatiquement, considérés comme les plus malins et, de ce fait, les plus aptes à diriger la société. Cette notion de reconnaissance du plus riche n’a rien de choquant pour un gobelin dans la mesure où, comme tous les autres membres de son espèce, il oeuvre également dans ce même but. Assez spontanément, les plus riches sont bien souvent les plus puissants et l’aristocratie s’en trouve justifiée jusque dans ses facettes guerrières. Bien des théories se sont développées sur ce fondement, tentant de comparer la klûtocratie à une compétition sportive sociale ou d’y trouver des justifications historiques ; le désir de posséder des biens, voire de réduire autrui en esclavage, étant fort dans ce peuple qui a lui-même connu si longtemps la servitude et le dénuement. Les gobelins, quant à eux, ne s’embarrassent pas de ce type de notions et accumulent des richesses pour le seul plaisir de la possession.

DIASPORA ET MÉTROPOLE.
La diaspora fonctionne selon les mêmes principes que la métropole, mais tend à constituer, le temps et l’éloignement aidant, des sociétés parallèles en chacun de ses points d’ancrage. Nul ne songe, sauf peut-être dans les plus grandes villes, à remettre abruptement en question l’autorité de l’Empereur de No-Dan-Kar, surtout s’il est possible d’enfreindre la loi à son insu. De fait, les gobelins de la diaspora n’ont pas un grand respect pour les titres de noblesse qui se sont bâtis sur des arnaques et des entourloupes dont ils n’ont pas été les témoins directs. Ils doivent également composer avec d’autres peuples qui, sans partager les fondements de la klûtocratie, sont fréquemment bien décidés à s’enrichir. La diaspora rêve souvent de fonder une klûtocratie autonome là où elle se trouve. Une klûtocratie qui engloberait les autres peuples d’Aarklash. Elle ne partage pas la ferveur du Rag’narok qui anime ses cousins et tend à favoriser la paix pour les besoins du commerce, sauf lorsqu’elle vend des armes. À Kashem, Inddatè et Cadwallon, la rupture se consomme lentement, la diaspora faisant preuve d’un mépris à peine déguisé pour les envoyés de l’Empereur. Pour autant, les Rats des villes restent prisonniers du système, car ils sont incapables de se fédérer. Un gobelin de Cadwallon préfèrera ainsi épouser une trollesse plutôt qu’une ravissante princesse d’Inddatè. Ailleurs, les gobelins ne sont pas assez nombreux pour oser se désolidariser de No-Dan-Kar et quitter son ombre protectrice. Cette « petite diaspora », qui compte mille milliers de foyers, d’Algandie aux Gouffres de Mid-Nor et de la chaîne du Béhémoth à Theben, sert de relais à l’empire dans ses conquêtes et ses trafics et voue aux nobles Ströhm une loyauté sans réserve.

PAS DE PACOTILLE.
Une fois leurs besoins essentiels satisfaits, les gobelins de toute origine sociale se lancent de concert dans la course aux richesses, en espérant prouver leur importance et gravir l’échelle. Naturellement, les membres des classes les plus pauvres, les sans-le-klû, ne lésinent pas sur les moyens pour y parvenir, mais dilapident bien trop souvent les fruits de leurs premières conquêtes dans des manifestations grandiloquentes de leur pouvoir financier.

LES SANS-LE-KLÛ.
De toutes les franges de la société gobeline, celles qui mettent le plus d’entrain à acquérir et amasser des klûs sont celles qui en disposent le moins. Tout juste au-dessus des plus pauvres, qui ne cherchent qu’à assurer leur survie quotidienne, les malfrats, trouvailleurs, serruriers et artisans de négoce forment la grande masse de la population des villes. Souvent rassemblés en bandes précaires sous le couvert des guildes, groupes, syndicats, unions, corporations, coopératives et assemblées, les sansle-klû vivotent d’une multitude de trafics au sein desquels la récupération joue un rôle essentiel. La qualité de membre fluctue au gré des besoins des uns et des autres, ainsi que du renfort reçu. Les anciens membres quittent la bande en retournant à l’indigence, en mourant ou en accédant aux richesses. De tels rassemblements précaires ne paraissent pas contre-nature aux gobelins qui accordent peu de poids aux valeurs de loyauté qui président aux mêmes regroupements dans la plupart des sociétés humaines. Ici, plus qu’ailleurs, les notions de destin, de hasard et de chance sont à l’honneur. Du reste, les gobelins se sentent parfaitement dissociés de leur groupe, dont l’existence ne dépend que de convergences d’intérêts mutuels et n’est garantie que dans la mesure où ces intérêts valent. Les malfrats sont, par conséquent, capables de tout s’il s’agit de richesses, loin des réflexions morales qui entravent le libre commerce dans d’autres sociétés, et se tournent souvent vers le vol, la prostitution, le trafic de drogue et l’esclavage, activités légales, bien qu’encadrées, chez les gobelins.

SIGNES EXTÉRIEURS DE RICHESSE.
Les sans-le-klû jouissent rarement de leurs acquis, en raison des coutumes du milieu. Leur éloignement des titres, hors de leur portée financière, les conduit à rechercher ailleurs les moyens de se distinguer. Ils multiplient dans ce but les dépenses extravagantes, rivalisant de mauvais goût dans le choix de leurs costumes, de leurs maisons et de leur entourage princier. Ces signes extérieurs de richesse absorbent tout ce qu’ils ont pu glaner en quelques années et les conduisent à poursuivre sans fin leurs activités criminelles. Des boulevards entiers de Klûne rutilent de demeures ornées de tours, de verrières, de minarets et de portiques dorés, annonçant infailliblement la présence de dangereuses bandes alentour. Des fêtes insolentes où l’alcool coule à flot sur le ventre de gobelines nues parées de lourds bracelets d’or s’y donnent chaque soir, tant que dure la richesse. Puis, les manoirs sont laissés à l’abandon et servent de refuge aux gniards et aux plus démunis.

LES COMPTOIRS DES MARÉES.
Entre les sans-le-klû et l’aristocratie, un vaste tampon d’intermédiaires : courtiers, banquiers, changeurs de monnaie, trafiquants, blanchisseurs et autres receleurs forment un pan important de la société gobeline. C’est ce corps, plus que la noblesse, qui relie les Rats de la diaspora à ceux de la métropole.

LES PROFESSIONS INTERMÉDIAIRES.

Certains, plus rusés que d’autres, conservent précieusement les klûs économisés durant leurs années de louvoiement, vivant dans des maisons-champignon vétustes, afin de persévérer dans leurs efforts pour atteindre les sommets de la société gobeline. Sitôt un seuil conséquent de richesse atteint, les épreuves commencent pour qui souhaite aller de l’avant. Les titres de noblesse se monnayent, certes, mais il faut entretenir de l’entregent pour se tenir au fait de leur disponibilité et payer, en espèces sonnantes et trébuchantes, les appuis nécessaires pour que les sommes mises en jeu parviennent effectivement à la personne voulue. Entre-temps, la convoitise ambiante menace de ruiner ce qui a déjà été gagné et l’inflation du klû est telle que si la monnaie ne circule pas, elle se déprécie en moins de six mois. Les rares qui connaissent les rouages de cette machine se préparent à l’avance et s’en vont grossir les rangs des professions intermédiaires, ouvrant des guichets de banque ou des maisons de jeu pour asseoir leur fortune. Les plus riches des sans-le-klû, ignorant souvent cette situation, blâment le manque de chance des moins riches qu’eux. De ce fait, une aristocratie se dessine bel et bien sous les dehors libéraux de la klûtocratie. Elle est fondée sur la détention de l’information et les relations plutôt que sur la richesse. Ce n’est pas un hasard si les enfants des nobles, qui n’héritent pourtant pas de leurs titres, deviennent eux-mêmes rapidement des aristocrates.

LES RELAIS DE LA DIASPORA.

Ces mêmes intermédiaires sont, grâce à leur position, bien mieux informés des problèmes et des choix de la diaspora que ne le sont les nobles. Selon ces derniers, les exilés jouent toujours le sempiternel refrain du mal du pays et de la loyauté éternelle. Leurs commerces servent tout à la fois de relais postaux, de comptoirs d’échange et de centres d’information aux gobelins de la diaspora qui peuvent difficilement se passer de leurs services. Les intermédiaires placés dans cette situation d’échange à la fois vertical et horizontal en sortent paradoxalement plus riches que les nobles, mais ne peuvent s’élever socialement qu’avec la certitude de perdre leur position durement acquise. En conséquence, certains demeurent de simples intermédiaires, mais leur fortune est telle que les nobles s’endettent auprès d’eux, ce qui leur permet d’influer sur les décisions politiques et militaires. L’aristocratie voit cette situation d’un mauvais oeil, mais se trouve trop profondément liée à ses argentiers pour oser les déposséder.

VOUS AVEZ L’APPOINT ?
3 klûs : 1 zynk
1 klû : 6,2 niaises
1 niaise : 527 pûns
NB : En matière de troc, l’étalon d’échange standard n’est pas le klû, mais le fourbi qui se quantifie en kilogrammes. À titre d’information, il convient de signaler qu’un fourbi vaut approximativement 1,165 klûs. Cette unité de mesure est parvenue à Cadwallon. Elle est utilisée dans toute la ville basse.

LA PÉTITION DES.
Il suffit ! Depuis les temps de la libération, nous, gniards, ne jouissons pas des mêmes droits que les autres gobelins. La discrimination doit cesser ! La brèche ouverte dans le domaine militaire, où nos compétences ont été reconnues et admirées par les plus grands, surtout par les plus grands, doit désormais s’ouvrir au domaine civil ! Nous tous, gniards enfants ou adultes, réclamons aujourd’hui le droit de travailler pour gagner des klûs ! N’avons-nous pas eu les mêmes mères que les autres gobelins ? Pourquoi nous interdire les travaux pénibles alors que tout le monde sait que ce sont ceux qui rapportent ? Nous ne voulons plus être traités comme des gobelins de seconde zone ! Président du comité de soutien : le troll de guerre.

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